Dernière minute, le 16 novembre 2023 : La Commission européenne ré-autorise l’utilisation du glyphosate, herbicide classé cancérigène, pour 10 nouvelles années !
Le 30 mars 2023, le Syndicat des Eaux du Bas Roubion et de Citelle (SIEBRC) situé dans le département de la Drôme adressait à tous ses abonnés un courrier les informant que l’eau captée dans son forage des Reynières situé à BONLIEU-SUR-ROUBION présentait une concentration de l’herbicide S-Métolachlore égale à 0,24 µg/l et dépassait donc la norme de potabilité fixée à 0,1 µg/l pour les eaux destinées à la consommation humaine. Le Syndicat ajoutait aussitôt que la "valeur sanitaire maximale" (VMAX) fixée par l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), n’était pas dépassée. D’après cette Agence, la concentration maximale qu’un individu peut ingérer sans effet néfaste est égale à 10 µg/l s’il boit 2 litres d’eau par jour. Il en a été conclu que le dépassement de la limite de potabilté n’entraîne pas la restriction de la consommation de l’eau dite "potable".
Nous sommes très dubitatifs sur cette notion de VMAX qui nous semble être une entourloupe de l’ANSES. La DGS (Direction Régionle de la Santé) lui avait en effet demandé une expertise sur la VMAX pour différents pesticides et métabolites dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Le rapport de l’ANSES de mars 2013 intitulé « Exposition aux résidus de pesticides par l’eau de distribution - Contribution à l’exposition alimentaire totale - Evaluation des risques » n’a pas remis en cause la méthode de construction des VMAX telle que détaillée dans le rapport de l’AFSSA de novembre 2007 ! Et donc l’ingestion d’une eau contenant un pesticide ou métabolite de pesticides à une concentration inférieure à la VMAX n’entraînerait aucun effet néfaste pour la santé sur la base des critères toxicologiques retenus et en l’état actuel des connaissances.
Rappelons que l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été créée le 1er juillet 2010 par la fusion de deux agences sanitaires françaises : l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et l’AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail), qu’elle est un Établissement public à caractère administratif et qu’elle est placée sous la tutelle des ministères chargés de la santé, de l’agriculture, de l’environnement, du travail et de la consommation.
Rappelons à ce sujet qu’André Cicolella, chimiste-toxicologue, porte-parole du Réseau Environnement Santé (RES) avait publié en mai 2009 un article intitulé "Les bases scientifiques de l’AFSSA sont-elles solides ?" sur le site de l’association inf’OGM et qu’il avait conclu que cet Établissement, en tant qu’instance d’évaluation, ne peut garantir l’innocuité sanitaire, que sa méthodologie doit être entièrement réformée, notamment son incapacité à prendre en compte des études qui contredisent ses conclusions. Le 30 juin 2011, ce même André Cicolella déclarait au journal "Le Point" que : "Ce qui pose problème est la grille d'analyse de l'ANSES qui date des années 1970 et qui ne correspond pas aux connaissances scientifiques actuelles". Les compétences de cet organisme se sont-elles améliorées depuis 12 ans ? Nous osons l’espérer ! L’ANSES a en effet proposé en janvier 2019 une méthodologie pour évaluer, au vu des connaissances scientifiques disponibles, les métabolites de pesticides au regard de la pertinence ainsi définie dans les eaux destinées à la consommation humaine, différenciant toujours les métabolites pertinents et non pertinents.
Pour revenir sur l’herbicide S-Métolachlore, son autorisation arrivait à expiration le 31 mars 2015 et sa réévaluation était en cours au niveau européen depuis 8 ans ! De nouvelles études toxicologiques et épidémiologiques avaient été effectuées et les nouvelles données ont conduit l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) à classer en juin 2022 le S-Métolachlore comme une substance cancérigène et à le suspecter d'être un perturbateur endocrinien. Le ministre de l'agriculture avait pourtant osé déclarer le 30 mars 2023 au Congrès de la FNSEA : "Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d'une agence". Cette déclaration est d'une énorme gravité car ce ministre privilégie l'exportation de produits agricoles à la qualité de l'eau distribuée aux citoyens.
De très nombreuses autres substances pesticides sont hélas toujours bien présentes dans l’eau du robinet. Le laboratoire d’hydrologie de Nancy de l’ANSES, qui est devenu le laboratoire de référence pour les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), apporte désormais un appui scientifique et technique à la Direction générale de la santé (DGS). Dans ce cadre, l’ANSES a publié le jeudi 6 avril 2023 un rapport sur l’eau destiné à la consommation humaine et elle s'est plus particulièrement intéressée à "la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers". Selon cette Agence, un cas se dégage, celui du métabolite du Chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020, mais longtemps utilisé dans de nombreuses cultures (vignes, céréales, pommes de terre), qui est retrouvé le plus fréquemment, "dans plus d'un échantillon sur deux" avec des dépassements de la limite de qualité "dans plus d'un échantillon sur trois".
La pollution des milieux est hélas complètement généralisée. Elle est encore plus préoccupante que ce que nous connaissions. Nous ignorions en effet jusqu’à présent que certaines substances actives pesticides peuvent être des PFAS, des polluants éternels (qui ne se dégradent pas et sont persistants dans les milieux naturels) dont de nombreuses études scientifiques démontrent qu'une exposition chronique, à faible dose, a été associée à des effets néfastes sur les systèmes cardiovasculaire, reproductif, hormonal et immunitaire (cholestérol, cancers, problèmes de fertilité et de développement des fœtus).
Les ONG "Générations Futures" et "Pesticide Action Network Europe" nous révèlent dans un rapport du 9 novembre 2023 que des produits formulés pesticides peuvent contenir des adjuvants de type PFAS qui sont utilisés massivement et intentionnellement en agriculture. Les pesticides PFAS sont utilisés comme substances actives parce qu’ils permettent d’avoir une plus grande stabilité des produits, ce qui leur permet d’être plus efficaces. Ainsi, 30 substances actives pesticides PFAS sont autorisées en France.
Nous apprenons également, grâce à un article paru dans le Canard enchaîné du 18 octobre 2023, que le directeur de l’ARS Occitanie a lancé le 23 septembre 2023 un message alarmant dans lequel il annonce qu’il y a des PFAS et des métabolites partout et que "plus on va en chercher et plus on va en trouver". C’est terrifiant !
Le livre d’André Cicolella "TOXIQUE PLANÈTE" paru au Seuil en octobre 2013 reste non seulement d’une brûlante actualité mais s’avère en outre 10 ans après sa sortie, largement en dessous de la funeste réalité actuelle.
A la lecture de ce livre très documenté, il s’avère indispensable de repenser notre façon de vivre, de consommer et de travailler, mais il s’avère urgent aussi de manifester une forte pression sur les dirigeants politiques pour qu’ils s’activent enfin, mettent en œuvre et financent des actions efficaces à tous les niveaux des activités économiques pour que la terre redevienne habitable.
Hélas ! Il apparaît en ce jeudi 16 novembre 2023 que la France a trahi notre confiance en s’abstenant de voter pour que le glyphosate ne soit pas réautorisé. La France a privilégié l’économie agricole productiviste, toxique, mortifère, au détriment de la santé des citoyens européens. C’est triste et lamentable.
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