Une pétition citoyenne grinçante, sérieuse, et documentée au scalpel
« Les privilèges des puissants sont toujours présentés comme les nécessités de l’État. »
— Henri Jeanson
On nous exhorte à faire preuve de « responsabilité », à « nous adapter aux contraintes », à « accepter les efforts ». Fort bien.
Mais pendant que la majorité serre les dents, une minorité continue de desserrer les cordons… de la bourse publique.
Face à ce double discours devenu banal, j’ai choisi de répondre sans grands cris, mais avec des faits, des chiffres… et une pointe d’ironie.
Parce qu’à force d’abus, ce qu’on appelle République ressemble parfois à une monarchie de confort — version tout compris, aux frais du contribuable.
Qu’on ne s’y trompe pas : cette pétition n’a rien d’un simple coup de gueule.
Elle s’appuie sur des sources officielles, des documents publics, des textes réglementaires, tous accessibles, vérifiables, et cités en toute transparence.
L’humour n’y est qu’un outil de lecture — la rigueur, elle, est partout ailleurs.
L’Élysée, ce HLM de la République
Commençons par une petite balade dans le patrimoine discret mais cosy de la Présidence. L’Élysée, ce haut lieu du pouvoir, ne se limite pas à ses dorures et tapis rouges : il s’étend jusqu’au site dit de l’Alma, où pas moins de 64 logements de fonction sont mis à disposition des personnels rattachés à la Présidence. Le tout à des loyers significativement minorés, comme le souligne avec la réserve qui sied à son rang la Cour des comptes (Cour des comptes, 2024) et confirmé par L’Express.
Car oui, l’État veille à loger les siens… mieux que vous.
Côté ministères, la République ne lésine pas sur le confort : 80 m² de logement de fonction par ministre, majorés de 20 m² par enfant, comme le rapporte Vie‑publique.fr et l’Assemblée nationale (vie-publique.fr, Cour des comptes).
Et quand le parc républicain est à saturation ? Pas de panique : 4 millions d’euros par an sont versés par le ministère de l’Intérieur pour louer du logement privé (vie-publique.fr).
Mais les privilèges ne s’arrêtent pas là. À l’extrémité basse de la Méditerranée, perché sur son rocher, le Fort de Brégançon, résidence estivale du Président, mobilise un budget de fonctionnement annuel évalué à environ 230 000 € (lemediascope.fr).
Et pour parfaire le tableau de l’hospitalité républicaine : la Lanterne, second pied‑à‑terre versaillais du Premier ministre, accueille réceptions et hôtes officiels, dans un luxe feutré décrit par La Revue Parlementaire (vie-publique.fr).
Le parc automobile républicain : discrétion moteur
Selon le Rapport public annuel 2017 de la Cour des comptes, la France déplore un parc automobile public de 65 244 véhicules, dont près de 12 000 « non spécialisés », c’est‑à‑dire des voitures attribuées à des agents, parlementaires ou hauts fonctionnaires pour des usages non liés aux missions régaliennes (mediapart.fr, ccomptes.fr). Ce chiffre illustre un système où le nombre compte plus que la justification.
La Cour soulignait alors une absence de contrôle généralisé, des audits trop rares et des modalités d’attribution opaques, laissant la porte ouverte aux usages personnels — parfois ostentatoires — sans cadre clair (ccomptes.fr, ccomptes.fr).
En 2021, Mediapart faisait écho à ces critiques : plusieurs ministères maintenaient des flottes conséquentes, sans outil national de suivi et sans critères uniformes pour l’allocation des véhicules administratifs (fr.scribd.com).
Le résultat ? Des berlines et chauffeurs alloués pour des missions banales pouvant être assumées par transports en commun ou véhicules mutualisés — parfois même pour un simple déplacement administratif. Pendant ce temps, le contribuable finance silencieusement cette « discrétion à moteur ».
Bref, si l’utilité des véhicules de police, gendarmerie ou ambulances ne fait aucun doute, l’usage privé ou tapageur de certains véhicules de service demeure hautement contestable. Et, comme souvent, le flou administratif sert de couverture au confort républicain.
Pendant ce temps, chez les Vikings…
Dans les pays nordiques — ces nordiques obstinés à mêler morale et pouvoir — les ministres empruntent les transports en commun comme tout un chacun (trains, métros, bus), et s’acquittent régulièrement de leur loyer sans privilèges spécifiques. Pire encore : l’usage d’un chauffeur à des fins personnelles est considéré comme scandaleux (Emile Magazine).
Prenez la Suède, par exemple : la transparence politique y est érigée en exemple, jusqu’à l’anecdote où un ministre a déclenché un tollé médiatique après avoir roulé avec un chauffeur pour se rendre à une fête familiale — jugé indigne d’un responsable public (source).
Chez nous, en revanche, ce même privilège s’appelle « avantage en nature » et se paie… avec nos impôts. Les ministres ont droit à des véhicules de fonction, chauffeurs et hébergements gratuits — le tout au nom de l'intérêt général, bien entendu.
