Pétition
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Auteur :
Auteur(s) :
Alain Rousset - Les Oubliés de la République
Destinataire(s) :
Nicolas SARKOZY
Le 8 mai prochain, comme à l’accoutumé, la France célébrera le 64ème anniversaire de la fin de la barbarie nazie qui a marqué le retour d’une paix durable en Europe. Mais qui se souvient que cette liberté a été aussi chèrement payée par les combattants « indigènes » goumiers, zouaves, tabors, tirailleurs, spahis, engagés voire pour certains enrôlés de force dans l’armée française ? Oubliés de la Nation lorsque celle-ci rend hommage aux femmes et aux hommes qui ont risqué leur vie pour que triomphe la liberté, oubliés de la République lorsqu’il faut reconnaître et assumer le prix du sang.
La France ne peut décemment se cacher derrière l’ignorance pour voiler les oublis de son histoire. Il est enfin temps de regarder notre passé en face : le pays des Droits de l’Homme a plus que tout autre le devoir d’équité et de justice.
Car c’est de justice qu’il s’agit. Depuis 50 ans les anciens combattants « indigènes » sont soumis à un régime discriminatoire quant à leurs pensions : quand un ancien combattant français perçoit environ 600 € un ancien combattant sénégalais touche 159 €. Le sang versé pour la patrie d’alors vaudrait-il plus cher selon que l’on est aujourd’hui Français, Marocain ou Sénégalais ?
Cette situation inique s’accompagne d’un système tout aussi pervers qui conduit à des drames humains intolérables. Faute de pension militaire décente, des milliers de personnes âgées ont émigré au début des années 1990 pour bénéficier de minima sociaux auxquels ils pouvaient prétendre dans la mesure où la Loi Pasqua leur donnait droit à une carte de séjour en tant qu’anciens combattants. C’est pour pouvoir faire vivre leur famille que paradoxalement ils les ont quittées et se sont retrouvés en France sans accueil adapté, isolés, clochardisés, et ignorés de tous. Ils mènent aujourd’hui leur dernier combat pour que la République leur reconnaisse les mêmes droits que leurs compagnons d’armes français.
Le film Indigènes a contribué à faire bouger les lignes. Depuis 2007, les retraites du combattant et les pensions militaires d’invalidité, dites « pensions de sang » ont été revalorisées mettant enfin à égalité les anciens combattants quelle que soit leur nationalité. Mais cette victoire est amère car elle permet à l’Etat d’occulter les plus grandes injustices qui persistent pour les anciens militaires ayant servi plusieurs années dans l’armée française : leurs pensions varient de 1 à 8 selon qu’ils sont aujourd’hui Français, Tunisien, Camerounais ou Cambodgien.
La coordination décristallisation (collectif bordelais d’associatifs et de bénévoles soutenu par la Région Aquitaine) a ainsi focalisé sa bataille juridique sur ce thème et a obtenu le 15 octobre dernier une décision historique du Tribunal administratif de Bordeaux qui donnait un avis favorable à la revalorisation des pensions militaires de six anciens combattants marocains. Cette décision qui fait jurisprudence reste insatisfaisante dans la mesure où la décision est juridique et non politique et où elle est fondée sur un accord international signé avec le Maroc. Un ancien combattant sénégalais a ainsi été débouté alors qu’il présentait la même demande.
L’attitude de la République à l’égard de ceux qui se sont battus pour elle n’est pas digne des valeurs qu’elle prétend porter. Nous demandons instamment au Gouvernement de généraliser la décristallisation des pensions militaires de retraites, et de permettre aux anciens combattants de les percevoir quel que soit leur lieu de ré