Sainte Aimée le 13 octobre 2025
En exergue du livre "ET CHAQUE FOIS, MOURIR UN PEU" de Karine GIEBEL nous pouvons lire un extrait d’un poème de Victor HUGO (Œuvres complètes, Poésie, Tome VII) : "Depuis six mille ans, la guerre - Plaît aux peuples querelleurs, - Et Dieu perd son temps à faire - Les étoiles et les fleurs".
Sont-ce bien les peuples qui font la guerre en cette époque si dangereuse ? L’autrice relate les missions d’un infirmier dans les multiples zones de guerre, en Bosnie-Herzégovine, Rwanda, Tchétchénie, Colombie, Ingouchie, Casamance – Ziguinchor, Libéria, Nord-Kivu en RDC, Afghanistan. Des miliciens en bandes organisées, qui embrigadent des enfants de force, massacrent, violent, mutilent les femmes. Des Etats criminels bombardent volontairement des civils à Gaza et en Ukraine. Ce sont les enfants et les femmes qui paient le tribut le plus lourd de tous ces crimes horribles. Ce monde est administré par des mâles dominants prédateurs.
Dans son livre "Aux Origines de la domination masculine", paru en août 2025, Claudine COHEN retrace le processus qui a conduit, en plusieurs étapes cumulatives, de l'apparition des premières traces de domination exercée par les hommes sur les femmes à l'institutionnalisation du patriarcat. Une lectrice, Fontenella, du réseau social babelio dédié aux livres et aux lecteurs, précise : " À partir du Néolithique, la mise en place permanente d’une économie de production et de stockage, fondée sur l’agriculture et l’élevage et sur un mode de vie sédentaire, joue un rôle crucial dans le renforcement des hiérarchies de genre. Aux femmes, il appartient alors d’assumer les tâches domestiques, l’éducation d’enfants nombreux, les soins des végétaux et du bétail. La sédentarité tend à les confiner à la sphère privée, où elles subissent les contraintes et les violences imposées par les hommes, qui de leur côté s’approprient l’exercice du pouvoir politique et l’ouverture aux interactions sociales et à la découverte du monde, à l’espace du savoir."
La domination politique, sociale, conjugale, des femmes par les hommes n’est pas une fatalité. Elle a été construite au cours des millénaires mais elle est en cours de déconstruction. La tâche est extrêmement rude et le mouvement de libération "Me Too" est affreusement contrecarré actuellement par des mouvement masculinistes violents. Depuis l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, le slogan "ton corps, mon choix" est devenu viral dans les sphères masculinistes, utilisé comme une formule de harcèlement à l'égard des femmes, notamment sur les réseaux sociaux.
L’historienne Michelle Perrot a cependant une vision optimiste. Elle estime : "Ce qui a existé résiste et persiste. L’histoire n’est pas linéaire, elle est faite de reculs et de ressacs, d’avancées et de backlashs (1) mais ce qui est acquis devient un substrat. On n’efface pas ce qui a existé, on n’abolit jamais l’histoire. Les acquis demeurent dans le tissu social, dans la trame des êtres, et c’est réconfortant. A nous de transmettre les héritages des femmes qui nous ont précédés. L’histoire n’est pas un fil, mais un tissu. Les choses s’enlacent et les réminiscences des expériences émancipatrices peuvent aider à résister et à en vivre de nouvelles."
Il convient donc de rester optimistes et de continuer la lutte avec ardeur ! Le monde d’aujourd’hui doit être majoritairement dirigé par des Femmes pour qu’il redevienne "habitable" pour l’espèce humaine et pour tout le "Vivant".
(1) : concept de Susan Faludi, désigne le recul des droits des femmes après chaque avancée.
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