Contre l'installation de la carte Monéo à l'Université Paris 13-Nord

Petit retour historique : la carte Monéo est un porte-monnaie électronique appartenant au consortium BMS (Billettique Monétique Service, regroupant 10 grandes banques françaises), qui a été lancé sur le marché fin 1999. Le groupe lorgnait sur les derniers flux monétaires hors du contrôle des banques : la petite monnaie. Ignoré par l’ensemble des Français, ce fut un vrai bide commercial.

Après cet échec, BMS s’est mis en quête d’autres marchés malléables. Moneo a notamment raflé le contrat des horodateurs dans certaines villes (provoquant la colère des automobilistes et même la destruction sauvage de quelques bornes !). Mais la cible des commerciaux est la jeunesse. Les banques ont alors cherché à s’implanter au cœur de la vie universitaire pour réaliser des profits sans risque. Les banques en rêvaient, le CROUS et l'université l'ont fait ! Elles se sont ainsi réparties le marché. Pour nous, à P13, c’est la BNP.

Comme dans de nombreuses facs en France, le CROUS de Créteil a développé ce partenariat avec les banques d'un côté et les instances dirigeantes de la fac de l'autre, imposant à la communauté universitaire ce mode de paiement. Chacun a pu remarquer qu’il devient difficile voir impossible de prendre son café, son sandwich ou son repas sans la carte Moneo. Elle investit la fac, bouscule le bon sens et les habitudes des étudiants et des personnels. Elle a même remplacé la carte d’étudiant…

Du point de vue des banques et du CROUS, qui se fait en quelque sorte l’avocat du diable, tout est prétexte à nous empêcher de payer de la main à la main. Ce « choix » d’un nouveau mode de paiement (alors que c’est l’inverse qui se produit) serait bon pour la sécurité du personnel du CROUS et des étudiants, et pour faciliter la vie de tous ! Que ce soit pour les prix ou la qualité des produits, il n’y aucun avantage pour l’étudiant. En revanche, pour les banques, quelle aubaine ! Et qu’en est-il de la personne qui perd sa carte, de celles qui n’ont pas forcément le compte plein en permanence, des visiteurs de passage qui souhaiteraient se restaurer ou prendre un petit café, des étudiants ou personnels qui refuseraient tout simplement ce mode de paiement… ?

Nous nous opposons à cette intrusion des banques au sein des universités, symbole de la dérive imposée au système universitaire, par les dernières réformes et en particulier la LRU, invitant les intérêts privés et financiers à l’université. Dans ce contexte de remise en cause du caractère public de l’Université, la présence de Monéo est inacceptable. La fac n’est pas et ne doit pas être un lieu de profits.

Nous affirmons en outre que le CROUS sort de son rôle en prêtant la main aux opérations commerciales des banques françaises. Celles-ci n’ont pas à se plaindre du traitement des pouvoirs publics en ce qui les concerne ; la communauté universitaire ne reçoit pas les mêmes faveurs. Ce déséquilibre peut se combattre en appliquant une politique sociale et tarifaire plus juste et efficace, à l’université et dans les services du CROUS : la restauration, les aides, les logements. C’est, à notre sens, la seule « innovation » dont le CROUS devrait se charger. On ne veut pas d’un service pratique, mais un service social !



-Nous exigeons par conséquent du CROUS de Créteil et des instances dirigeantes et compétentes de l’université de Paris 13 d’avoir le choix et la possibilité de payer en espèces à tous les points de restauration, dans l’immédiat et après le 1er novembre.

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