Désenclaver Mayotte

Année après année, la compagnie Air Australe s'évertue, par sa très lucrative politique de monopole commerciale, à étrangler la liberté de circulation de la population mahoraise, contraignant cette dernière à une totale dépendance dans le cadre de ses mobilités.

Tout un chacun a eu le loisir de constater une augmentation régulière des tarifs en vigueur, en même temps qu'une dégradation des conditions de voyage (retards, annulations, escales intempestives, surbookings, etc...). Cette prise d'otage des usagers, visiblement approuvée par les autorités aéroportuaires et soutenue par les différents représentants du peuple, en cours de mandat, conduit à des aberrations qui ne peuvent faire sourire que les cyniques:

A titre indicatif, un vol Paris - Johannesburg  coûte 700 euros pour un temps de trajet de 13h30. La distance entre les deux villes dépasse pourtant les 12000 km. Aux mêmes dates, un aller-retour entre Dzaoudzi et Johannesburg coûte pratiquement la même somme (658 euros) mais pour un temps de voyage de 25h50. Alors que la distance reliant les deux aéroports n'est que de 2335 km. Autre exemple affligeant: Lyon - Port Louis (île Maurice), en pleine vacances estivales, 1195 euros, 17h de voyage maximum. Aux mêmes dates, au départ de Dzaoudzi, il faudra débourser 941 euros pour un voyage d'une durée de 7h dans le meilleur des cas. Et les deux îles ne sont distantes que de 1500 km, l'équivalent de Lyon - Budapest (2h de voyage pour 340 euros au mêmes dates). 

La République française n'a-t-elle pas pour principe fondamental de résorber les inégalités entre les différents territoires qui la composent? N'est-ce pas  la mission prioritaire des services de l'aménagement du territoire que de garantir à chaque citoyen français un accès raisonné et équitable aux mobilités? 

A plusieurs reprises, les habitants de Mayotte ont vivement manifesté faisant valoir leur droit à la libre circulation. Mais les autorités sont restées très laconiques, prétextant des histoires de longueurs de piste, d'autorisations, de rentabilité. 
Toutes les fois où une compagnie concurrente vint démontrer que l'on pouvait faire plus rapide et moins cher, elle fut systématiquement poussée vers la sortie. Les actionnaires des différentes parties en présence s'arrangèrent entre eux, fusionnèrent leurs dividendes, vendirent leurs titres, négocièrent d'autres parts de marché.

Une chose est sûre: Les usagers mahorais ne semblent pas avoir été un des critères clés des algorithmes de leurs logiciels décisionnaires.  

Devant cet état de fait, deux solutions s'offrent aux usagers:

• Continuer à subir les décisions d'une compagnie toute puissante.
  
• Ou s'organiser, se cotiser et doter l'île aux parfums d'une compagnie aérienne entièrement financée par ses usagers et donc lui appartenant intégralement. L'idée serait d'effectuer 2 vols par semaine pour Dubaï, l'un des principaux hubs mondiaux. Cela donnerait la possibilité, une fois à destination, de rallier n'importe quel point de la planète pour un prix raisonnable, et en peu de temps. Les usagers auraient la permission de sortie dans l'émirat avec un visa gratuit entre deux vols. La compagnie n'étant pas privée mais d'utilité public, son but ne sera pas de générer des bénéfices. Juste de permettre aux usagers d'être plus mobiles. On pourra ainsi garder les prix des billets très accessibles. A n'importe quelles dates. Les recettes serviront à l'entretien de l'appareil unique, à garantir les salaires d'un personnel d'équipage hautement qualifié, à s'acquitter des différentes taxes aéroportuaires, à la gestion administrative de la compagnie, etc... Les billets ne seront mis en vente que de manière physique, à l'aéroport de Pamanzi ou dans une agence à Mayotte, afin d'éviter que des usagers extérieurs à l'île ne viennent saturer les vols pour raison de tourisme. Il ne faut jamais perdre de vu l'objectif de la compagnie: Désenclaver Mayotte et offrir à ses habitants une fenêtre ouverte sur  le monde qu'ils pourront exploiter à loisir. Les surplus financiers dégagés, s'ils existent, pourraient même servir à accomplir des travaux d'aménagement pour l'aéroport local. Ou comment une population peut prendre le relais des pouvoirs publics déficients...  
  

Il y a un autre avantage à cette démarche: cette fois, si Air Australe cherche à décourager cette initiative pour continuer à profiter paisiblement de son monopole, il pourra être accusé publiquement de s'attaquer aux intérêts d'une population qu'il est censé, en principe, servir. 

L'idée est là. Je la laisse entre vos mains. Propagez la ! Faites la grandir ! Donnez lui une chance !  Nous aurons besoin des compétences de chacun pour la mener à bien. Avançons ensemble, unis. Montrons à tous que nous comprenons le sens du mot Fraternité. Et le ciel nous appartiendra.