Alerte concernant la situation des taxis indépendants conventionnés Assurance Maladie

Le 5 février 2025

Madame VAUTRIN, Ministre de la Santé,
Monsieur FATÔME, Directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie,

Objet : Alerte professionnels en danger !

Madame La Ministre de la Santé,
Monsieur Le Directeur de la CNAM,

Par la présente, nous souhaitions vous informer et vous alerter de la détresse dans laquelle nous nous trouvons, nous artisans taxis conventionnés Assurance Maladie.

Pour réduire les dépenses de l’Assurance Maladie, vous envisagez une nouvelle convention qui va nous faire perdre au moins 30 % de notre chiffre d’affaire alors que l’ensemble des charges qui nous incombent, elles, continuent à augmenter toujours plus. Vous maintenez également des exigences importantes pour garder le conventionnement. Cela est normal pour un service de qualitémais cela n’est pas gratuit pour nous.

Dans le cadre des nouveaux budgets, vous prévoyez une réduction drastique de nos tarifs, alors même qu’en parallèle d’autres professionnels de santé sont eux augmentés…

Dans un contexte où il est demandé à tous de faire un effort collectif, il nous semble important que cela soit équitable !

Nous ne sommes peut-être pas le maillon le plus indispensable du parcours de soins car nous ne sommes pas médecin ou professionnels de santé. Mais, pour beaucoup de personne malade, sans nous, elles ne pourraient pas accéder à leurs soins.

Pour beaucoup, même si vous ne le voyez pas, nous ne sommes pas seulement le véhicule qui les amènent à leurs soins. Nous aidons aux démarches administratifs, nous informons, coordonnons les rendez-vous et les déplacements, nous leurs rappelons aux personnes les échéances et les rendez-vous, nous générons du lien, nous les soutenons, nous les rassurons. Nous ne sommes pas négligeable dans le parcours de soins !

Nous sommes un élément qui permet aux personnes maintenir et poursuivre leurs soins malgré toutes les difficultés que cela peut engendrer. Et tout cela, nous ne le facturons pas ! Cela fait partie du métier et nous le faisons par professionnalisme.

Or cela n’est possible qu’avec une rémunération qui nous permette de vivre correctement ; c’est cela qui nous permet de donner ce temps à nos patients. Dans notre métier, nous ne comptons pas nos heures, nous sommes peu présent pour nos familles, nous ne pourrons pas le faire pour des miettes ! Si nous n’arrivons plus subvenir à nos besoins, nous ne pouvons plus offrir de l’activité gratuite, c’est normal et c’est humain !

Vous affirmez que votre nouvelle convention apportera un équilibre à notre activité et que nous ne serons pas perdant... Ce n’est pas ce que ce début d’année montre ! Nous ne pourrons pas à la fois gagner moins pour le même service rendu, avoir toujours plus de charges et, en plus, avoir moins d’activité. Il n’y a pas besoin d’être bon comptable pour réaliser que cela ne peut pas tenir !

Votre pression sur les médecins pour qu’ils ne réalisent plus de bon de transport n’est pas sans conséquences, tant sur nos emplois que sur les assurés qui se retrouvent également en détresse.

Vos actions auprès des médecins en ce début d’année ont amené à des scènes burlesques où le médecin se jette en fin de consultation sur les documents qu’il a remis à son patient afin de récupérer le renouvellement du bon de transport réalisé pour finalement le mettre à la
déchiqueteuse, laissant son patient choqué et sans solution. Cet exemple n’est malheureusement pas inventé, qui pourrait imaginer de tels comportements… Mais vos actions engendre cette réalité ! Les chiffres sont devenu une priorité absolu, laissant tomber toute humanité...

Vous développez depuis plusieurs années des actions afin d’éviter le renoncement aux soins des personnes. En effet, il est prouvé que des personnes qui ne se soignent pas dans les temps, en plus de dégrader leur propore santé ont un coup plus important pour la société.

Il est donc cohérent, tant sur le plan humain qu’économique de mener des actions en vue de réduire ce risque du renoncement aux soins. Et qui mieux que l’Assurance maladie pour le porter, avec les valeurs qui l’ont créé. Or aujourd’hui, dans votre obsession de contrôle et de répression pour espérer une réduction rapide des coûts, vous êtes vous même en train de créer du renoncement aux soins : beaucoup de personnes ne sont pas en capacité et n’ont pas les ressources physiques, psychiques ou sociales pour pouvoir réaliser leurs soins sans l’intervention d’un transporteur.

Parallèlement, l’impact sur notre activité n’est pas négligeable. Ce mois de janvier est l’un des plus dur jamais vécu pour la majorité d’entre nous. Nous n’avons pas eu l’activité nous permettant d’équilibrer nos comptes. Si cela s’inscrit dans la durée beaucoup d’entre nous n’y survivrons pas.

Au delà de l’impact sur nos vies individuelles, cela signifiera également la disparition d’actifs qui cotisaient des sommes conséquentes à l’URSSAF et participaient au collectif de notre société et de notre pays.

Vous dites envisager ces mesures pour sauver la Sécurité Sociale, or créer vous même du non recours aux soins de personnes fragilisées et détruire des cotisants actifs qui, de part leur statuts, n’auront pas accès à des revenus de substituions n’est pas de sens. La démarche est facile mais les conséquences seront terribles et difficilement justifiables avec moralité, auprès des concernés comme de l’opinion publique.

Nous sommes conscients que nous devons participer à l’effort collectif, mais ne sommes pas prêts à nous sacrifier alors qu’il y a bien d’autres leviers plus responsables et plus éthiques à travailler avant de radicaliser nos conditions de travail.

Ce sont nos emplois, nos vies, nos familles, l’investissement de toute une vie que vous êtes en train de sacrifier ! Sachez que nous nous battrons jusqu’au bout pour le défendre et nous ne le ferons pas en silence !

Ainsi, Mme La Ministre, Monsieur Le Directeur, nous vous adressons aujourd’hui ce courrier afin que vous mesuriez l’impact de vos décisions sur des milliers de français actifs, cotisants et acteurs non négligeable de notre organisation collective de vie aux bénéfices des personnes malades de notre société.

Nous vous alertons sur notre situation afin de trouver ensemble un équilibre permettant à chacun : Organismes de sécurité sociale, patients, professionnels de santé et professionnels du transport, d’être reconnus et respectés dans leurs compétences et leur importance pour permettre à tous de survivre et vivre dignement et à la hauteur des efforts engagés aux quotidiens. Si le travail est vraiment une valeur que vous défendez, il est temps de le reconnaître dans les faits et d’agir pour le prouver !

Dans l’attente d’une réelle attention portée à notre situation, veuillez recevoir, Madame La Ministre, Monsieur Le Directeur, nos salutations distinguées.

Collectif de Taxis indépendants conventionnés