En tant que parents d’élèves des écoles de Beautheil et Saints nous sommes très inquiets des conditions de reprise qui pourraient être mises en place et estimons qu’il ne serait pas judicieux de rouvrir les écoles.
En effet, le 20 avril, le conseil scientifique s’est prononcé contre la réouverture des écoles le 11 mai. Les hypothèses de reprise portaient plutôt sur juin voire septembre comme dans les pays frontaliers tel qu’en Espagne, en Italie...
De plus, récemment des médecins anglais, mais également français ont alerté sur une augmentation importante de cas d’enfants atteints d’un syndrome inflammatoire grave susceptible d’être en lien avec le COVID. Ceci va dans le sens contraire des informations données jusqu’alors, à savoir, que les enfants ont très peu de risques de développer des pathologies graves.
Nous estimons que, malgré la mise en place du protocole sanitaire proposé par l’Éducation Nationale, les gestes barrières et la distanciation sociale sont impossibles à mettre en œuvre à l’école, de même qu’un enseignement dans ces conditions.
D’un point de vue sanitaire, sera-t-il possible pour le personnel communal de désinfecter les poignées de porte, les chasses d’eau, les toilettes, les chaises, les tables après chaque passage ? La distanciation sociale pourra-t-elle réellement être mise en place ?
Du point de vue de l’enseignement, comment assurer les cours sans pouvoir échanger de matériel avec ses élèves, ni même entre élèves ? Cela signifie : pas de jeux collectifs, pas de matériel de sport, pas de travail sur support numérique, pas de matériel de manipulation, pas de photocopies, pas de correction de cahiers qui ne cesseront de passer entre la maison et l’école sans être désinfectés ! La continuité pédagogique ne pourra plus avoir lieu : comment les enseignants pourront-ils l’assurer à distance tout en étant toute la journée en classe. Ils ne pourront pas faire des doubles journées ou des triples si leurs propres enfants doivent, en plus, suivre l’école à distance. Finalement, rouvrir les écoles signifie que les élèves n’ont plus d’apprentissage possible : l’enseignement à distance sera forcément allégé et l’enseignement en classe sera difficile voire impossible avec les consignes sanitaires demandées. Comment peut-on reprendre une activité avec un accueil à mi-temps et qui peut être différent entre un enfant à la maternelle, un autre à l’élémentaire et un autre au collège au sein d’une même famille ?
Du point de vue de nos enfants, ces conditions sont inacceptables. Ils seront confrontés à un environnement anxiogène qui ne sera pas synonyme d’apprentissage. Il y aura deux types d’enfants : ceux qui n’auront pas compris l’importance de ces gestes et de cette distance et qui vivront dans l’insouciance donc sans les respecter ou, au contraire, des enfants qui seront paniqués, stressés de peur de mal faire, de contaminer leurs proches, leurs grands-parents qui devront les garder à la sortie de l’école ou les jours de non-accueil. Comment se passerait un retour en arrière, comme c’est le cas au Japon après seulement 3 semaines d’école, pourtant malgré une discipline plus stricte et un port de masques chez les élèves ? Ne serait-ce pas encore plus perturbant pour nos enfants ?
Nous souhaitons avant tout que l’école demeure un lieu d’épanouissement et de plaisir pour eux.
La réouverture ne sera pas la solution au décrochage scolaire. Nous ne sommes pas certains que ces élèves seront de retour le 11 mai, qui peut nous assurer que ces quelques jours d’écoles vont leur permettre de rattraper leur retard ?
En revanche, en rouvrant les écoles, certains parents se verront obliger par leur employeur à reprendre le travail et devront mettre leurs enfants à l’école à contrecœur, la peur au ventre. Ils exposeront ainsi leurs enfants qui pourraient par la suite contaminer leurs proches y compris des personnes dites à risques.
Bien sûr, la situation d’école à la maison n’est pas l’idéal et ne vaut pas l’aide d’un enseignant, mais le climat anxiogène qui sera vécu à l’école ne permettra pas non plus un apprentissage serein et efficace. Nos enfants (et de plus les plus jeunes), nos proches, nos enseignants, nos ATSEM ne doivent pas être mis en première ligne.
Nous vous demandons donc de protéger les habitants de Beautheil-Saints en laissant les écoles fermées et ainsi en offrant, paradoxalement, la meilleure fin de scolarité possible à nos enfants.
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