Parce qu'il y a assez de demandeurs d'asile en difficultés, pourquoi déplacer ceux qui sont bien, ici, à Briançon?

Parce qu'il y a assez de demandeurs d'asile en difficultés, pourquoi déplacer ceux qui sont bien, ici, à Briançon?

Ils se sont intégrés, ont tissé du lien social, participent bénévolement à la vie associative de la ville, et retrouvent, enfin, un peu de paix dans leur vie.

Parce que l'on ne peut pas sortir des gens de Calais, mobiliser toute une population, pour les accueillir et les accompagner, puis les remettre ensuite dans une situation difficile et les isoler de nouveau.

Nous trouvons cela aberrant, d'apprendre que les demandeurs d'asile, logés à Briançon, soient obligés de partir de façon éparse dans toute la France en CADA, alors qu'un CADA est sur le point d'ouvrir ses portes dans le nord du département. Ce serait du bon sens que de leur offrir cette possibilité. Ce serait aussi une chance pour ce futur CADA, que de recevoir ces demandeurs d'asile qui ont déjà commencé leurs parcours dans le Briançonnais, où ils ont leurs repères.

Quels autres choix ont-ils? S'ils refusent de partir en CADA, ils perdent leurs droits: allocation, aide juridique, logement.

De plus, nous n'avons aucune garantie, que les lieux, où ils sont envoyés, aient les mêmes conditions d'encadrement qu'ici, à Briançon, et si tel n'est pas le cas, cela sera vécu comme une véritable régression.

Nos hôtes, habitués à être trimballés comme des pions finissent par se résigner malgré les peurs, le découragement, ils acceptent des décisions humainement injustifiables ou incohérentes parce qu'ils ont trop à perdre. Nous, qui avons eu la chance de les rencontrer et de faire un petit bout de chemin avec eux, nous sentons responsables.

À nous de dire non, pour eux, s'ils ne veulent pas quitter Briançon et ce qu'ils y ont déjà construit.

L'Etat ne peut pas demander implicitement à des habitants de s'impliquer, d'accueillir et briser quelques semaines après, cet élan et les solidarités créées. Avec ces demandeurs d'asile venus de Calais, nous avons tissé des liens forts, nous avons entendu leur besoin de se poser, de se retrouver en sécurité, de travailler. Nous connaissons leurs projets.

Suite aux nombreuses promesses orales de nombreux représentants de l'Etat, l'annonce des départs obligatoires en CADA nous apparaît comme une trahison. Et après avoir vu les images de l'expulsion manu militari de la jungle de Calais, après les promesses d'une action progressive et en douceur, nous nous sentons blessés au plus profond de notre âme et en colère.

Nous refusons toutes ces atteintes à la dignité humaine.

Nous sommes face à des hommes et des femmes, qui ont déjà assez souffert, nous demandons à l'Etat, plus de souplesse administrative et d'humanité, face au traitement de leurs dossiers, mais avant tout, nous demandons à ce que les demandeurs d'asile, logés à Briancon, puissent avoir le libre choix de rester dans les logements briançonnais, en attendant l'ouverture du CADA dans le nord du département ou leur réponse définitive de l'Ofpra.