L'aéroport de Charleroi doit obtenir cette année son nouveau permis d'environnement.
C'est pourquoi une Etude d'incidences sur l'environnement (EIE) a été effectuée par le demandeur (BSCA – Brussels South Charleroi Airport) afin de mettre en lumière l'impact de son projet sur l'environnement. Elle est disponible sur le site internet de l'aéroport.
Quelques citoyens se sont regroupés dans un collectif, le Collectif Citoyen Stop Aux Nuisances de l'Aéroport de Charleroi, afin d'informer tous les riverains subissant les nuisances, mais aussi d'analyser l'ensemble des données de l'étude, plus de 2000 pages, soumises à la connaissance du public. La loi belge prévoit en effet que tout citoyen a le droit de prendre connaissance de l'EIE, de faire des remarques sur son contenu et d'éventuellement s'opposer au projet dans les 30 jours qui suivent sa publication. Imaginez-vous : 30 jours pour lire un document de 2000 pages et rédiger une réponse et un avis pertinents. Voilà tout ce que la loi régionale wallonne prévoit comme moyen d'expression du citoyen face à un projet d'un tel niveau de nuisance.
Voici les principaux points à en retenir.
Le bruit est la 2e menace sanitaire en Europe. C'est un fait qui est maintenant établi. BSCA essaye de nous faire avaler qu'avec 34000 vols annuels supplémentaires (+67% en prenant l'année 2019 comme référence), les nuisances sonores vont être réduites de 50 %. Comment ? Essentiellement par des améliorations technologiques supposées des avions. Nous montrons que cette affirmation relève d'un slogan lobbyiste. Il y a même une tromperie pure et simple, car cette annonce tente de provoquer une confusion dans l'esprit du lecteur entre l'intensité sonore d'un bruit et sa mesure en décibels. En effet, 50% de réduction d'une intensité sonore se traduit par une réduction de 3 dB(A), une réduction quasi imperceptible pour l'oreille humaine. Les connaissances actuelles et les prévisions actuelles montrent clairement que le secteur aérien ne peut absolument pas rivaliser avec les recommandations de l'OMS en termes de bruit.
Pour ce qui concerne la pollution atmosphérique, il est inutile de vous répéter que la décarbonation du secteur aérien est une illusion. De très nombreuses études prouvent le contraire, et indiquent que le seul moyen d'arriver à des valeurs d'émissions carbone cohérentes avec les objectifs européens est de réduire le trafic aérien. Mais rien n'y fait, l'EIE s'entête à ne prendre en compte que les hypothèses les plus optimistes des lobbyistes.
Toujours au niveau de la pollution atmosphérique, les concentrations en PUF (Particules Ultrafines) ne sont absolument pas prises en compte dans l'EIE. Pourtant, des études scientifiques de plus en plus nombreuses mettent en évidence leur impact extrêmement négatif sur la santé. Plus particulièrement, les PUF de moins de 20 nm (nanomètres) sont les plus dangereuses. Elles sont presqu'exclusivement générées par la combustion du kérosène à la sortie des réacteurs d'avions. Et leur concentration est la plus élevée lors des phases de décollage. Pourtant, l'EIE n'analyse en rien l'impact sur les riverains de l'aéroport. Comprenez-vous cela ? Pas moi.
Enfin, l'aéroport de Charleroi pollue l'environnement en utilisant notamment des produits contenant des PFAS pour ses exercices anti-incendie. Les PFAS sont des polluants dits "éternels". Cette pollution est telle que les concentrations de PFAS mesurées dans les cours d'eau autour de l'aéroport sont jusqu'à 32 fois plus élevées que la norme : 3200 ng/l au lieu de 100. Pourtant, l'EIE ne fait aucune recommandation pertinente quant à la gestion de cette pollution et à l'impact sur cette dernière d'une augmentation de trafic de 67%.
Notre collectif estime qu'il faut un juste équilibre entre les avantages supposés mis en avant par l'EIE et les aspects négatifs de ce projet d'expansion. Or, ces derniers sont volontairement masqués dans l'EIE. Comment, dans ces conditions, espérer que les personnes qui doivent prendre une décision le fassent en toute connaissance du dossier ?
Encore une fois, c'est le poids des citoyens et de pétitions comme celle-ci, qui peut faire toute la différence. Il peut faire comprendre aux autorités que le citoyen n'est pas dupe du greenwashing, des tentatives de contournement pour faire accepter de tels projets envers et contre toute logique, sans tenir compte de la santé et des principes de précaution élémentaires.
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