A monsieur le Ministre, Mr Braun,
Il y a une certaine ironie à vous dire, aujourd’hui, que la thanatopraxie se meurt. Pourtant, cette profession concerne tout le monde.
C’est la raison pour laquelle nous vous demandons, à présent, de nous aider à changer les choses à ce sujet, à aider les familles, à prendre soin des défunts et accompagner dans l’étape du deuil pour accorder à nos
morts la dignité dans leur départ.
Les thanatopracteurs sont ceux que personnes ne veut voir, ceux dont personne ne veut parler, mais qui se battent au quotidien pour permettre à tout le monde d’affronter le deuil et notre inéluctabilité.
Pour ça, ils ne demandent aucune reconnaissance, simplement le fait de savoir qu’ils prodigueront les soins nécessaires à chacun pour que les proches puissent affronter cette épreuve dans les meilleures conditions. Aucune mère ne veut habiller le corps de son enfant, aucun fils ne devrait préparer le corps de son père.
Pourtant, le parcours pour devenir thanatopracteur est soumis à un numerus clausus incompréhensible qui fixe le nombre de candidats
acceptés aux alentours de 50, et cela à travers un examen hors de contrôle au contenu discutable et sans valeur ajouté. Pire, sur les 50 qui obtiendront leur précieux sésame sur 400 qui se présentent en moyenne, ce n’est que le début d’un parcours du combattant face à des tractations et des organismes vénales qui bloquent l’accès à l’examen pratique. Sur les 400 qui se présentent chaque année, 5 seulement finiront par exercer un jour.
Pourquoi ? Le manque de professionnels qualifiés sur le territoire est de plus en plus nombreux. Des thanatopracteurs en souffrances croulent sous le poids des demandes et se retrouvent obligés, pour beaucoup, de refuser des soins. Et si les soins sont portés sur ceux qui partent, ils sont là pour aider les vivants.
La thanatopraxie est un métier de service à la personne, de don de soi.
Être thanatopracteur c’est oublier ses heures, enchaîner des kilomètres au détriment de sa santé mentale, psychique, c’est sacrifier une part de vie de famille.
Cependant, et malgré tout ce que ce métier offre en termes de gratification morale, certains hésitent. Entre sa difficulté d’accès et sa pénibilité, certains remettent en cause une vocation.
Il faut davantage de thanatopracteurs sur le territoire. Les professionnels manquent, les demandes affluent. Alors, pourquoi ce numérus clausus ?
Cet enjeu national doit obtenir une réponse tout de suite, pour permettre d’aborder sereinement le futur et permettre à une nouvelle génération de pouvoir, à son tour, porter les derniers sacrements de nos défunts.
Ainsi, nous vous interpellons, monsieur le Ministre, pour attirer votre attention sur notre vocation, sur les endeuillés de France que nous aidons au quotidien, pour que tous puissent avoir droit à cette décence et cette considération.
Aujourd’hui, nous devons travailler à aider la thanatopraxie de demain, et cela passe par la formation, et non une sélection insensée telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.