Tom est un petit-fils attentionné. Il a mis un point d'honneur à participer au rassemblement devant la résidence médicalisée Guillaume-Le-Conquérant du Havre (Seine-Maritime).
Ces derniers temps, il doit particulièrement veiller sur sa grand-mère. Il n'hésite pas à faire les soins d'hygiène qui s'imposent. Il est arrivé aussi qu'il donne l'alerte alors que sa grand-mère nécessitait d'être hospitalisée.
"Ils sont en manque d'effectifs"Il précise qu'il ne veut pas "tirer sur l'ambulance". "Les soignants, dit-il, sont en manque d'effectif." Tom constate qu'il se fait "autant de mouron" que quand sa grand-mère vivait à son domicile.
Une infirmière témoigne anonymement. Elle explique que le week-end, une seule infirmière est chargée le matin de faire les soins et donner les médicaments aux 95 résidents sur quatre étages.
Cela met en danger les patients. Le week-end, c'est très compliqué. Le fait qu'il n'y ait pas eu de médecin pendant un mois nous a mis en difficulté. On avait des personnes en fin de vie.
Une infirmière de l'EHPAD les Escales
Depuis début décembre, l'EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) a retrouvé un médecin qui vient régulièrement.
L'établissement public "les escales" compte six résidences au Havre. Il héberge 660 personnes âgées qui nécessitent des soins médicaux. C'est le plus grand de France.
L'établissement public avait été placé sous administration provisoire de 2023 à 2024 pour cause d'endettement (trois millions d'euros pour le budget 2023).
Il a reçu des aides de l'État et du Département pour sortir de sa situation mais a aussi dû "agir sur les dépenses de personnel afin de se rapprocher des taux d’encadrement moyens constatés au niveau national, tout en assurant la qualité et la sécurité des accompagnements". (source ARS, mars 2024).
À l’époque, la CGT alertait déjà : "Nous sommes inquiets des préconisations qui prévoient la suppression de 100 ETP sur 566 actuellement. Il est impossible de faire fonctionner Les Escales avec ce nombre de salariés".
En décembre 2025, les conditions de vie des résidents suscitent inquiétude et tristesse.
Les familles disent que parfois elles viennent elles-mêmes pour faire les toilettes. On a pu retrouver des sources documentées sur des personnes âgées qui se retrouvent avec des fractures, c'est inadmissible.
Yann Adreit, représentant syndical chez Sud-SantéLa directrice générale de l'EHPAD des Escales est venue à la rencontre des familles et des membres du personnel ce 9 décembre 2025. Elle est en fonction depuis septembre 2024.
Clothilde Haritchabalet, a pour mission de remettre sur pied les six résidences et de remotiver le personnel. "Quand je suis arrivée, il y avait difficulté pour la paie des employés."
Après une telle crise, dit-elle "on éteint les premiers feux. Je sais que le temps est long". Comme dans beaucoup d'EHPAD, l'absentéisme est élevé.
Il y a des problématiques d'organisation, des conflits qu'il faut qu'on règle. Le cercle vicieux dans lequel on se trouve doit être résolu en améliorant les conditions de travail.
Clothilde Haritchabalet, directrice générale de l'EHPAD public des EscalesVous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
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