Il y a un peu plus d’un an, nous dénoncions des équipements et aménagements à demeure de voies d’escalade dans la partie occidentale des Béguines (versant nord de la Sainte-Baume). Une trentaine d’itinéraires (a minima) y ont été équipés. Cette grande paroi nord du massif, particulièrement sauvage, constitue un réservoir de biodiversité très important, et il convient donc de la sanctuariser afin que perdure le caractère exceptionnel de cette entité, une des dernières de Provence à être restée en dehors de toute artificialisation conséquente.
Pourtant l’escalade s’y pratique depuis des lustres. Une escalade façon alpinisme, avec très peu de points d’assurage inamovibles, et où la protection est sous l’entière responsabilité des pratiquants. De ce fait, la fréquentation est très faible (hormis l’itinéraire du Balcon Marcel Estruch). L’équipement à demeure de ces voies sportives constitue une brèche dans la préservation de cette paroi. Actuellement, l’esprit grimpeur majoritaire est d’équiper tout ce qu’on peut. Seule compte la reconnaissance et la quête de performance. Ce principe balaye toute considération d’ordre éthique ou écologique. Les contraintes ne sont que des aléas que l’on contourne si possible.
Dès lors nous avons fait paraître une pétition qui a recueilli pas loin de 7000 signatures. Suite à cela, des grimpeurs alertés et scandalisés par cette manière de faire ont déséquipé six des voies. Enfin, le PNR s’est saisi de l’affaire, et une réunion a été organisée au cours de laquelle les différentes parties (également l’ONF, la FFME 83 et 13, le CENPACA et la LPO) ont exposé leurs points de vue respectifs. En conclusion il a été demandé par la direction du PNR de remettre le site en l’état, ce qu’avait déjà exigé par écrit le président du parc naturel. Les équipeurs se sont engagés à le faire.
Les grimpeurs ayant déséquipé les six voies (nous avons été très fortement « soupçonnés » cela va de soi) ont été taxés d’ayatollahs lors de cette réunion ! Ceci appelle quelques mises au point. La Nature est un bien commun, sinon appartenant à la collectivité par l’intermédiaire des pouvoirs publics. Déséquiper ne tombe pas sous le coup de la loi, a fortiori lorsque que ces mêmes pouvoirs publics vont clairement en ce sens. En revanche, comment qualifier une attitude individualiste qui consiste à s’approprier d’autorité, sans aucune concertation et clandestinement, un territoire qui appartient à la collectivité ? Et ce sont ces mêmes personnes qui s’indignent d’un déséquipement autoritaire, comme si les falaises leurs appartenaient...
Ces gens-là confondent tolérance et soumission. Également, il semblerait que pour eux la démocratie soit la foire aux individualismes, et non l’organisation collective d’une société qui respecte tout le monde, y compris les minorités.
Nous n’accepterons pas de nous soumettre à la validation par le fait accompli. Aucune légitimité ne se niche dans cette manière de s’approprier la Nature. Relevons aussi qu’un couple de faucons pèlerins qui nichait sur place a déménagé depuis, a priori dans un secteur plus risqué pour lui...
Des observations récentes sur le secteur font état d’autres voies « déséquipées », probablement du fait de ceux qui se sont engagés à le faire lors de la réunion officielle. Cependant, il apparaîtrait que seules les plaquettes ont été retirées. Ces voies ne seraient donc pas neutralisées et pourraient être remises en fonction du jour au lendemain...
Il semblerait par ailleurs que la volonté de remettre en l’état le secteur s’effrite... ce que nous craignions.
ADENA a prévu de faire des observations sur place afin de vérifier ce qui est dit plus haut, et continue de militer pour une remise en l’état réelle du site assortie d’une protection règlementaire des Béguines qui interdise la transformation de ce site exceptionnel. Un rassemblement de personnes (y compris de grimpeurs acquis à notre cause) pourrait être prévu.
Ces nuances peuvent apparaître absconses au profane. Elles sont cependant absolument déterminantes. Des grandes voies « montagne » peuvent présenter parfois et ponctuellement des points d’assurage inamovibles. Mettre l’accent sur cet aspect très partiellement commun et qui aboutirait à une soi-disant contradiction n’a d’autre but que de discréditer les réfractaires au « tout équipement ». Identifier cette pratique avec celle qui consiste à équiper par le haut des voies sportives en généralisant l’usage de scellements, principe de base d’une telle pratique, relève de la mauvaise foi. Dans une situation nous avons affaire à une norme, dans l’autre à une exception dont on cherche à se passer. L’esprit de l’une est aux antipodes de l’autre qui, en plus d’un équipement rationnel général, concentre les itinéraires, s’autorise la taille de prises, aménage, domestique la Nature...
Merci à vous de continuer à diffuser cette pétition.
Vous pouvez également lire la nouvelle Newsletter de l'ADENA ici :
https://adenasaintebaume.wixsite.com/adena/newsletters
Bonne lecture
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.