Massacre à la tronçonneuse : les 167 hêtres qui bordent l’allée du Champ de Bataille, au Neubourg, vont être abattus ce mois de Novembre

Bonjour à toutes et à tous,

Comme vous le savez certainement, sur les 167 Hêtres que comptait l’allée du Champ de bataille, 138 hêtres n’existent plus. Le Lundi 17 Janvier 2022, Isabelle Vauquelin, Maire de Le Neubourg (département de l’Eure) a choisi de commettre l’irréparable en mettant son projet à exécution avec l’aval de la préfecture (le préfet de l’Eure et la sous-préfète de Bernay) qui ont autorisé la coupe de 138 hêtres. Malgré le diagnostic 2021 de l’ONF qui préconisait de ne couper que 36 arbres et l’intervention de nombreuses associations de défense de l’environnement pour protéger la riche biodiversité de cette allée inscrite, la Maire et son adjoint à l’environnement, Francis Bronnaz, ont fait la sourde oreille.

Le jugement contre la municipalité a été rendu le 10 mars 2022 : le tribunal administratif de Rouen a annulé les arrêtés municipaux de décembre 2020 qui décidaient l’abattage. Le tribunal a reconnu que seuls 30 hêtres de cette allée devaient être abattus pour des défauts irréversibles. Le juge a également indiqué que l’invocation du motif de sécurité était injustifiée et pourtant le mal est fait !

Les arbres soit disant malades et dangereux ont rapporté beaucoup d’argent à l’entreprise d’élagage. Voici un extrait du Paris-Normandie du 28 janvier 2022 :

« Sur le devis que l’entreprise d’élagage ornaise Jean Freon a adressé à la mairie, et que Paris-Normandie a pu consulter, le montant semble effectivement faible puisqu’il s’élève à 10 020 €. Selon plusieurs élagueurs eurois interrogés, l’opération aurait dû coûter dix fois plus cher. Si le prix est si faible, c’est en raison de la « valeur du bois récupéré par nos soins », se justifie l’entreprise ornaise. »  Source : journal Paris-Normandie

Isabelle Vauquelin, maire de la commune du Neubourg et les services de l’Etat ont justifié cet abattage pour concilier 3 enjeux : sécurité-biodiversité et paysage. Or si l’on communique toutes les informations de ce dossier :

• La sécurité : parmi les 29 hêtres qui n’ont pas été abattus, certains sont morts ou malades. Par contre, parmi les 138 arbres abattus, de nombreux arbres étaient sains, ils ont pourtant disparus. Dans 5 ans, les 29 hêtres seront abattus, il n’y aura plus aucun grand arbre dans cette allée.

• La biodiversité: La LPO a proposé 5 scénarios. La maire qui dit vouloir protéger l’environnement a pourtant choisi le pire scénario en dehors de l’abattage total. Il était inscrit dans le diagnostic de la LPO que couper +75% des arbres du site reviendrait à la disparition des 18 espèces protégées recensées sur le site. C’est donc le cas aujourd’hui car 82% des arbres ont été abattus. Les 29 arbres restants qui ont été très élagués, ne seront en place que 5 ans ! En 2027, ils seront également abattus, la municipalité a eu le feu vert de la préfecture et des services de l’Etat (DREAL-DDTM-ABF).
  
  

Bref rappel historique : après avoir voulu abattre tous les hêtres de l’allée sans avoir fait d’études au préalable de la biodiversité en novembre 2020 comme l’exige la réglementation, après avoir nié la présence d’espèces protégées (cf la revue de la commune « Vivre ensemble » juillet 2021), après avoir participé aux rebouchages des cavités des hêtres en décembre 2020 avec de la mousse expansive, après avoir refusé de diffuser les diagnostics de la LPO et de l’ONF aux conseillers et aux habitants (publiés seulement fin novembre 2021, une fois la demande de dérogation faite à la DREAL) après avoir demandé une dérogation pour la destruction d’habitat d’espèces protégées à la DREAL le 24 novembre 2021, la municipalité et notamment Mr Bronnaz, adjoint à l’environnement, ont décidé de répandre de la chaux vive sur les 800 mètres de cet espace naturel en sacrifiant toute la vie microbienne du sol au prétexte de détruire les champignons présents sur le site. L’aspect biodiversité n’est qu’un moyen de communication pour la maire qui prétend faire attention à l’environnement. Ses décisions sont en contradiction avec le respect de l’environnement.

• Le paysage: couper les arbres sains de cette allée et garder certains arbres malades et morts est tout sauf une solution pour préserver la beauté du site. D’ailleurs, concernant l’aspect paysagé, je vous laisse en juger (voir photo ci-dessus). Il faudra des décennies pour retrouver une belle allée ombragée (si les jeunes arbres qui doivent être replantés résistent au traitement à la chaux, au réchauffement climatique et au vent sur ce plateau !)

L’aspect financier a primé sur l’aspect écologique et paysagé. La municipalité a préféré troquer le bois des arbres sains en échange de l’abattage alors qu’il s’agissait d’une allée inscrite et non d’une exploitation forestière ! Les habitants du département, de la communauté de communes du pays du Neubourg et de la commune du Neubourg vont devoir financer un peu plus de 450 000 euros du projet « Allée du Champ de bataille » de Mme la maire, à savoir, la construction d’un parking (appelé pudiquement « aménagement urbain ») à l’entrée de cette allée et la replantation des arbres (mais tout de même moins puisque l’allée en comptait 184 arbres). Il aurait été possible de remplacer au fur et à mesure les arbres malades et de laisser le parking déjà en place à l’entrée de la forêt. La politique de Greenwashing est en marche. D’autres arbres ont été coupés sur la commune, d’autres sont à prévoir pour satisfaire ses projets !

Merci à toutes et à tous pour votre soutien. Merci également aux associations (GNSA, FNE…) aux personnalités publiques et politiques pour leur soutien et notamment à Hugo Clément (Journaliste), Delphine Batho, (ancienne ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie) pour ne citer qu’eux.

Je reste à votre disposition si vous avez des questions, des remarques. Je vais suivre attentivement le réaménagement de l’allée.

[email protected] 

Bien à vous,

Adrien Brunet