La commune du Grau-du-Roi (Gard) pourrait-elle passer dans le département de l'Hérault ? C'est l'une des idées émises par l'étude de Laurent Chalard. Ce géographe propose de "réajuster" les départements créés par la Révolution. Le Gard pourrait y perdre Le Grau-du-Roi.
Rien que d'imaginer le Gard sans Grau-du-Roi, la patronne de "L'huître rieuse", a mal : "Là, on perdrait un bout de nous, de qui on est". L'identité, c'est le mot qui revient dès que la question est posée, car sinon, au quotidien, les Graulens sont bien plus montpelliérains que nîmois, tel Sabri : "Ici, tout le monde va à Lattes, Montpellier, le centre commercial Odysseum, Pérols". Et Nîmes ? "Jamais, dit-il, à part pour faire les papiers, la préfecture, le tribunal, la CAF, Pôle Emploi. C'est Nîmes parce qu'on est rattaché à Nîmes, on est obligé d'y aller, sinon moi je vais tout le temps à Montpellier."
Et ce discours, on l'entend chez beaucoup. Pour la vie quotidienne, les achats de fin de semaine, ce sont les zones commerciales montpelliéraines, à 20-30 minutes de voiture contre une petite heure pour Nîmes. Beaucoup de femmes accouchent à Montpellier, plus proche. "Mais, réagit le patron de "La Palangre", on est des chauvins, on aime notre Grau-du-Roi, on est des irréductibles Gaulois... donc je dis non pour être rattachés à l'Hérault. On veut être rattachés à Nîmes, et on y tient beaucoup."
Et il n'est pas le seul à penser comme ça. "D'accord pour les transports, l'aéroport. Mais par contre pour l'identité et les traditions, je suis pas sûre, on est camarguais" explique derrière son comptoir la patronne de "L'huître rieuse". Et presque en face, le patron de "La Marine" abonde : "Ici, il faut des toros. Les pêcheurs du Grau-du-Roi, une grosse majorité d'entre-eux, en même temps qu'ils sont pêcheurs, ils montent à cheval. Ils participent aux bandidos, aux abrivados."