La différence ? Dans ces nations nordiques, la transparence est une exigence, inscrite dans la culture bureaucratique, tandis qu’en France, elle demeure… optionnelle, surtout dès qu’il s’agit de justifier pourquoi les frais de logement, les chauffeurs, voire les voyages—all-inclusive—devraient être offerts au personnel politico-administratif.
Parlementaires : petite rallonge entre amis
En 2024, nos élus ont été frappés de plein fouet par la hausse du coût de la vie… la leur surtout. Fort heureusement, ils ont su réagir avec célérité :
Une « adaptation » — surtout pas une hausse ! — votée en toute sobriété et dans un rare élan de solidarité inter-chambres, avec pour seul mot d’ordre : rester connectés à la réalité… budgétaire du Palais Bourbon et du Palais du Luxembourg.
RTL, Le Point, Le Club des Juristes
Pendant que le citoyen moyen compare les prix des pâtes, nos parlementaires revalorisent leurs frais de mandat — et se réservent une place bien au chaud dans l’inflation. On ne parle pas ici d’enrichissement personnel, bien sûr, mais d’un coussin plus moelleux pour s’asseoir sur la confiance publique.
Car il est vrai : la démocratie a un coût. Mais faut-il vraiment qu’elle ait autant d’options en série ?
Réforme des retraites : eux, c’est déjà fait (et bien fait)
Les anciens parlementaires bénéficient toujours d’un régime de retraite spécifique, largement financé par la solidarité nationale.
Avant 2010, ils pouvaient cotiser en double, pendant 15 ans, afin d’atteindre plus vite les annuités nécessaires à une retraite à taux plein (source : La Retraite en Clair) (la-retraite-en-clair.fr).
Aujourd’hui, un député ayant effectué un seul mandat de 5 ans perçoit une pension nette d’environ 684 € par mois, selon les données officielles de l’Assemblée nationale reprises par plusieurs sites spécialisés (contribuablesassocies.org).
Avec plusieurs mandats, la pension peut grimper jusqu’à 2 700 € nets par mois, cumulée avec d’autres régimes — toujours selon les mêmes sources (contribuablesassocies.org).
Une réforme a certes réduit les avantages — la double cotisation a été supprimée en 2010 —, mais l’esprit demeure : un traitement d’exception dans un pays où l’on demande aux autres de partir plus tard… pour moins.
Présidents et Premiers ministres : à vie et avec options
Le sort des anciens chefs de l’exécutif ressemble à un conte… fiscal :
✅ Des bureaux meublés, chauffés et entretenus, ainsi que jusqu’à sept collaborateurs, pendant 5 ans, suivis de trois collaborateurs et un agent, selon le décret n° 2016‑1302 du 4 octobre 2016 (Le petit juriste, Légifrance).
✅ Un véhicule de fonction avec chauffeur à vie, pris en charge par le ministère de l’Intérieur (Légifrance).
✅ Une protection rapprochée par le SDLP, également à vie (Assemblée Nationale).
✅ Jusqu’à 7 collaborateurs, garantis par la fameuse lettre du Premier ministre de 1985, toujours en vigueur faute de cadre plus strict (vie-publique.fr).
Le tout repose sur un texte de 1985, jamais inscrit dans la loi, et n’est encadré que par des décrets et lettres ministérielles. Le modèle reste hors champ législatif.
Ailleurs, ces dotations ont été réduites ou supprimées. En France, elles demeurent érigées en "patrimoine moral de la République", ou pour les cyniques, en héritage dynastique non déclaré — avec options « full service ».
Le dernier privilège : mourir aux frais de la princesse
En 2017, l’Assemblée nationale et le Sénat ont déboursé près de 1,5 million d’euros pour financer les frais d’obsèques d’anciens parlementaires — ainsi que ceux de leur conjoint ou enfant à charge. Car en République, l’honneur d’avoir siégé se prolonge au-delà de la vie, et visiblement… au-delà du cercle du défunt.
TF1 Info, Contribuables Associés
Détail du petit faire-part budgétaire :
Assemblée : 573 000 €, soit environ 8 200 € par décès
Sénat : 967 000 €, soit environ 18 245 € par élu
⚠️ Et ce privilège ne s’arrête pas avec la mort du parlementaire : le conjoint survivant ou enfant à charge continue de bénéficier de la prise en charge publique des funérailles, y compris depuis la réforme de 2018. Le plafond a certes été abaissé à 2 350 €, mais la prise en charge élargie aux proches reste intacte (TF1 Info).
Pendant ce temps, le commun des mortels doit organiser les obsèques de ses proches avec rigueur, devis à l’appui, en espérant que l’assurance décès ou un modeste capital suffira à couvrir les 3 000 à 4 000 € en moyenne d’un enterrement classique (lecomparateurassurance.com). Et en cas d’oubli ? C’est la famille qui règle la note. Sans chauffeur, sans fleurs de la République, sans remerciement officiel.
Nos demandes : le bon sens républicain
Conclusion : servir, enfin
Quand les dirigeants montreront qu’ils savent renoncer à l’accessoire, les citoyens accepteront mieux l’indispensable.
Ce n’est pas d’un effort qu’on a besoin, mais d’un sursaut.
Que la République cesse de récompenser ceux qui gouvernent comme s’ils étaient au-dessus d’elle.
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