Abrogation de l'article 24

Monsieur le Président,

Je me permets de vous écrire afin de vous exprimer notre profonde préoccupation face au danger que représente pour chaque citoyen l'Article 24 de la Proposition de loi nº 3452 relative à la sécurité globale.

Cet article, Monsieur le Président, n'est pas digne ni d'un parlementaire de la République, ni d'un homme ou d'une femme épris de liberté publique.

Cet article est une censure.

Une censure car il donnerait aux forces de l'ordre la possibilité d'agir en toute impunité avec pendue aux lèvres cette fameuse injonction que Coluche aimait à brocarder : Circulez, y'a rien à voir !

Cet article est une peur.

Oui, une peur face à la montée d'une conscience qui se veut agissante face aux injustices et aux abus de pouvoir.

Pourquoi est-ce toujours au citoyen de courber sous l'obéissance alors que l'obligation faite aux policiers de s'identifier n'est presque jamais respectée ?

Monsieur le Président, notre police doit choisir :  agir à visage découvert ou se couvrir de honte car franchement, croyez-vous que l'image des forces de l'ordre en sortira renforcée avec cet article ?

Cette loi viserait donc à les protéger alors que c'est, vous en conviendrez, à eux de nous protéger. 

Ce monde marcherait-il sur la tête ?
Et vous même et votre parti, où dirigez-vous vos pas ? Vers l'élection présidentielle ? Passerait-elle par l’extrême droite ? 
La liberté suppose du courage et non du renoncement, Monsieur le Président.

Cette proposition n'est rien de moins qu'une demande forte d'ordre, d'ordre injuste contre les citoyens et  nourrit leur frustration et leur colère. 

Auriez-vous donc peur du peuple, Monsieur le Président ?

Or, un pouvoir qui a peur de son peuple est un pouvoir prêt à toutes les absurdités.

Et celle-ci en est une. C'est une étincelle qui s'ajoute au feu qui couve.

C'est la raison pour laquelle nous vous  demandons solennellement, au nom de la mémoire de George Floyd, d'Ibrahima Bah ou de Cédric Chouviat de peser de toute votre sagesse et de votre autorité pour retirer cet article du projet de loi relative à la sécurité globale et ainsi garantir aux citoyens dont vous êtes, Monsieur le Président, le premier d'entre eux, ces libertés publiques conquises par des hommes et et des femmes épris d'un idéal de liberté.

Salutations respectueuses.