Le 02/07/2020
Bonjour à toutes et tous.
Tout d'abord un grand merci pour votre soutien et surtout merci pour vos commentaires. Parmi ceux-ci, je souhaiterais revenir sur quelques-uns qui me semblent importants :
1- Beaucoup de commentaires soulignent le fait que cette refonte ne devrait pas concerner uniquement l'Afrique mais tous les pays. Je suis tout à fait d'accord avec ce postulat mais il me semble important de commencer d'abord par ce qui me parait "accessible". Bien sûr, la Françafrique est toujours d'actualité et effectivement la Chinafrique vient s'ajouter et non pas se substituer à la Françafrique. Je vous recommande d'ailleurs de lire le livre Chinafrique de Serge Michel et si vous désirez en savoir davantage, n'hésitez pas à vous rapprocher de l'association SURVIE qui est une référence en la matière. Bref, j'ai l'impression que nous revenons en 1885, lors du partage du continent africain.
Ai-je tort ou raison, mais je me dis, un pas après l'autre. Déjà pointons du doigt ce qui est à notre portée. Pourrait-on s'élever contre la Chinafrique si chez nous, le problème n'est pas réglé ?
Balayons devant notre porte et par la suite servons d'exemple est ce que je me suis dit lors de la rédaction de ma pétition.
2- Je ne tente absolument pas de faire culpabiliser les français comme cela me l'a été commenté.
D'abord parce que je suis française et je n'aurais donc aucun intérêt à m'autoflageller. En effet, comme n'importe quel français(e), moi aussi j'ai consommé et profité sans le savoir d'un système qu'aujourd'hui je trouve particulièrement inique.
Savoir nous permet d'agir, de modifier nos comportements, nos habitudes et nos façons d'aborder les problèmes.
Au fil de mes lectures et de mes échanges, j'ai pu prendre conscience de l'envers du décor. Nous connaissons les grandes lignes mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Par contre, je considère qu'exposer les faits (qui au passage sont loin d'être exhaustifs) nous permet d'entrevoir avec plus de justesse toutes les imbrications et impacts non seulement pour nous mais aussi pour les africains, qui aussi désagréable soit-il de le reconnaitre, dépendent beaucoup de la France et de ses décisions.
A l'heure d'aujourd'hui, il faut savoir que 14 pays africains sont obligés par la France, à travers un pacte datant de la période de la décolonisation, de mettre 85% de leurs réserves à la banque centrale de France sous le contrôle du ministère des finances français. Ce qui offre à l'Etat français une trésorerie d’environ 500 milliards de dollars en provenance de l’Afrique, et ce par année!
Les africains ne peuvent utiliser que de 20% de leurs propres réserves. La mainmise est donc aussi monétaire.
Mon propos ici est de souligner cette ponction éhontée et systématique, sans parler du pillage de leurs ressources par divers organismes sensés préserver la biodiversité.
D'autre part, il est important qu'en tant que français, nous puissions enfin évaluer, confronter et s'appuyer sur nos ressources.
Au niveau personnel, lorsque nous traversons une crise, il nous faut nous appuyer sur nos propres forces et non pas exploiter l'autre pour devenir résilient. Il s'agit là de notre intégrité. Il s'agit là aussi de redéfinir le mot PUISSANCE et ne plus l'associer aux actions de soumission, d'exploitation et de dépendance, mais bel et bien d'accoler le mot "pouvoir" à nos actions citoyennes, à notre créativité et à notre dynamisme.
Comme le dit le proverbe :
Un oiseau perché sur un arbre n'a jamais peur que la branche se casse parce que sa confiance n'est pas dans la branche mais dans ses propres ailes.
C'est pour cela que l'Afrique a besoin que l'on desserre l'étau qui l'empêche de s'autogérer. On ne saurait se rendre compte combien les africains sont créatifs eux aussi : l'un des groupes que je suis sur Facebook dont le thème est la sauvegarde des sols africains multiplient des initiatives autonomes et très constructives.
Une fois l'étau desserré, nous nous rendrons vite compte que l'Afrique n'a pas besoin d'aide ni de charité comme on le pense car elle est très inspirée et sa jeunesse entreprenante. Nos paradigmes changeront alors pour ne plus qualifier de l'Afrique de continent pauvre.
Doit-on se rappeler que l'Afrique est le continent le plus riche naturellement mais le plus pauvre économiquement ce qui sous-entend bien que ce sont les mécanismes économiques qui appauvrissent l'Afrique et tendent à maintenir dans l'imaginaire collectif que l'Afrique a besoin de charité et d'aide.
Là aussi, je vous recommande un livre qui pourra vous éclairer sur l'orchestration de la pauvreté à travers un livre écrit par Sophie Bessis: l'arme alimentaire écrit en 1979 et qui est encore plus d'actualité.
Comme vous avez dû le voir, malgré les avancées, nous ne sommes jamais à l'abri d'un retour de bâton.
Exemple: sur les semences qui pouvaient enfin être vendues légalement. Mais nous venons de l'apprendre la commission européenne s’oppose à cette mesure.
Le combat est donc pour tout le monde : https://carnetsdalerte.fr/2020/06/30/la-difficile-reforme-de-la-loi-illegitime-sur-les-semences
En résumé, continuons ce combat pour la justice économique, pour l'autonomie alimentaire dans tous les pays, pour notre intégrité également, pour notre avenir.
Merci à toutes et tous et continuons de diffuser massivement.