En 2026, la Sécurité sociale célébrera ses 80 ans. Ce pilier de la solidarité nationale, né après la Seconde Guerre mondiale, protège contre les aléas de la vie – maladie, vieillesse, chômage, accidents du travail. Pourtant, ce système est fragilisé par des réformes qui en érodent les bases sous couvert de « nécessité ».
Au cœur de cette fragilisation, la répartition des cotisations sociales entre parts salariale et patronale alimente un imaginaire trompeur : la Sécurité sociale serait un coût partagé entre salariés et employeurs, masquant une vérité essentielle : la richesse provient uniquement du travail collectif.
Une réforme du financement s’impose pour recentrer la Sécurité sociale sur une gestion collective de la valeur, en prélevant les cotisations directement sur la valeur ajoutée des entreprises.
Le symbole néfaste de la répartition salariale-patronale
Le financement de la Sécurité sociale a reposé principalement dès son origine sur des cotisations sociales, réparties entre une part salariale, prélevée sur les salaires, et une part patronale, présentée comme la contribution des employeurs. Historiquement, à travers la construction des organismes sociaux comme les sociétés de secours mutuels ou les assurances sociales, ces cotisations étaient perçues comme un coût partagé, assumé par les efforts conjoints des salariés et des employeurs. Cette thématique de l’effort partagé, reconduite dans le régime général après la guerre, n’est pas neutre. Elle ancre aujourd’hui encore l’idée d’un effort commun entre le travail et le capital, comme si les actionnaires, par leur investissement, participaient à la production de la richesse au même titre que les salariés. Cette fiction comptable alimente un imaginaire trompeur : elle légitime la captation d’une part de la valeur ajoutée par les détenteurs de capitaux sous le prétexte d’une « prise de risque » sans lien avec un effort productif par le travail. Pire, elle présente la Sécurité sociale comme un fardeau économique, un coût à supporter, alors qu’elle constitue un investissement collectif bénéfique à l’ensemble de la société.
Ce symbole de la répartition est un piège idéologique. En suggérant que les actionnaires « contribuent » via la part patronale, il détourne l’attention de l’évidence : la richesse est produite par le travail uniquement. Présenter les cotisations sociales comme un effort partagé revient à entériner une injustice : attribuer aux actionnaires un rôle dans la production économique alors qu’ils ne font que ponctionner la valeur qui en résulte.
Les cotisations, qu’elles soient étiquetées « salariales » ou « patronales », sont en réalité prélevées sur la valeur ajoutée générée par l’entreprise.
La valeur ajoutée, un bien commun
La valeur ajoutée, indicateur comptable égal à la différence entre le chiffre d’affaires et les consommations intermédiaires (ce que l’entreprise achète à d’autres entreprises pour réaliser sa production), reflète le travail collectif d’une société tout entière.
Une entreprise prospère grâce au travail de parents qui ont élevé ses employés, des enseignants qui les ont éduqués, des soignants qui les ont maintenus en bonne santé, grâce à la police qui assure leur sécurité, à l’agriculture qui les nourrit, à l’énergie, les ressources, les infrastructures dont elle dispose par le travail d’autres entreprises ou encore à la recherche publique financée par les impôts... La valeur qu’elle crée est le résultat d’une synergie nationale, d’un effort commun où le capital, en tant que tel, ne joue aucun rôle productif (et son rôle de financement peut aisément être remplacé par d’autres modes, financements privés coopératifs, monnaies locales, subventions alimentées par une socialisation de la valeur ajoutée ou par création monétaire…).
Prélever les cotisations directement sur la valeur ajoutée, avant toute distribution en salaires ou dividendes, affirmerait que la Sécurité sociale est financée par la richesse collective, et non par les revenus individuels des salariés ou une prétendue contribution patronale.
Une réforme symbolique et équitable
La réforme proposée est simple : baser les cotisations sur un prélèvement primaire de la valeur ajoutée des entreprises. Concrètement, les cotisations sociales pourraient être basées sur une estimation mensuelle de la valeur ajoutée par entreprise. Elles financeraient principalement les salaires des citoyens non employés dans le secteur marchand privé (enseignants, soignants, retraités, chômeurs, parents au foyer…). Les salaires seraient fixes et un ajustement annuel, basé sur le calcul exact de la valeur ajoutée dans chaque entreprise, permettrait de compenser les éventuels écarts avec l'estimation initiale en réduisant les dividendes d’actionnaires si besoin.
Contrairement à une TVA sociale, qui pèse sur les ménages modestes, ce prélèvement intervient avant la distribution des profits, garantissant une augmentation de la distribution de richesse à ceux qui la produisent. Ce changement symbolique consacrerait la Sécurité sociale comme un profit collectif, financé par le travail de tous, et non comme un coût.
Un nouvel élan pour 2026
À l’approche de son 80e anniversaire, réinventons la Sécurité sociale pour qu’elle redevienne un outil au service de la production économique. Prélever les cotisations sur la valeur ajoutée rappellerait que la prospérité repose sur le travail collectif et aucunement sur la rente ou la spéculation, les seuls véritables coûts économiques pour une société.
Cette réforme audacieuse renforcerait la vocation originelle de la Sécurité sociale : protéger, réduire les inégalités, unir. Ensemble, engageons-nous pour une Sécurité sociale plus juste, transparente et fidèle à l’esprit de 1946, au service des générations futures.
N’hésitez pas à diffuser cette pétition si vous adhérez à son propos.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.