Non Monsieur le Président, les retraités ne sont pas des nantis

Monsieur le Président

Comme de très nombreux français, j’ai écouté votre allocution du lundi 10 décembre 2018. Autant vous dire que, comme de nombreux retraités, je suis très déçu, voir en colère contre vos dispositions. En effet, vous ne faites rien pour nous. Vous pensez sans doute que les personnes mises en inactivité sont des nantis qui doivent participer financièrement à la relève de la France, qu’ils doivent aider ceux qui sont encore au travail, que tous ont un patrimoine qui leur permet de bien vivre (propos tenus par votre Premier Ministre) et qu’ils n’ont aucune raison de se plaindre. Mais dans quel monde vivez-vous ? C’est peut-être le cas pour les inactifs de votre entourage direct, mais c’est loin d’être la réalité pour la grande majorité des retraités français.

Concernant ces derniers, nombreux sont ceux qui sont en location, tout simplement parce que leur salaire, en tant qu’actifs, ne leur a jamais permis d’accéder à la propriété (les banques ne prêtent qu’aux riches). Ils n’ont donc jamais pu se constituer un patrimoine (ça vous étonne ?). De ce fait, le blocage de leur pension ne peut que les conduire de plus en plus vers la précarité, les loyers augmentant chaque année, ces derniers étant indexés sur le coût de la vie.

Pour d’autres, ils doivent rembourser de gros crédits suite à une accession tardive à la propriété à cause de mobilités géographiques pendant leur activité (l’assurance obligatoire est importante compte tenu de l’âge et les durées de remboursement raccourcies). Ces crédits, pris avant le blocage des retraites (2013), sont de plus en plus durs à supporter car les autres charges (eau, électricité, assurances, impôts, taxe d’habitation, taxe foncière) ne font qu’augmenter. Inutile d’être un fin stratège financier pour comprendre que, quand les recettes n’augmentent pas (voir régressent grâce à vos mesures concernant la CSG), et que les charges augmentent (je parle des charges incompressibles et obligatoires), le solde qui permettrait de consommer, donc d’enrichir le commerce (et donc la France), se réduit comme peau de chagrin ... ! Il est de notoriété publique que les retraités sont de bons consommateurs. Ce sont eux qui font travailler le secteur du tourisme et de nombreux commerces pendant les heures ouvrables et en dehors des périodes de congés. En pénalisant ces retraités, vous nuisez à ces sources de revenus de l’état. C’est donc un très mauvais calcul que de les pénaliser financièrement.

Vous prétendez que les retraités doivent aider ceux qui sont encore au travail. Vous oublier un élément important : les salariés ont l’espoir de voir leurs revenus progresser en fonction du coût de la vie, des promotions internes de leur entreprise ou, dans certain cas, en changeant de métier ou d’employeur. Les retraités n’ont accès à aucune de ces possibilités. Seule l’indexation de leur pension sur le coût de la vie leur permet de se maintenir (et non de progresser). Pourquoi demander à ceux dont les revenus sont fixes, de soutenir ceux qui ont des possibilités d’évolutions ? Cette mesure ne peut être que la conséquence d’une absence totale de réflexion de votre part.

Dernier point : la plupart des retraités sont un appui financier, quand ils le peuvent, de leurs enfants et petits enfants, et parfois, de leurs parents quand ils sont encore en vie. Ces derniers, souvent en situation précaire et dépendants à cause de la maladie ou tout simplement à cause de leur grand âge, n’ont pas les moyes d’être placés en maison médicalisée ou en résidence de personnes âgées (je suppose que vous ignorez ce que coûtent de tels placements). A quoi sert donc la journée volée aux travailleurs ? Ne devait-elle pas servir à financer des aides aux personnes âgées ?  

Les retraités doivent aussi souvent aider leurs enfants. Cette aide se situe au niveau de la garde des petits enfants, afin d’éviter de faire appel à des nourrices ou autres systèmes de gardiennage payant.

Les retraités actuels (ceux qui sont dans la tranche 60/70 ans) se retrouvent donc être des ressources indispensables à la famille, conséquences de la politique d’austérité qui sévit et s’accentue depuis près de 40 ans (côté aides sociales).

En conclusion, nous vous demandons, Monsieur le président, de revenir sur votre vision des retraités, de réindexer les pensions sur le coût de la vie et de remonter le point de pension du pourcentage perdu depuis 2013. Nous vous demandons aussi de supprimer les 1,7% de CSG pour toutes les retraites.

Ne croyez pas, Monsieur le Président, que les retraités sont des pigeons que l’on peut plumer sans conséquence, avec tout le respect que vous méritez ... !