Parce que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, toute société se doit d’offrir à ses enfants une éducation de qualité, et pour que les enseignants soient à la hauteur de la lourde tâche qui leur incombe, il est primordial de leur proposer une formation de qualité.
J’ai longtemps souhaité devenir Professeur des Ecoles, mais j’ai changé d’avis en découvrant le contenu de la formation. Le programme m’a paru ridicule, voire insultant, au regard de l’ambitieuse tâche qui incombe aux maîtres, celle d’élever les esprits de demain.
A l’heure actuelle, pour devenir professeur des écoles, il faut valider le CRPE, ce qui peut se faire après une licence, peu importe laquelle, et une année de master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation) ou n'importe quel autre Master ou diplôme équivalent. Une fois le concours réussi, il faut effectuer un stage d'un an et passer devant un jury. Les professeurs des écoles ont donc un diplôme bac +5 en poche, mais aucune formation spécifique. Et le CRPE ne contient que 2 épreuves écrites : français et mathématiques, comme si maîtriser le français et les mathématiques suffisaient à les enseigner ! Pourquoi n'existe-t-il pas une formation spécifique au métier d'enseignant ? un métier aussi important pour l'avenir de notre société !
Les professeurs des écoles sont très mal informés sur le développement de l’enfant, ne savent pas comment un enfant apprend à lire, ni quels sont les processus cognitifs impliqués dans la lecture ou les mathématiques, ils ne savent souvent pas comment découper correctement les mots en syllabes et en sons alors qu’ils apprennent aux enfants à le faire, n’ont que très peu de connaissances sur le cerveau, son développement, les fonctions exécutives, les troubles des apprentissages etc.
Je reçois régulièrement dans mon cabinet d’orthophonie des enfants qui sont en échec alors qu’ils ne sont ni dyslexiques ni dyscalculiques. Ils ne mettent pas de sens sur la plupart des apprentissages, n'ont aucune idée de comment on fait pour apprendre et ne voient aucune utilité à ce qu'ils apprennent. La plupart ne savent pas ce qu’est un nom ou un adjectif (et encore moins à quoi ça sert), ni ce que signifie soustraire ou multiplier. En cas d’échec on rejette toujours la faute sur l’enfant (il est fainéant, distrait, pas motivé), c’est lâche et absurde : tout enfant est avide d’apprendre et capable de le faire, pour peu qu’on lui en donne les moyens.
Il serait grand temps de fournir aux maîtres les connaissances et outils qui leur donneront toutes les clefs pour mener à bien leur mission, qui est fondamentale pour l’avenir de notre société. Pourquoi attendre qu’ils aient une licence en poche pour les former ? Leur formation doit être prise au sérieux et considérablement enrichie. Elle pourrait démarrer dès la première année d’étude, avec la création d'une licence Education et Enseignement Primaire, afin qu’ils aient vraiment le temps d'apprendre leur métier (cours théoriques et longs stages pratiques). On pourrait ainsi fermer l’accès au Master MEEF via toutes les autres licences (en laissant la possibilité de passerelles, de dispense de certains modules pour les étudiants ayant validé d'autres diplômes).
Une formation de qualité permettrait d’attirer de jeunes bacheliers compétents et motivés, et réduire le nombre d’étudiants errants et désabusés qui choisissent l’enseignement par défaut, parce que la licence qu’ils ont choisie ne les mène à rien d’autre.
L’éducation est le meilleur investissement que l’on puisse faire aujourd’hui. C’est un projet ambitieux, qui ne se fera pas en un jour, mais dont le rayonnement dépassera tout ce que nous pouvons espérer aujourd’hui.
Une éducation de qualité permettra à la fois :
- d’améliorer le niveau scolaire des jeunes enfants, leur permettre d’accéder à l’enseignement secondaire avec des bases solides et une motivation intacte (et donc, à terme, lutter contre l’illettrisme)
- un épanouissement des élèves, qui se sentiront respectés, écoutés, guidés dans ce qu’ils ont de meilleur, et accompagnés dans leur voie, réduisant ainsi le nombre de phobies scolaires
- un épanouissement des enseignants, qui pourront retrouver leur prestigieux statut de « maître » et leur autorité souvent écornée, se sentiront plus compétents, mieux outillés
- de réduire considérablement les inégalités sociales, en offrant à chaque enfant la possibilité de choisir son avenir en fonction de ses compétences et non de son milieu social
- de réduire la violence à l’école, et dans un second temps, la délinquance
- de redonner confiance en l’école publique aux parents, et ainsi réduire le nombre aujourd’hui croissant de parents qui choisissent l’instruction en famille
- de ne plus avoir la moitié de la population française « fâchée avec les maths » (encore une spécialité nationale dont on se passerait volontiers)
- de désengorger les cabinets d’orthophonie
J’irai plus loin en avançant qu’une éducation de qualité serait le meilleur moyen de lutter, à long terme, contre la montée des extrémismes et le terrorisme, en garantissant aux Français une vie meilleure, où chacun peut s’épanouir et prendre son destin en main.
La formation des enseignants devrait inclure, entre autres, des cours :
- sur le développement de l’enfant
- sur l’histoire de l’éducation et des pédagogies (y compris Montessori, Freinet…)
- de sciences cognitives, neuropsychologie
- sur l’apprentissage de la lecture
- de linguistique (dont phonologie) et psycholinguistique
- de psychomotricité
- de graphisme
- sur le raisonnement logique et la cognition mathématique
- de gestion mentale (gestes mentaux des apprentissages = faire attention, comprendre, réfléchir, mémoriser…)
- de communication non violente
- de présentation des troubles visuels et neurovisuels, des troubles des apprentissages (dyslexie, dyscalculie…) et des handicaps (autisme, trisomie, surdité…)
- de respiration et de gestion vocale (comment utiliser adéquatement sa voix, outil de travail indispensable de tout professeur)
et des stages pratiques en école maternelle et élémentaire (1 dans chaque cycle) tout au long de leurs études, mais également dans le monde de la petite enfance et au collège (afin de savoir d’où viennent leurs élèves et ce qui les attend).
Une grande enquête pourrait être menée auprès des enseignants actuellement en poste afin de les impliquer dans cette réforme et de déterminer ce qui leur manque dans leur pratique ou ce qu’ils ont dû acquérir par leurs propres moyens après leur formation initiale.
Il serait tout à fait envisageable que les personnes titulaires d’une telle licence et ne souhaitant/pouvant pas poursuivre leurs études par le Master MEEF puissent occuper des postes d’auxiliaires des professeurs, d’AVS (qui à l’heure actuelle ne bénéficient d’aucune formation pour mener leur tâche à bien), etc.
Il conviendra également de mettre en place une formation continue afin que les enseignants qui le souhaitent puissent continuer à se former tout au long de leur carrière. Cette formation continue (facultative) doit être financée par l'Education Nationale.
Si vous aussi vous souhaitez que les enseignants de demain puissent permettre à nos enfants de donner le meilleur d’eux-mêmes, vous pouvez le faire savoir en signant cette pétition et en la diffusant.
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