Depuis près de 50 ans, un projet de déviation de la Route Départementale 154 est à l’étude dans les Yvelines. Les justifications du projet ont fortement fluctué au fil du temps.
Au départ, ce nouvel axe devait desservir de nouveaux quartiers de Verneuil-sur-Seine. Mais ces derniers ne virent jamais le jour, du fait de la mobilisation forte des habitants pour préserver les espaces boisés menacés par ces constructions. Le projet a tout de même été maintenu.
En 2004, selon le dossier présenté à l’enquête publique, il s’agissait désormais de :
Des arguments qui font fausse route en 2021
La circulation des poids lourds n’est pas aujourd’hui un problème à Verneuil et Vernouillet. Elle stagne depuis plusieurs années et surtout, ce n’est pas un trafic de transit. En aucun cas, cette déviation ne participerait à faciliter l’accès à l’autoroute A13 puisque d’un côté, elle aiguillerait le trafic dans une zone déjà totalement congestionnée, aux Mureaux, en particulier au niveau du Pont de Meulan. Et de l’autre, elle entraînerait également une augmentation du trafic dans Chapet, où les rues ne sont pas adaptées à ce nouvel afflux de véhicules.
L’argument sécuritaire est totalement discutable : la circulation dans Verneuil et Vernouillet n’est pas plus accidentogène qu’ailleurs. Si l’on voulait réellement améliorer la sécurité routière, alors mieux vaudrait réaménager l’actuelle RD154, ce qui permettrait aussi de baisser les nuisances sonores et d’améliorer la qualité de vie des habitants. Et c’est précisément ce que demandent les élus concernés.
Enfin, au sujet du maillage cyclable, rien n'empêche de développer un réseau Mantes-Poissy en bord de Seine, sans proposer une piste aux abords d'une voie rapide et donc dangereuse. D’autant que l’actuel tracé du contournement est aujourd’hui un sentier 100% piéton et cyclable et donc bien plus adapté aux mobilités douces que ne le sera une simple bande cyclable sur une route départementale à 80 km/h.
Un massacre écologique, agricole et paysager
Cette déviation a été imaginée à une époque où les besoins en mobilité étaient différents, et où la préoccupation environnementale n’était pas si forte. Les premières études techniques datent d’il y a plus de 20 ans. Elles n’ont pris en compte, ni l’arrivée d’Eole et de ses pôles de Vernouillet-Verneuil et les Clairières de Verneuil, et encore moins le développement des mobilités alternatives et du télétravail. Les choses changent et vite : nous ne sommes plus aujourd’hui dans une logique du tout voiture !
Cette déviation est aussi un massacre écologique, agricole et paysager. Elle couperait le Bois de Verneuil dans sa partie la plus riche en biodiversité : des landes et une zone humide (les Planes). Elle devrait également traverser toute la Plaine de Vernouillet en portant atteinte au paysage de cette plaine agricole préservée grâce à la mise en place de la Zone Agricole Protégée (ZAP) par la municipalité de Vernouillet. En pleine Ile-de-France, détruire de la forêt et des zones agricoles pour faire passer des voitures et des camions, n’est plus un modèle défendable.
Enfin cette déviation à un coût : 24 millions d’euros que le Département des Yvelines (à hauteur de 70%) et la Région Île-de-France (30%) ont provisionnés pour construire ce projet devenu inutile. Emploi, attractivité économique, mobilités douces, réhabilitation des quartiers… : dans cette période difficile, il y a d’autres vraies priorités, ici, dans ce territoire !
Un projet du Département contre les élus locaux ?
Face à cette situation, les Maires de Verneuil-sur-Seine, Chapet et Vernouillet ont organisé en octobre 2020, une consultation publique pour que leurs habitants se positionnent sur ce projet. Les résultats ont été sans appel : le « contre » l’a largement emporté avec 99,7% des voix à Chapet, 81,95% à Vernouillet et 79,92% à Verneuil-sur-Seine, avec des niveaux de participation (jusqu’à 47% à Chapet) qui ont montré la vitalité de la démocratie locale.
Malgré cela, le Président du Conseil Départemental des Yvelines, Pierre Bédier, en présence de son Vice-Président aux Mobilités Jean-François Raynal a affirmé sa détermination à maintenir le projet, non plus pour toutes les raisons évoquées jusqu’alors (devenues inaudibles) mais pour constituer un schéma de mobilités cohérent sur le secteur, jugé indispensable au désengorgement de la zone. Monsieur Pierre Bédier ajoutait plus tard que « la consultation citoyenne n’incarne en rien la vraie position des habitants du territoire, car seuls les élus sont légitimes sur le sujet ». Or, les élus rejettent ce projet.
Nous, élus de la République, demandons :