Tous ensemble, mobilisons-nous : Votons !
Depuis plusieurs générations, la République peine à se décrisper à l’endroit de ses citoyens musulmans qu’elle continue à stigmatiser et reléguer à la périphérie de la citoyenneté. Pourtant, sans ses « citoyens musulmans », la France ne serait pas un pays libre, et sans leurs descendants, elle ne se serait pas reconstruite durant les Trente Glorieuses. Aujourd’hui, ce sont des millions de citoyens musulmans qui doivent faire face aux défis de leur temps et ainsi écrire de nouvelles pages de cette histoire. Les Français musulmans ont vaillamment combattu dans les tranchées l’ennemi et son fascisme, 1914-18, 1939-45 : faut-il rappeler que les noms de plus de deux cent mille morts sont bien plus que du sang versé ? Au-delà d’une histoire, ils sont notre mémoire citoyenne, la mémoire de la France.
Mettre fin à l'apartheid national
Cet appel est construit sur un constat fort qui appelle lui-même à un engagement total : il existe aujourd’hui un apartheid social, politique et médiatique élaboré contre les Français de confession musulmane et leur religion, l'islam. Cet apartheid consiste en une stigmatisation qui est elle-même le résultat d'une disqualification permanente sur fond de diabolisation, de raccourcis et d'amalgames systématisés. Ce constat, -qu’on ne se méprenne pas-, n'est pas né des récents attentats terroristes commis par des individus criminels et psychotiques, mais il est le résultat de trois décennies de traitements médiatiques et de discours politiques stigmatisants. Depuis longtemps en effet, toute occasion (faits divers, fausses polémiques politiciennes, port du voile et laïcité…) est bonne pour exclure les Français de confession musulmane du champ symbolique de la Nation. Ce constat est également celui de la continuité de la doctrine d'État et politique française sur l'islam, qui se résument à trois choses : Différenciation, soumission, contrôle.
Jusqu’à quand va-t-on accepter la libération de la parole vindicative et discriminante à l’endroit des musulmans ? Jusqu’à quand les responsables politiques vont-ils continuer à accuser le musulman d’être l’« ennemi de l’intérieur, cet ennemi qui ne respecte pas les lois, qui refuse de s’intégrer et d’avoir un comportement compatible avec les lois de la République » ? Pris en otages par la faillite de la gestion des affaires politiques et par les discours clivants, de plus en plus de nos concitoyens intègrent la légitimation pernicieuse d’une équation selon laquelle l’islam serait un fascisme et un totalitarisme à combattre.
Voter est l'élément fort d’une démarche citoyenne responsable
Les musulmans ne peuvent se soumettre à la stigmatisation, à l’humiliation, et à la privation des droits sous des prétextes fallacieux. Le discours islamophobe n’a que trop duré, et il n’est désormais plus l’heure aux rappels historiques mémoriels, ni même à l’analyse politique passive. Il y a le feu à la maison. Pour la première fois dans l’histoire de France, des politiques de gauche et de droite ont décidé de faire de l’islam un enjeu central de leurs campagnes électorales. Il ne s’agit pas de défendre une religion, mais bel et bien de refuser d’être un prétexte. Nous ne pouvons continuer à accepter d’être les cache-misères de l’incompétence des responsables qui se dérobent à leurs obligations.
Dans le contexte électoral violent qui s’annonce, il ne faut pas se tromper de lecture. En réalité le musulman n’est perçu ni par sa foi, ni par son culte, ni par sa filiation : il est construit à travers une image stéréotypée, comme s’il avait une identité inacceptable et incompatible avec les valeurs de la France. Aussi, les prises de position courageuses de certaines personnalités ou les mobilisations à travers les réseaux sociaux et la vie associative locale ne suffisent plus. La réponse doit à présent relever d’une véritable force de frappe pour enrayer cette machine infernale. Nous devons mettre fin à ce cycle et prendre les mesures adéquates pour assurer un destin digne à notre pays. Et le vote représente un élément fort d’une démarche citoyenne responsable, surtout en cette année 2017 où les Français seront invités à deux rendez-vous électoraux : les présidentielles et les législatives.
Envoyons un signal électoral fort aux élus !
La mobilisation citoyenne doit se faire dans la durée et de manière constructive ; mais le vote en est le point de départ, le substrat, le socle. Au vu de la situation actuelle et des risques à venir, les citoyens musulmans ont avec eux tous leurs droits civiques, jusque-là tristement sous-utilisés, pour renverser la tendance d’une spirale insensée d’injustice. Le vote ne peut plus rester un simple droit : il est un impératif devoir car il constitue un rempart contre l’injustice, contre l’exclusion, contre le mépris. Pour la première fois, au regard des humiliations infligées aux citoyens musulmans, nous pouvons acter notre maturation politique en votant massivement. Nous pouvons envoyer un signal très puissant aux élus ; nous pouvons leur prouver la fin d’une période où les bureaux de vote étaient désertés ; nous pouvons revendiquer massivement la fin des lois liberticides et des discours haineux. C’est là une obligation de principe, de morale, d’éthique et de dignité de la personne humaine.
Par cet appel, nous entendons porter à la face du public un puissant message de vérité : l'islam n'est pas une menace pour la France et la République, de même que la France et la République ne sont pas des menaces pour les musulmans. L'islam est une chance pour la France et la République et ces dernières sont une chance pour les musulmans de France.
Contre toute instrumentalisation, affirmons notre responsabilité
Par cet appel, que nous souhaitons voir ratifié par le plus grand nombre, nous appelons chaque musulmane et chaque musulman en âge de voter, non inscrits sur les listes électorales de s’inscrire avant la date de clôture le 31 décembre 2016. Nous comptons aussi sur les personnes déjà sensibilisées pour que cet appel soit diffusé très largement, qu’il soit objet de discussion dans les familles, les cercles d’amis, afin de sensibiliser les personnes non inscrites. Une personne peut en conscientiser dix. C’est le poids numérique qui construit l’intensité d’une force politique. Être inscrit sur les listes électorales, c’est s’engager et exercer ce pouvoir de présence qui, entre autres, protégera les droits fondamentaux et les libertés publiques et donnera à la France, gageons-le, la sérénité et l’apaisement dont elle a urgemment besoin.
Si les signataires de cet appel entendent dénoncer fermement l'islamophobie actuelle de certains discours politiques, ils mettent en garde avec la même vigueur contre une hypothétique islamophilie clientéliste de politiques en quête opportunes de voix. Cet appel dénonce donc par avance toute forme d'instrumentalisation électoraliste des institutions musulmanes en faveur ou contre tel ou tel candidat, ou candidate. La lucidité et le principe de responsabilité nous empêchent de céder à toutes sortes de sirènes.
Collectif des citoyens musulmans
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.