20 juillet 2023,
La transition écologique telle qu’elle se présente actuellement est un miroir aux alouettes, un piège qui certes peut séduire, mais un piège qui est mortifère. Ce n’est pas en remplaçant toutes les voitures thermiques par des voitures électriques, ce n’est pas non plus en additionnant les énergies renouvelables à l’énergie nucléaire, et ce n’est surtout pas en protégeant l’agriculture productiviste, que nous allons sortir de l’impasse dans laquelle évolue le système économique actuel basé sur le mépris, du moins sur l’indifférence, de tout ce qui est Vivant, à la fois par l’exploitation effrénée des ressources terrestres, énergétiques, minérales, végétales, mais aussi par la totale domination des humains sur l’ensemble des êtres vivants qui peuplent la Terre.
Dominique Méda, sociologue, directrice de l'IRISSO (Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales) qui préface le livre "CHANGER DE BOUSSOLE" d’Olivier de Schutter paru en mai 2023, estime qu’il faut radicalement changer notre système de valeurs, notre cosmologie, nos cadres cognitifs, Elle en appelle à une "reconversion écologique" qui rompt avec le paradigme de conquête et de domination de la nature par les humains, qui met le Vivant au centre de notre attention dans un rapport de respect, de soin, d’amour.
Cette vision nouvelle et fructueuse nous conduit vers un concept apparu dans les années 1980, la biodiversité, qui désigne l’ensemble des êtres vivants et leurs écosystèmes (définition des écosystèmes : ensembles d’êtres vivants qui vivent au sein d’un milieu ou d’un environnement spécifique et qui interagissent entre eux au sein de ce milieu et avec ce milieu). A partir de 2006, les scientifiques découvrent un phénomène étonnant et déterminant. Tous les sols comme tous les humains ainsi que tous les autres êtres vivants possèdent un ensemble de micro-organismes, bactéries, virus, parasites et champignons, organisés en écosystèmes dits microbiotes, qui vivent en complète symbiose avec l’organisme hôte, qui jouent un rôle majeur tant au niveau physiologique que physiopathologique et qui sont indispensables à leur santé. Tous les êtres qui vivent sur terre sont en étroite coopération dans un équilibre permanent les uns avec les autres.
Laurent Palka, Maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle, auteur du livre "Microbiodiversité" paru en décembre 2018, confirme dans un article publié en mars 2023 dans la revue Aprifel : "Le sol, les plantes, les animaux et les êtres humains partagent une grande diversité de micro-organismes tels que les virus, les bactéries, les archées, les champignons et les protistes. L’ensemble de ces espèces forme des communautés spécifiques appelées microbiotes, qui jouent un rôle essentiel dans la santé de l’homme et des écosystèmes. Le sol présente évidemment un rôle essentiel dans la spécificité de la Vie. Il est considéré comme le plus grand réservoir de diversité microbienne". Un sol qui retrouve son microbiote et sa vitalité peut ainsi participer à la lutte contre le réchauffement climatique et à la lutte contre la pollution des eaux.
Serge Zaka, agroclimatologue, pense que l’on a tendance à trop spécialiser les compétences dès le niveau du Bac. Ainsi les futurs agronomes choisissent une spécialité biologie, alors que les futurs météorologues et climatologues choisissent la physique. Dès lors, ce sont deux mondes qui ne se croiseront plus. C’est la même configuration que nous retrouvons entre les hydrogéologues et les agronomes. Il apparaît donc nécessaire de supprimer les murs qui séparent les spécialistes entre eux et les enferment dans leur propre discipline et de développer des compétences croisées. Avec de tels profils, l’agronome ou le pédologue pourra comprendre l’hydrogéologue et vice versa, ce qui permettra des avancées significatives dans la lutte contre les pollutions diffuses des eaux d’origine agricole.
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