Pour une amélioration de la qualité de l'eau distribuée

23 août 2024

La pollution des eaux superficielles par des épandages est visible

Dès qu’un déversement de produits organiques bruts, liquides, tels que des lisiers de porcs, s’effectue dans une rivière, les conséquences sont immédiates, la mort des poissons. Les Fédérations de pêche et des Associations sont immédiatement alertées et partent à la recherche des responsables.

La région Bretagne est l’exemple le plus significatif de ce genre très fréquent de pollutions des rivières et fleuves, relatés par des articles dans les journaux Ouest France ou le Télégramme et enquêtés par la célèbre et active Association "Eaux et rivières de Bretagne" qui n’hésite pas à intenter des procès aux pollueurs.

Ainsi, par exemple, la pollution du Jaudy dans les Côtes d’Armor a entraîné la mort de poissons sur des kilomètres d’abord en 2017 à la suite de l'écroulement du mur d'une porcherie et le déversement dans le fleuve de 400 m3 de lisier puis en 2022 à hauteur d'une usine de production d'eau potable à cause de dépôts de boues grisâtres colmatant le lit du fleuve.  A la suite de ces évènements, les associations ont immédiatement adressé plusieurs requêtes au préfet et saisi les tribunaux.

La cause la plus fréquente des pollutions est évidemment l’épandage de lisiers issus des élevages de porcs en nombre tellement impressionnant qu’il dépasse le nombre d’habitants. Malgré les actions énergiques des associations de protection de la nature, les élevages industriels de porcs non seulement se maintiennent mais progressent en nombre. La cause n’étant pas supprimée, la mort régulière de poissons perdure et la prolifération des algues toxiques sur les côtes se poursuit inexorablement. C’est effrayant !

La pollution des eaux souterraines par des épandages est invisible

La pollution des eaux souterraines est généralisée sur tout le territoire français et elle atteint les "captages d’eau potable" destinés à l’alimentation des habitants. Elle est due aux pratiques d’un "SYSTÈME", c-à-d "d’un "ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout, un corps de doctrine". Il s’agit plus précisément ici du nécro-système de l’agriculture industrielle productiviste, structurellement polluant, hélas encouragé par les Pouvoirs publics et surtout par le Ministère de l’agriculture.

Face à ce système mortifère généralisé, il est devenu impossible de protéger tous les captages d’eau potable. Une procédure dite de "captages prioritaires" a donc été initiée à la suite du Grenelle de l’environnement de 2007 pour laquelle 500 puis 1.000 captages sont concernés.

Désormais, il ne s’agit plus seulement de protéger les captages des pollutions ponctuelles par les fameux périmètres de protection, immédiate, rapprochée, éloignée, les PPI, PPR, PPE. Il s’agit également d’assurer une protection beaucoup plus large, à l’intérieur de toute la zone d’où provient l’eau captée, l’Aire d’Alimentation du Captage, l’AAC. Et là, nous changeons totalement de dimensions géographiques. De quelques hectares, nous passons à des centaines d’hectares à protéger.

La démarche est ambitieuse, rappelée dans l’INSTRUCTION DU GOUVERNEMENT DU 5 février 2020 RELATIVE À LA PROTECTION DES RESSOURCES EN EAU DES CAPTAGES PRIORITAIRES, laquelle prévoit d’engager un plan d’action visant à réduire les pollutions diffuses d'origine agricole et non agricole sur tous les captages prioritaires avant fin 2021.

Nous sommes en 2024 et ces plans d’action ont pris un énorme retard. Les pollutions diffuses sont toujours aussi importantes et les habitants reçoivent à leurs robinets des eaux chargées en nitrates et pesticides sans que cela ne provoque de vives réactions puisque "ça ne se voit pas". D’ailleurs même lorsque l’eau est qualifiée de "non potable", elle est cependant déclarée "consommable".

Durant cet été 2024, un évènement nouveau est intervenu dans la Plaine de la Valdaine (Drôme) ! Des odeurs pestilentielles, respirées par les habitants de villages proches de leur captage d’eau "potable", ont envahi l’atmosphère au début du mois d’août et sont toujours discernables en cette fin du mois.

Des visites de terrains ont permis de repérer des parcelles qui sont situées dans l’AAC du captage au sein desquelles des produits organiques liquides bruts, non compostés, nauséabonds, ont été épandus qui dégagent ces odeurs pestilentielles.

Cet élément nouveau, olfactif, rend "perceptible" les pollutions diffuses et pourrait, devrait, entraîner des actions de lutte. C’est indispensable en terme de santé publique.