Monsieur le Ministre,
La France subit depuis plusieurs mois une crise énergétique qui met gravement en danger son économie. Si la hausse des prix de l’électricité et du gaz a semblé marquer le pas en ce début d’année, nul ne peut prédire à quelles tensions nouvelles nous serons confrontés à l’avenir.
Notre tissu économique a déjà payé un lourd tribut et continue, en dépit des boucliers et amortisseurs tarifaires, de ployer sous la charge des factures d’énergie. Les dispositifs d’aides ou de plafonnement
sont loin de neutraliser l’explosion des prix que connaissent nos entreprises. Les reports d’impôts et de charges ne font que différer les difficultés. Surtout, ces différentes mesures traitent les symptômes
du mal, mais pas ses causes. Celles-ci résident essentiellement dans notre politique énergétique et dans le marché européen de l’électricité.
Ce marché est entré dans une phase de dysfonctionnement massif sous le choc de la crise, et l’Union européenne ne semble pas à ce stade résolue à prendre des mesures efficaces pour le contrecarrer. Les annonces faites en décembre sur le plafonnement des prix du gaz semblent bien timides, reflétant la dépendance de nos voisins allemands à cette énergie. Or l’indexation de fait des prix de l’électricité sur le gaz continue de faire peser une grave menace sur l’économie française.
Il est urgent de revoir complètement les règles de fonctionnement du marché européen, ou bien, faute d’une réelle réforme, d’en sortir. L’Espagne et le Portugal ont obtenu une dérogation en ce sens. Pourquoi la France ne le pourrait-elle pas ? La mise en cause de nos intérêts vitaux, à travers la
fragilisation de pans entiers de notre économie mais aussi de nos collectivités, le justifie totalement. L’argument des interconnexions électriques ne tient pas : les échanges d’électricité pourraient tout à
fait se poursuivre sur la base d’un système de prix différent.
Certes, notre filière nucléaire a été affaiblie par de mauvaises décisions nationales, qui placent la France en situation d’être parfois importatrice. Mais le parc nucléaire, que plusieurs générations de Français ont financé et construit, nous fournit encore une électricité à un coût très avantageux, bien en deçà des prix exorbitants pratiqués par les fournisseurs. Alors que le prix du MWh au tarif ARENH est de 42 €, les Français devraient bénéficier de prix reflétant le coût réel de l’électricité produite en France. Nos artisans ne devraient pas être en situation de demander des aides, mais de pouvoir vivre tout simplement de leur travail.
En restant dans ce marché européen de l’électricité, les Français sont spoliés deux fois : une première fois comme consommateurs d’énergie, contraints de payer des prix injustifiés ; une seconde fois comme contribuables, appelés à subventionner la survie de leurs entreprises. Ces aides sont nécessaires face à l’urgence, mais elles ne peuvent constituer une réponse durable, dans un contexte où le prix des énergies fossiles est appelé à augmenter.
Des centaines de milliers d’emplois, la capacité d’investissement de nos collectivités locales et la cohésion sociale de notre pays sont en jeu. A l’occasion du Conseil des ministres franco-allemand et des négociations européennes de ce début 2023, il est indispensable que le gouvernement français défende les intérêts de notre économie avec la plus grande fermeté : ou bien le marché européen de l’électricité est drastiquement réformé, ou bien la France doit en sortir immédiatement.
Oui, une Europe de l’énergie est possible ! Mais elle doit se bâtir dans le respect des équilibres vitaux et du profil énergétique de chaque pays.
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