Pétition ouverte pour la réouverture du bâtiment EHESS sur le campus Condorcet et contre les mesures répressives à l'égard du mouvement étudiant pour la Palestine
La semaine dernière, les étudiant·es membres du Comité Palestine EHESS/Condorcet ont occupé pacifiquement, de manière ouverte et sans blocage le bâtiment de l’EHESS durant trois jours et deux nuits. Iels ont créé un riche espace de réflexion-débat, n’y ont apporté aucune dégradation, et ont pourtant été délogé·es par la gendarmerie mobile mercredi 15 mai à la demande de la Présidence, sans aucune sommation. Le président a par la suite jugé l’attitude des étudiant·es irréprochable, mais maintenu la fermeture du bâtiment de l’EHESS sur le campus Condorcet sans justification, et en soumettant le bâtiment boulevard Raspail à des contrôles hors de proportion.
Nous, enseignant.es, chercheur.es et personnel administratif de l'Ehess, souhaitons réaffirmer notre soutien à la mobilisation des étudiant·es de l'École pour la construction de lieux de discussion collective en solidarité avec le peuple palestinien et pour un cessez-le-feu immédiat et permanent, d'une part au nom de la liberté d’expression et de réunion, libertés fondamentales , d'autre part parce qu'il s'agit d'une cause tout aussi juste qu'urgente étant donné le drame humain extrême qui a lieu en Palestine, et les politiques réactionnaires et répressives destinées à le faire ignorer. C’est bien dans l’esprit des mouvements de lutte historiques, civile et non violente pour les droits humains et la justice sociale que s’inscrit cette mobilisation, dans une tradition universitaire à laquelle nous sommes tous et toutes attaché·es. Les étudiant·es, les personnels et les chercheur·euses de l'occupation ouverte n’ont constitué un danger pour personne. L'occupation n'a d'ailleurs pas perturbé la poursuite d'autres activités dans le bâtiment.
La fermeture du bâtiment de l’EHESS sur le Campus Condorcet est, en revanche, de nature à occasionner des dégradations durables des conditions d’études pour les étudiant·es en cette fin d’année universitaire, et des conditions de travail pour tous les personnels qui y ont leurs bureaux. Le passage forcé au télétravail, ainsi que l'incertitude permanente dans laquelle ils et elles se retrouvent quant au fait de pouvoir assurer le suivi de leurs activités en l'absence de bureaux, est susceptible de porter un préjudice important aux personnels, tout en générant un sur-travail.
Pour ces raisons, nous demandons à la Présidence une réouverture immédiate du bâtiment en garantissant le droit de disposer d'espaces pour faire vivre la vie démocratique et l'esprit critique à l'EHESS, seul moyen de rééquilibrer le silence dont les instances de l'École ont jusqu'à présent fait preuve face à la situation catastrophique à Gaza, et au nouveau volet de guerre ouvert par la journée sanglante du 7 octobre [: Cet ajout à la phrase laisse malheureusement penser que la campagne militaire actuelle serait la faute du "7 octobre" (et donc du "Hamas", des "terroristes" palestiniens dont on doit apparemment préciser qu'ils répandent le sang) alors que l'ensemble des organisations de défense de droits palestiniennes ont bien démontré le caractère fallacieux de cette lecture causale qui légitime cette campagne militaire "sanglante" israélienne. Les journées "sanglantes" en Palestine et contre les Palestinien-nes n'ont pas attendu "le 7 octobre" - doit-on indiquer ici sa cause?]. La mobilisation contre la colonisation israélienne et la campagne militaire à Gaza toujours en cours, s'accompagnant plausiblement d'un crime de génocide perpétré contre le peuple palestinien de l'avis de la Cour Internationale de Justice qui exige à ce titre des mesures conservatoires, dans le rappel du droit international, ne devrait en aucun cas être considérée comme un délit, entravée ou réprimée par la direction de notre institution. Bien au contraire, il est du devoir d'une institution universitaire publique française comme l'EHESS, "temple" des sciences sociales françaises de surcroît, de tout mettre en œuvre pour contribuer à son échelle à la condamnation et la prévention d'un crime de génocide commis à l'encontre du peuple palestinien, ainsi que d'appeler au respect du droit international, tout en éclairant l'opinion publique et médiatique. Alors que la mobilisation internationale est menée par les étudiant·es dans de nombreux pays (USA, Pays Bas, Espagne, Royaume-Uni), la répression du mouvement de solidarité avec la Palestine, qui s'est manifesté récemment dans nos murs sous la forme de l'Occupation ouverte Leïla Khaled, est inacceptable. Nous dénonçons l'usage de la force pour évacuer le bâtiment, et la maltraitance administrative faite aux usager·ères et personnels de ne pas pouvoir se rendre sur leur lieu de travail et d‘études.
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