Pétition pour la création d'institutions pour les autistes et autres handicapés mentaux adultes en Algérie

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre de la solidarité;

« Sa mère est âgée, moi un incapable sans elle, vous savez madame, si ma femme meurt, je ne pourrai rien faire pour aider mon fils, je le ramènerai un matin devant la porte de votre école et je disparaitrai, je serai incapable de le prendre en charge seul »

Voici les propos donnés, avec de chaudes larmes, par un monsieur de presque soixante dix ans, père d’un jeune autiste de 22 ans, qui accédant à une forte crise d’angoisse, a presque agressé sa vieille mère qui s’est retrouvée obligée de l’enfermer dans une chambre, tenant, pendant presqu’une heure, la porte de cette dernière de toutes ses forces, de peur que son fils, qui tirait de l’autre côté, ne sorte vers elle.
Ni argent, ni pouvoir ne peuvent faire face au désarroi des parents des handicapés mentaux, tous types confondus, quant à l’avenir de leur progéniture une fois atteint l’âge adulte.

Nous nous inquiétons beaucoup pour la prise en charge précoce, déjà largement insuffisante, des autistes, trisomiques, et autres ; et c’est peut-être dans cette optique que les autorités algériennes concernées ont décidé de libérer les places dans les Centres Médico Pédagogiques (CMP) afin de pouvoir accueillir ces jeunes enfants qui auront de meilleures chances de récupération une fois le processus de prise en charge déclenché le plus tôt possible.

Ces CMP ont essayé pendant longtemps de parer au manque de structures de relais pour recevoir la population adulte, et ceci en gardant les bénéficiaire jusqu’à un âge avancé, cela permettait de soulager les parents, parfois essayer d’offrir plus de chances pour des acquisitions (par exemple dans des ateliers de pré formation) aux adultes bénéficiaires, mais aussi et surtout, éviter toute éventuelle régression des personnes, qui se trouveraient, avec leurs familles, en grande difficultés, dans beaucoup de cas, une fois condamnées à rester à la maison.
Autant que la disponibilité de places pour accueillir les plus jeunes satisfait parents et professionnels, autant le fait de laisser tous les adultes (autistes lourds, trisomiques, retards mentaux lourds…) livrés à eux-mêmes avec leurs familles, qui se retrouvent dans la plus grande incapacité nous interpelle.
Beaucoup d’efforts isolés émergent par moments, mais ils restent insuffisants : telle que la tentative d’intégration dans des travaux manuels simples (horticulture, élevage de petits animaux, …), l’orientation de certains dans des centre de vieillesse et/ ou de handicapés (qui ne sont pas tout à fait adéquats cependant pour recevoir notre population), et aussi les efforts des associations qui créent des Centre d’Aide par le Travail (C.A.T.) véritables structures nécessaires, cependant qui ne peuvent recevoir les cas lourds, ni répondre à toute la demande.
C’est pour cela, que nous joignons nos voix aux cris de détresse des parents, afin de soulever l’urgence et la nécessité d’ouvrir des structures de relais pour accueillir ces personnes, qui seront condamnés, sinon, à perdre toutes leurs acquisitions, et condamner les vies et stabilités de familles entières.
La création d’abord de Centre d’Aide par le Travail (C.A.T.) peut être une solution très aisées et praticable dans les mois à venir (renforcer les structures existantes) mais surtout, l’urgence de créer par la suite des fermes pédagogiques et tout autres structures capables d’aider ces personnes et soulager leurs parents.
Un ancien collègue éducateur me disait : « tu n’imagines pas notre tristesse, lorsqu’après des années de travail avec un enfant, il se retrouve dehors, et qu’on le trouve en train d’errer dans les placettes, livré à lui-même, car personne ne peut le prendre en charge, tout notre travail n’a eu aucun sens à ce moment là »
Ces éducateurs, pour lesquels l’intégration de plus jeunes enfants dans leurs structures ne peut que leur apporter une nouvelle bouffée d’oxygène, car eux même victimes d’épuisement professionnel face à l’impossibilité d’orienter leurs bénéficiaires, se retrouvent quand même à défendre ces derniers et leurs droits d’accéder à des structures plus adaptées à leurs besoins d’adultes.
Je finirai par les propos d’une maman d’une jeune trisomique, ayant un retard profond : « mon mari a beaucoup de biens, et il a tout écrit à mon nom et au nom de sa fille, il me dit ; les garçons n’auront rien que dans la mesure où ils s’occuperont de notre fille après ma mort », Allah irahmou, Dieu ait son âme, ce monsieur est décédé quelques mois après, mais si ça peut nous renseigner sur quelque chose, c’est sur les grands angoisse et énorme incertitude des parents quant à l’avenir de leurs enfants.
Enfin, veuillez, messieurs, recevoir notre gratitude pour l’intérêt que vous accorderez à notre requête, et à la souffrance de centaines, ou de milliers de familles.