La santé publique, pilier fondamental de notre République, vacille. Depuis plusieurs décennies, des décisions politiques hasardeuses, parfois cyniques, ont lentement mais sûrement désorganisé notre système de soins. Cette dégringolade, méthodique, n’est pas le fruit du hasard mais celui d’un choix assumé, au nom de la rentabilité, de la modernisation ou d'une vision étroite de la gestion.
Tout commence en 1977. Simone Veil, alors ministre de la Santé, estime que la France est trop biendotée en médecins, en équipements hospitaliers et en lits. La solution ? Réduire la formation de futurs médecins par la mise en place du numerus clausus. Le couperet tombe : 6 000 étudiants par an, pas un de plus. Une décision validée et orchestrée par les doyens des facultés et les agences régionales de santé.
En 1987, le scandale continue : les jeunes médecins sont dissuadés de s’installer dans les zones rurales. L’Ordre des médecins de la Creuse n’y va pas par quatre chemins : « Il n’y a aucun avenir ici pour un jeune généraliste. » Résultat ? Des déserts médicaux se créent, sous l’œil complice des institutions.
Au tournant des années 2000, les médecins généralistes, à bout, entament des mouvements de grève. Leur consultation est alors payée 20 € — une somme dérisoire face à la charge de travail. Ils réclament 50 €, mais aussi une réorganisation de la permanence des soins, c’est-à-dire les gardes de nuit et de week-end. À l’époque, le Code de déontologie impose ces astreintes.
Mais en 2002, Jean-François Mattei, ministre de la Santé, bouleverse l’équilibre : les gardes deviennent volontaires. Le gouvernement refuse d’indemniser correctement ces heures cruciales et préfère sacrifier la continuité des soins. Conséquence directe : les patients se ruent vers les urgences, seul service encore ouvert 24h/24.
Parallèlement, les 35 heures sont imposées à l’hôpital, sans compenser la perte de temps médical disponible. La surcharge devient chronique.
En 2007, Nicolas Sarkozy veut moderniser l’hôpital : il faut gérer la santé comme une entreprise. Roselyne Bachelot met en place une gouvernance managériale. Le directeur devient le "patron", reléguant les soignants au second plan. Le soin s’efface derrière la logique comptable.
Et les conséquences ? Un système sous pression permanente. Des services d’urgence saturés, un personnel médical épuisé, une gestion de crise devenue la norme. Et pendant ce temps, la France, fidèle à sa tradition d’accueil, ouvre ses structures de soin à une population migrante toujours plus nombreuse, sans renforts ni moyens supplémentaires.
L’intention humaniste est louable. Mais la réalité, c’est que nos hôpitaux ploient sous le poids d’une double injonction : faire toujours plus avec toujours moins, pour toujours plus de monde. Pour financer cette générosité, les citoyens, les entreprises, les mutuelles sont mis à contribution. L’aide médicale d’État (AME), censée être une réponse exceptionnelle, devient une charge constante pour un système déjà à genoux.
Aujourd’hui, nos hôpitaux sont au bord de la rupture. Ce n’est plus une crise, c’est un effondrement organisé. Et tant que les responsables politiques continueront de traiter la santé comme un centre de coûts à réduire, plutôt qu’un bien commun à protéger, la République perdra un peu plus de ce qui faisait sa grandeur
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