La dégradation des services publics, visible au quotidien, montre à quel point le discours omniprésent sur « la réduction des dépenses publiques » est problématique. Quand les hôpitaux manquent de personnel, les écoles de professeurs, ou les crèches d’auxiliaires de puériculture, ce sont les citoyennes et les citoyens qui en pâtissent. Les productions publiques sont pourtant essentielles à la sécurisation de nos vies et à l’amélioration de leur qualité. Alors interrogeons ce discours qui, en présentant systématiquement les financements publics comme un fardeau pour la société, fait de sa réduction une fatalité économique inéluctable.
Il s’agit, pour celles et ceux qui usent et abusent de cette expression (la dépense publique), d’exprimer (consciemment ou non) l’idée que le financement des productions collectives s’apparente à un coût, c’est-à-dire à un renoncement…
Le parti pris est d’employer le terme dépense comme un synonyme de coût, au lieu d’y voir la neutralité de l’engagement de ressources financières pour l’activité économique ou l’acquisition de biens.
Mais la question importante que l’on devrait tous se poser lorsque l’on entend parler de « dépense publique » est la suivante :
Pour qui ce financement représente-t-il un coût et de quel renoncement parle-t-on ?
Car un financement ne se traduit pas seulement par un coût.
Lorsqu'une personne ou une entité dépense de l’argent pour financer une activité, on peut bien parler de coût car il y a renoncement à une somme d’argent. Mais en contrepartie, une autre personne ou entité reçoit cet argent ou profite d’une production gratuite. Et là il y a BÉNÉFICE… La perception d’un coût ou d’un bénéfice est subjective car elle dépend du côté où l’on se place par rapport à la dépense.
Il faut alors se demander pour qui la soi-disant « dépense publique » représente un coût.
Est-ce un coût :
On voit bien, quand on se pose quelques questions simples comme celles-ci, que la plupart des citoyens BÉNÉFICIENT au quotidien des financements publics en question… Le financement public est, pour la majorité d’entre nous, un bénéfice et non un coût ! Une richesse collective qui améliore nos vies au quotidien.
Mais quand les fonds publics diminuent, les conséquences sont claires :
Alors revenons à la question qui nous intéressait un peu avant : pour qui la « dépense publique » représente-t-elle un coût ?
Et bien si l’on analyse plus en détail le processus économique à l’œuvre, on s’aperçoit que l’argent socialisé et mobilisé pour des productions collectives, n’est plus disponible pour financer des productions privées visant le profit individuel.
Le financement d’une production publique, qui nécessite une socialisation de la valeur économique, résultat du travail commun de tout un peuple, s’oppose à la ponction de valeur économique par celles et ceux qui font valoir des titres de propriété (actions, obligations ou produits dérivés, titres de créances en tout genre, achat de titres de propriété financière ou foncière, immobilier locatif, dépôt de brevets, spéculation avec des Cryptomonnaies …).
Ces derniers doivent en effet renoncer à la valeur qu’ils pourraient capter à travers des investissements privés à but lucratif s’ils venaient remplacer des investissements publics.
Là est le renoncement qui représente un coût. Il s’agit d’un coût d’opportunité manquée.
La « dépense publique » est analysée comme un coût d’opportunité manquée, sans jamais être présentée comme telle, pour celles et ceux qui se démènent au quotidien pour bénéficier du travail des autres en s’appropriant la valeur qui en résulte.
On constate par exemple avec le recul, que la privatisation ces dernières décennies de nombreuses entreprises autrefois publiques ou nationalisées (EDF, SNCF, France TELECOM, ou La Poste…) a ouvert la voie à des opérateurs privés qui ont augmenté les tarifs pour maximiser leurs profits. La qualité des services de ces entreprises, qui concernent le quotidien de toutes et tous a-t-elle pour autant augmenté ?
Et si l'on questionne le véritable sens d'une économie, il devient alors évident, pour le reste des citoyens qui ne se lèvent pas le matin en se demandant comment ils vont pouvoir exploiter le travail des autres, que le véritable coût dans toute activité économique, c’est la ponction de valeur légitimée par des titres de propriété… Donc la dépense privée à but lucratif plutôt que la dépense publique qui vise une utilisation de cette même valeur au profit de tous.
Les productions publiques représentent un bénéfice pour la plupart d’entre nous. À plus forte raison lorsqu’elles sont décidées et contrôlées par les travailleurs eux-mêmes et non par un État au service de l’appropriation individuelle de la valeur économique.
Avec des financements publics accrus, nous pourrions avoir des hôpitaux efficaces, des écoles bien équipées et pourvues d’enseignants en nombre et bien formés, ou encore des infrastructures transports et d’énergie modernes et robustes.
Ne nous laissons plus influencer par les discours qui prétendent que l’utilisation de la cotisation sociale et l’impôt représente un coût qu’il faudrait absolument réduire. C’est au contraire un investissement que nous avons tout intérêt à augmenter !
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