La compétitivité économique est systématiquement présentée comme un impératif pour stimuler l’innovation, attirer les investisseurs, créer des emplois et améliorer le niveau de vie, bref une condition sine qua non de l’épanouissement d’une économie. Derrière cette injonction, relayée dans la plupart des médias et analyses économiques comme une réalité indépassable, se cache pourtant une idéologie qu’il convient d’analyser.
S’il est vrai que nous ne vivons pas sur une île, dans une économie fermée, indépendante des marchés internationaux, et que la compétitivité est une réalité à prendre en compte pour pouvoir opérer des échanges commerciaux profitables, il convient cependant d’interroger la nature de cette injonction et en particulier sa finalité.
La production d’une économie se mesure communément à travers son PIB (Produit Intérieur Brut), qui est composé de la somme des valeurs ajoutées créées dans une année par toutes ses entreprises. La valeur ajoutée est un paramètre comptable universel de mesure d’activité économique qui est égal, selon sa définition officielle, au chiffre d’affaires d’une entreprise moins ses consommations intermédiaires.
Le PIB, et la valeur ajoutée qu’il contient, se partage, en première distribution (à la source des échanges marchands), entre les salaires des travailleurs qui s’activent au quotidien pour produire les biens et services qui forment l’économie, et les profits de celles et ceux qui se démènent pour acquérir des droits à ponctionner cette même valeur (titres de propriété lucrative) sans contribution par leur travail (plus d’un tiers du PIB désormais, environ 1 000 milliards d’euros).
Une seconde distribution, communément appelée REdistribution, et dont on pourrait interroger la nécessité (mais ce n’est pas le sujet de cette pétition), est ensuite opérée par l’État à travers des prélèvements d’impôts.
Si la compétitivité d’une économie de marchés dépend naturellement, en première approche, de sa capacité à minimiser le prix de vente de ses marchandises (marchandises au sens large, biens et services dans leur ensemble), il est essentiel de ne pas perdre de vu qu’il y a deux options antagoniques possibles pour parvenir à ce résultat :
1) Réduction des salaires,
2) Réduction des profits.
La finalité recherchée à travers l’une ou l’autre de ces options étant alors bien différente :
1) La concentration des richesses entre les mains d’un petit nombre de privilégiés s’il s’agit de réduire les salaires et donc de distribuer plus de valeur ajoutée en profits.
2) La distribution des richesses entre tous les citoyens travailleurs s’il s’agit de réduire les profits et donc de distribuer plus de valeur ajoutée en salaires.
C’est bien évidemment la première option qui fait l’objet du discours idéologique omniprésent dans les médias dominants : le mantra étant « il faut réduire le coût du travail pour rester compétitif ». La compétitivité est systématiquement associée à la « légitime » rémunération d’actionnaires, d’investisseurs preneur ou repreneurs, et les conséquences sont dramatiques. On ne compte plus le nombre d’entreprises qui ont fermé en France ces dernières décennies au nom de cette sacro-sainte compétitivité.
Il s’agit pour celles et ceux qui détiennent le pouvoir de décider des activités économiques à engager, dans quel pays, à quel niveau de rémunération des employés (et s’ils ne sont pas employés mais indépendants c’est encore mieux car moins couteux), de nous maintenir dans l’incapacité d’envisager la seconde option comme parfaitement opérationnelle pour affronter la réalité de la compétitivité internationale (réalité qui n’est pas une fatalité par ailleurs).
Pourtant, cette seconde option, celle de la réduction des profits pour augmenter les salaires est tout aussi réaliste et il convient de la mettre en lumière. Elle permettrait une distribution directe de la richesse créée entre tous les citoyens au-lieu de la concentrer entre les mains d’actionnaires et autres prêteurs qui se contentent de prendre, sans travailler, au non d’une soi-disant prise de risque, parfaitement inutile au demeurant, si ce n’est pour justifier une appropriation individuelle unique (une des plus grandes sources d’injustice et de discriminations qui soit).
Et cette proposition n’est pas déconnectée du réel. Elle a largement été mise en œuvre durant plusieurs décennies dans notre pays (et ailleurs), à une période ou l’enrichissement des masses populaires était une réalité et où la part des profits dans le partage de la valeur ajoutée était moindre.
Nous avons oublié à quel point nos aïeux ont su construire des entreprises prospères, des leaders internationaux, grâce à leur haute qualité technologique et leur compétitivité, sans verser des dividendes à des actionnaires ou des intérêts à des prêteurs. Je veux parler des grandes entreprises nationalisées, dans tous les domaines de l’économie, durant la seconde moitié du 20ème siècle (CGE, PECHINEY, RHONE-POULENC, SAINT-GOBAIN, THOMSON-CSF, USINOR-SACILOR, RENAULT, AIR-FRANCE, AEROSPACIALE, BULL, EDF, GDF, FRANCE TELECOM…), avant que la vague idéologique néolibérale submerge nos consciences et nous plonge dans l’amnésie et l’incapacité d’envisager d’autres chemins de prospérité économique.
L’objectif n’est pas de rejeter la compétitivité, mais de la repenser pour qu’elle serve l’intérêt collectif. Une économie compétitive peut être construite en valorisant le travail et en empêchant l’accumulation de profits, permettant ainsi une prospérité partagée entre producteur. Il s’agit de mettre en avant la pertinence d’une économie sans actionnaires ni prêteurs, qui s’affranchit donc du coût des dividendes et des intérêts, et qui, en distribuant directement la richesse produite à ceux qui travaillent pour la produire, assurerait à ces derniers une reprise en main de leur destin.
Inversons le discours dominant, revendiquons une stratégie de compétitivité basée sur la réduction du coût des profits et la hausse des salaires pour nous émanciper de l’injustice des décisions économiques prises par les détenteurs de capitaux.
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