La pêche sur glace est une activité relaxante, excitante et accessible à tous. Cette pratique est bien ancrée dans nos habitudes car au Québec, elle compte plus de 205 000 adeptes, et qui totalise plus de 42,7 millions de dollars par année en retombées économiques1. Que l’on pêche seul, en groupe ou en famille, dans les lacs ou les rivières, en pleine nature ou en milieu urbain, cette activité nous permet de découvrir une variété d’espèces. Bien que cette diversité de poissons du Québec constitue une ressource naturelle renouvelable, l’équilibre demeure fragile. C’est pourquoi, des règlements ont été établis dans les 29 zones séparant le territoire quant aux dates, aux engins utilisés et au nombre de prises allouées pour chaque espèce.
Toutefois, plusieurs problématiques sont observées dans la zone 28, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Les règlementations actuelles sont très strictes et ne permettent pas une pratique de la pêche adéquate. Je demande donc que le gouvernement fasse preuve de plus d’ouverture quant aux normes et aux lois régissant cette activité dans notre secteur. L’objectif principal visé par cette demande serait donc de permettre aux adeptes d’avoir accès à la ressource par le biais d’une ouverture de saison de pêche comprise entre le 1er décembre et le 31 mars des espèces visées en territoire libre de la zone 28 (ombles, brochets, dorés, perchaudes). Notons les plans libres de cette zone incluent les plans d’eau qui sont exempts de toute organisation avec ou sans but lucratif, de statut de parc national, de ZEC ou qui relèvent du domaine privé.
Cet assouplissement des règles engendrerait plusieurs bénéfices que voici :
À titre comparatif, voici quelques exemples de règlementations qui sont présentement en vigueur dans différentes zones du Québec :
1 Source : https://mffp.gouv.qc.ca/publications/faune/statistiques/retombees-economique-ccp.pdf
Revenons à la zone 28, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Le brochet ferme le 30 novembre, de même que le doré et la perchaude. Pour les ombles, soit la principale espèce d’intérêt dans le secteur, la période de pêche se termine le 8 septembre. Le territoire possède tout de même certaines zones où la pêche sur glace est permise. Il est question d’une soixantaine de lacs, mais dans un territoire extrêmement vaste qui comporte des milliers de lacs en territoire libre. Le terrain de jeu est donc très limité. Étant donné le faible nombre de plans d’eau où il est permis de pêcher par rapport à l’étendue du territoire, la logistique des déplacements liée à l’activité limite grandement l’accessibilité à la ressource. Les mesures en place pour faire ouvrir un lac sont très compliquées, longues et inaccessibles pour la plupart des amateurs de ce sport et prennent souvent des années à être instaurées. Cela a pour effet que le plan d’eau ciblé se fait exercer une plus grande pression de pêche qu’il ne le devrait car l’achalandage augmente considérablement étant donné que c’est le seul du secteur. Cette mesure est donc inappropriée pour notre territoire et les gens considèrent que notre région n’est pas la plus favorable pour la pratique de ce sport.
Au niveau de l’économie, selon une synthèse du Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, il est écrit noir sur blanc que ce sont principalement les régions qui sont les bénéficiaires des retombées économiques directes et indirectes de la pêche sur glace. Tel que mentionné précédemment, la pêche sur glace des 4 principales espèces présentes sur le territoire est majoritairement fermée en territoire libre, ce dernier étant majoritairement représenté dans la zone 28, ce qui résulte que nous privons la région d’un incroyable potentiel économique. On estime à plus de 20 millions de dollars par année les dépenses courantes des pêcheurs sur glace au Québec. On parle ici de transport, d’alimentation, de forfaits, de frais d’utilisation de véhicules spéciaux, d’hébergement, d’achat de matériel de pêche, de droit d’accès, d’achat d’appâts et d’équipement, de services de guide, etc. On estime également à plus de 20 millions de dollars supplémentaires par année au Québec en dépense en biens durables pour la pêche sur glace. Il est ici question d’achat de véhicules spéciaux (VTT, motoneige, 4x4, etc.), achat de chalets, de camps de pêche, achat d’équipements de camping et de pêche. Dans une région comme la nôtre, nous observons trop d’endroits où l’économie tourne au ralenti dans la saison hivernale. Il serait donc primordial que le Saguenay—Lac-Saint-Jean puisse jouir du plein potentiel que lui offre cette ressource renouvelable et qu’elle ait sa juste part du gâteau. Comme nous pouvons le lire plus haut, la plupart des régions ont des plans de gestion qui permettent d’exploiter sainement leur ressource de poissons dans leur territoire libre, mais qui permettent tout de même la pêche hivernale.
Également, la saine exploitation vaut toujours mieux que l’interdiction. De nombreux adeptes sont majoritairement en désaccord avec le plan de gestion actuel. Ceux-ci se voient hélas pratiquer illégalement leur sport préféré en zone libre et doivent défier les lois en place. Malheureusement, cela représente une mauvaise image pour la relève, tels que des valeurs de braconnage, qui vont à l’encontre du principe de saine exploitation. Ces actes peuvent alors se transposer dans d’autres activités connexes comme la chasse. C’est ainsi que toute la chaîne bascule. Les fautifs étant déjà en situation de possible infraction n’ont rien à perdre et ne respectent nullement les limites de prises, les longueurs pour remise à l’eau et les types d’appâts et d’engins réglementaires. Le faible nombre d’agents et l’immensité du territoire n’aidant en rien, une fraction de ces gens se font prendre et cela perpétue l’habitude de mauvaises pratiques. Le fait de légaliser, dans des mesures proportionnellement raisonnables, la prise de truites, de doré, de brochets et de perchaudes sur la glace créerait assurément un engouement pour les saines pratiques de pêche sur la glace. L’établissement d’un projet pilote permettant la moitié des prises journalière en moyenne autorisé autour de notre région serait totalement acceptable. Par exemple : 10 ombles, 3 dorés, 3 brochets et 25 perchaudes.
Finalement, offrir une meilleure accessibilité à la ressource permettrait d’augmenter la popularité du sport auprès des jeune et ainsi faire perdurer cette pratique dans les années à venir. Comme vous pouvez le voir dans le tableau ici-bas, selon le gouvernement, la pêche sur glace représente l’activité la moins représentée par les hommes. Nous pouvons donc considérer qu’elle est plus propice à pratiquer en famille. D’un autre part, c’est l’activité la plus représenté par un groupe d’âge de 45 ans et plus. Dans la population vieillissante que nous connaissons, il serait important de renouveler l’intérêt envers cette passion et faciliter l’accès de cette pratique en territoire libre. Les jeunes et les familles pourraient bénéficier d’activités extérieures faciles d’accès pour se rassembler et profiter du plein air.
En conclusion, j’espère que ce texte d’opinion public sera lu par les bonnes personnes et que des changements seront apportés sur la réglementation de la pêche hivernale en territoire libre dans la zone 28. L’économie régionale, la ressource faunique et les générations futures ont tout à gagner. En ces temps où nos dirigeant font preuve d’ouverture d’esprit sur de nouvelles cultures, en feront-ils autant sur la pratique de cette activité ancestrale ?
Je vous sais gré de l’intérêt que vous portez à cette demande et vous prie d’agréer mes sincères salutations.
Sébastien Verville, Technicien de la faune
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