Pour la deuxième fois en un an, la ville de Paris impose sur le site du passage et du square Forceval un aménagement sans aucune concertation avec les premiers concernés, les habitants du quartier des Quatre Chemins à Pantin et de ses alentours.
Résultat : la cohabitation absurde et indécente d’un crématorium et d’une plateforme logistique à vélo sur un espace vert, un des très rares à relier Paris et sa banlieue en circulation douce.
Pour faire face à la saturation du crématorium du Père Lachaise, la ville de Paris a lancé un long et discrétionnaire processus de recherche pour implanter un nouveau complexe funéraire sur son territoire.
Parmi 12 sites envisagés, un terrain du XVème arrondissement présentait les avantages d’une proximité avec les hôpitaux et d’une position géographique à l’opposé du Père Lachaise. Mais dans l’arrondissement le plus peuplé de la capitale, on a craint une contestation des habitants et on lui a donc préféré le site de Forceval dont l’atout principal pour la mairie de Paris est certainement que ses voisins directs ne sont pas parisiens.
Coincé entre la rampe d’accès au périphérique et le Paris Event Center, l’espace est ce que les urbanistes appellent un « délaissé ». Les premiers habitants parisiens sont loin alors que les riverains des Quatre Chemins en sont les usagers réguliers.
Ils se mobilisent d’ailleurs depuis plusieurs années pour sortir de l’abandon cette porte verte entre Paris et Pantin et y faire émerger un projet à la hauteur des nouvelles porosités urbaines du Grand Paris.
De son côté, la mairie centrale, tout en se targuant de « participation citoyenne » et de « co-consruction » avec la banlieue, décide de manière unilatérale pour la deuxième fois un aménagement sur le site de Forceval.
Il y a un an, c’était l’implantation d’une plateforme logistique occupant la moitié du passage sous le périphérique. Le choix des Boîtes à Vélos, collectif d’entrepreneurs cyclistes avait l’enrobage écologique pour faire passer la pilule de l’arbitraire.
C’est par le même mode de décision que les habitants du quartier ont appris l’installation d’un complexe funéraire dont l’ouverture est prévue pour 2022.
Sur le petit parc arboré, seraient implantés un crématorium, un columbarium, des salons funéraires et, on l’imagine, un parking pour accueillir les dizaines de milliers de visiteurs pour les 4 000 crémations prévues à l’année.
Pourtant des alternatives existent. Non loin de là, le cimetière parisien de Pantin, le plus grand de France avec ses 107 hectares et ses arbres centenaires pourrait accueillir les cérémonies et les familles avec plus de solennité qu’entre le périphérique et des triporteurs à vélo.
Alors que le projet urbain de requalification de la Porte de la Villette va débuter, il est temps de mettre fin à la verticalité bureaucratique parisienne et aux incohérences qu’elle produit.
Vous pouvez, comme nous, habitants, associations de Pantin, d’Aubervilliers, du XIXème arrondissement, dire non à ce choix de crématorium à la Porte de la Villette et réclamer une véritable concertation de l’ensemble des concernés.
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