Le dimanche 19 avril 2020, on pouvait voir circuler sur les réseaux sociaux une vidéo tout à fait effarante de l’intérieur d’un avion (Paris-Marseille) plein à ras-bord avec des passagers empilés les uns sur les autres sans masque. Le spectacle de tels comportements paraissait aussi stupide qu’affligeant.
Le lendemain, on pouvait entendre dans la matinale d’Europe 1 une interview d’Alexandre De Juniac tenant des propos aussi désagréables qu’irresponsables. Cette interview posait le problème de savoir si les compagnies aériennes pouvaient organiser des vols sécures dans le contexte de la crise sanitaire actuelle.
Cette pétition se propose donc de poser la problématique suivante : voler ou ne pas voler dans un contexte de crise sanitaire ?
Le but est de permettre de faire voyager le plus grand nombre possible de passagers mais…dans un cadre sanitaire irréprochable. Pour cela, il faut élaborer un protocole, ou code de bonne conduite, permettant d’autoriser les vols dans un cadre sanitaire sécurisé. Je viens ici faire quelques propositions sur lesquelles chacun peut donner son avis :
1) Comptoir d’embarquement
- Lorsque le passager arrive, on lui prend la température.
- Le passager doit présenter son masque de voyage et s’il n’en a pas, la compagnie doit lui en fournir un et lui fournir aussi une visière pour les repas.
- A proximité du comptoir, présence d’une table libre-service avec alcool, lingettes et gants.
2) A l’intérieur de l’avion
- Il faut appliquer toutes les règles de distanciation sociale. Cela signifie qu’il faut appliquer la règle d’un fauteuil sur deux en quinconce et lorsqu’il y a trois fauteuils de face, deux fauteuils sur trois. Cette disposition peut être appliquée aisément dès la réservation.
- Réfléchir à des appuis-tête en forme de coquille ou de capuchon intégré.
- Réfléchir à la maîtrise, la maintenance et le contrôle de la climatisation qui, comme on le sait depuis peu, peut poser problème.
- Dans la mesure du possible, disposer une table en libre-service avec flacons de gels hydro-alcooliques, lingettes et gants.
- Réfléchir au problème que pose la prise des plateaux repas lorsque l’on est dans des vols long courrier avec un masque (visière ou casquette).
3) Concernant le personnel
- Il faut prévoir des masques et des gants pour chaque membre de l’équipage.
- Il serait bienvenu d’appliquer le principe de précaution et de soumettre les membres de l’équipage une fois par semaine au test PCR.
Il convient d’appliquer en toute circonstance le principe de précaution et aussi le principe de continuité pour l’interface aéroport/compagnies aériennes.
Cet ensemble de dispositions vise à assurer la sécurité des passagers au cours de leur voyage mais il y a un problème : la question de la rentabilité des firmes.
Les compagnies aériennes nationales pourront bénéficier du soutien des Etats qui les encadrent. Pour les compagnies qui fonctionnent par le biais du marché, cela sera beaucoup plus difficile.
Pourtant, comme l’a affirmé et réaffirmé le président Macron, la sécurité sanitaire et le principe de distanciation doivent rester des impératifs absolus « quoiqu’il en coûte ».
Certaines entreprises qui, du point de vue du droit du travail, pratiquent l’esclavage, qui, du point de vue du droit fiscal, pratiquent la délinquance et qui d’autre part méprisent les éléments fondamentaux de l’économie et du droit de l’environnement, connaîtront quelques difficultés.
Il convient de préserver avec détermination la vie : mais faut-il sauvegarder la vie humaine des passagers ou bien faut-il sauvegarder la vie économique des organisations ?
Les compagnies aériennes ont-elles vocation à devenir des « sérial-killers » ?
D’autres questions sont posées : peut-on engager des voyages à longue distance aux antipodes (15 jours) au risque d’être malade sur place et de devoir être rapatrié via Europe Assistance ?
Peut-on compromettre sans problème et sans scrupule les équipements hospitaliers disponibles dans les destinations de vacances ?
La problématique est posée : voyager, oui, mais à quel prix ? Et à quelles conditions sanitaires ? Le tourisme aura l’obligation de s’interroger et de réfléchir sur le sens, la nature et les objectifs des voyages et des vacances à la lumière de la crise sanitaire, la crise économique et la crise environnementale.
Voler ou ne pas voler, telle est la question quoiqu’en pensent les « voleurs » et les voyous…
Il ne faut pas oublier que le printemps est la saison traditionnelle des grands ménages.