Madame le Secrétaire perpétuel,
Mesdames et Messieurs les Académiciens,
Lors de votre déclaration du 26 octobre 2017, vous avez unanimement condamné l’écriture dite « inclusive », élevant devant sa diffusion une solennelle mise en garde. Vous en avez dénoncé « la multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit » et la confusion qui en résulte, « confusion qui confine, écrivez-vous, à l’illisibilité ». Vous avez lancé un cri d’alarme, soulignant le « péril mortel » dans lequel notre langue se trouve désormais « devant cette aberration “inclusive"».
Conscients de ce danger bien réel, plusieurs amoureux de notre langue française ont créé en 2020 le groupe apolitique "Non à l’imposition de l’écriture inclusive" pour faire face aux agissements de ceux qui veulent réformer une langue sans demander leur avis à ceux qui la parlent.
L'écriture inclusive, lourde et clivante, n'a eu aucun succès auprès des Français. Mais ses partisans, minoritaires mais politiquement très actifs, ont su l'imposer de force et "par le haut" dans certains médias, institutions (Ville de Paris), et grandes villes. Plus grave, ils essaient maintenant de contraindre le monde de l’éducation à l’adopter. Pouvons-nous rester bras croisés ?
Très discutée au sein du féminisme même, l'écriture inclusive ne se fonde sur aucune théorie linguistique valable. Elle repose sur une double confusion : d’une part entre genre et identification sexuelle, d’autre part entre le neutre et le masculin.
Ceux qui l'adoptent le font surtout pour se donner un air de modernité, par jeu, par inconséquence ou par crédulité. La cause des femmes n'y gagne rien. Ne nous trompons pas de combat !
Et la multiplication anarchique des formes met à mal un domaine crucial pour l’éducation, la communication, la culture, la société tout entière : notre langue française. C'est dramatique, d'abord pour les enfants dyslexiques ou dyspraxiques ; pour ceux qui sont en grande difficulté scolaire, c'est même catastrophique, surtout si l’on tient compte des chiffres alarmants de l’illettrisme en France.
La situation, devenue kafkaïenne, est des plus inquiétantes.
Nous vous demandons, Madame le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les Académiciens, d'intervenir. Une simple mise en garde ne suffit plus et il y a désormais urgence car il en va de la langue française que nous aimons, celle de Molière, de Racine et de Camus, celle dont vous êtes les gardiens.
Heureusement, une proposition de loi visant à interdire l'usage cette écriture inclusive dans les services publics a été déposée le 23 mars dernier à l’Assemblée.
Si l’apolitisme de votre institution vous défend de soutenir officiellement cette loi, vous saurez, en toute impartialité, recourir opportunément à l’article 24 de vos statuts, pour rappeler que le français est la langue de sa République, à l’exclusion de toute autre.
Dans cet espoir et cette attente, nous vous prions d’agréer, Madame le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les Académiciens, l’expression de nos salutations distinguées et respectueuses.
Jean MAILLET, linguiste, lexicographe, écrivain, spécialiste en langue française (étymologie)
Alain BENTOLILA, professeur de linguistique à l’université de Paris- Descartes, Président du centre international de formation à distance des maîtres, Grand prix de l'Académie française pour son livre De l'illettrisme en général et de l'école en particulier.
Françoise NORE, linguiste spécialisée en lexicologie. Traductrice anglais et allemand. Auteur d'ouvrages sur la langue française. Docteur en Sciences du Langage.
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