MORBIHAN :
Le département du Morbihan a décidé la mise à 2x2 voies de la Route D 769 entre Lanester et Caudan, dans le cadre d’un projet global de mise à 2x2 voies de la partie Lorient-Plouay -15kms- sur une route qu’on désigne souvent sous le nom de « route Lorient-Roscoff ». La section actuelle porte sur 3,8kms, entre Lanester et Caudan.
Cette décision nous semble être une grave erreur, pour de multiples raisons. Il est temps d’en prendre conscience, avant toute décision définitive.
Le département engage actuellement une nouvelle étape en organisant une enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique.
Portant cette fois sur les conséquences environnementales du projet, le dossier suscite de nombreuses réserves qui portent sur la « demande de dérogation pour la destruction d’individus et de milieux particuliers », qui concerne ici 56 espèces de faune et de flore protégées.
Le dossier comporte l’analyse du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), qui résume ainsi les impacts potentiels du projet : « 15,5 ha de milieux naturels impactés, dont 3,77 de boisement, 1,4ha de zones humides, 1186 m de cours d’eau (avec une rectification sur 1km), 2400m de haies… Provoquant un effet de fragmentation dans un corridor remarquable».
Cette destruction de sols naturels s’ajoute aux 4 000 hectares perdus dans le pays de Lorient depuis 1968, dont 2400 entre 2000 et 2010. Elle tourne ainsi le dos à l’objectif de « zéro artificialisation » des sols pourtant considéré comme indispensable dans le plan national « biodiversité » de juillet 2018.
Un tel bilan est très loin d’être anodin. Il a conduit le CNPN à porter, en l’état, un avis défavorable. Les mesures de compensation, estime t-il, « sont le plus souvent insuffisantes ». On observe d’ailleurs la faiblesse des réponses du département à ce rapport, souvent vagues ou générales, suspectant que les mesures envisagées n’ont pas été comprises ou très peu crédibles. On notera par exemple que la compensation des haies est prévue à Langonnet (38 km). Et on peut s’inquiéter de voir des obligations légales non respectées, telle la protection d’une espèce comme la libellule Agrion de mercure, qui figure pourtant à l’inventaire breton des protections maximum en zone dite ZNIEF.
On peut déplorer aussi le caractère réducteur et unilatéral du dossier présenté, qui minore les impacts en termes de pollution sonore, d’émissions d’oxydes d’azote et de micro-particules, dont les effets négatifs atteignent toutes les formes de vie, la vie humaine, animale et végétale formant, personne ne peut l’oublier, un tout, en symbiose permanente.
Alors que le trafic routier est source importante de pollution sonore mais aussi de problèmes de santé majeurs (pathologies respiratoires et neurodégénératives, allergies, problèmes immunitaires et même génétiques), le passage de la vitesse à 110 km/heure, actuellement prévu, augmenterait sensiblement les émissions de la concentration de polluants et aggraverait les problèmes. Pour un gain de 20 secondes pour les 3,8 kilomètres de mise à 4 voies. Avec, à l’extrémité, le même rond-point déjà souvent surchargé.
L’incertitude donc quant à l’impact réel du projet et ses effets délétères demeure et en matière de préservation de la santé humaine, le dossier de l’enquête ne permet pas de se rendre compte de l'évolution de la situation en termes de nuisances sonores et atmosphériques.
L’importance de ces atteintes renforce notre conviction, déjà bien étayée par la consommation importante d’espaces naturels, le coût de l’opération et le contexte de crise que nous connaissons, que ce projet n’est pas le bon choix. D’autres hypothèses de sécurisation existent, elles doivent être prises en compte, nous n’en écartons aucune par principe.
Nous proposons d’étudier notamment une solution mise en œuvre dans de nombreux projets de pays nordiques et qui s’étend également en France : des routes à deux fois une voie, des routes à chaussée séparées, à une voie par sens de circulation avec des créneaux de dépassement déterminés réglementairement qui pourraient se situer dans la partie rurale du projet. Et une vitesse limitée à 90km/heure, nécessitant le maintien des mesures anti-bruit actuellement prévues, pouvant être porté à 110 sur les quelques zones de dépassement.
Les résultats : un coût moindre, un très haut niveau de sécurité, moins de consommation d’espaces naturels, selon une enquête détaillée du CEREMA (Centre d’Etudes et d’Expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Et, point très important, une pollution diminuée, une réduction du bruit extérieur d’environ 2 DBA, importante dans une courbe exponentielle. Et une baisse des émissions d’environ 20% pour les oxydes d’azote et les PM 10, selon l’ADEME, et pour les PM 2,5, microparticules particulièrement pénétrantes dans les organismes.
Il n’est pas trop tard pour rouvrir ce dossier. Celui-ci, tel qu’il est conçu, est d’un autre siècle. L’urgence climatique, l’urgence sanitaire, la protection des espaces naturels et de la biodiversité sont aujourd’hui au cœur de nos préoccupations. Plusieurs centaines de projets du même ordre ont été abandonnés depuis deux ans, après des prises de conscience salutaires.
Demandons au département de reprendre ce dossier et de prendre en compte les nécessités de notre temps.
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