Nous sommes enseignants, parents d'élèves, personnel des écoles, etc... Aujourd'hui, Monsieur Macron et son Ministre de l'Education, sous prétexte de « continuité pédagogique » (alors que comme nous le démontrerons ci-dessous, ils la détruisent) poussent fortement à une ouverture prématurée des écoles (comme le conseil scientifique l'a indiqué !).
En effet, dans la plupart des écoles, les conditions élémentaires d'une sécurité fiable ne sont pas assurées : manque de personnel et conditions de travail concrètes impossibles pour assurer une réelle sécurité à la fois des personnels et des enfants. Cet aspect des choses est maintenant bien connu. Et cela à tel point que, certains maires se refusent à ouvrir les écoles dans de telles conditions, et anticipent à juste titre des poursuites à venir au pénal pour « mise en danger de la vie d'autrui ».
Mais l'argument de la « continuité pédagogique » est lui aussi particulièrement fallacieux. Comment peut-on croire qu'une telle organisation de la rentrée vise le rendement pédagogique ? Les cas particuliers sont tellement différents d'une école à l'autre qu'il aurait été judicieux et prioritaire de faire confiance à chaque enseignant, en liaison avec les parents de sa classe et le personnel de son école, pour établir lui même une organisation qui soit « vivable » pour tout le monde.
Or, qu'est-ce que fait Monsieur Blanquer, via sa hiérarchie descendante (inspecteurs d'académie et inspecteurs de circonscription) ? Exactement l'inverse. Il impose un cadre rigide absurde qui ne correspond absolument pas aux cas de figures locaux.
Pour prendre mon exemple concret (je suis enseignant en CP), les élèves de ma classe viendraient deux jours par semaine, en restant assis sans bouger 90% du temps de la journée (À Marseille, nous allons connaître très vite des vagues de chaleur qui vont faire transpirer les élèves et les enseignants comme chaque année, puisque dans ma classe j'ai déjà mesuré des températures supérieures à 35 degrés). Où est le rendement pédagogique quand on sait que les apprentissages nécessitent des moments de détentes et de sport, particulièrement chez les petits ?
Certes il y a des récréations, mais elles vont êtres tellement raccourcies par un autre principe imposant que deux classes ne se croisent pas dans la cour qu'ils vont devoir revenir très vite s'asseoir en classe. Quand on ajoute à cela, le fait qu'il y a peu de personnel de cantine qui doivent théoriquement faire manger les enfants (de préférence dans leur classe) et nettoyer chaque classe après (!), on voit très vite que les contraintes imposées rendent les choses impossibles à faire, sinon en les bâclant vite et mal, avec le stress et la peur afférente.
Mais l'absurdité ne s'arrête pas là. Monsieur Blanquer impose aux enseignants d'assurer à la fois l'enseignement en « présentiel » dans l'école, mais aussi l'enseignement en « distanciel » avec les élèves non présents dans l'école.
En bref, un taux de travail conduisant au burn out très vite. Concrètement, après ces journées en présentiel particulièrement stressantes et lourdes, l'enseignant aura le choix entre au mieux filmer ses séquences en classe pour les transmettre aux parents (ce qui demande le matériel adéquat tant du côté de l'enseignant que du parent, sans parler du temps) au pire, refaire classe le mercredi ou le samedi (ou en soirée?) par télé enseignement. Et tout cela sans parler du travail de préparation et des corrections et correctifs à construire.
Il est donc manifeste que ce cadre « minimal » imposé par en haut est absurde tant du point de vue de la sécurité (le nettoyage sera forcément bâclé et dangereux dans la majorité des cas au vu des effectifs) que du « rendement pédagogique » (des gamins cloués sur place 90% du temps est la meilleure façon de les rendre fous : tout pédagogue le sait ) . Ce cadre n'a pas pour priorité la sécurité et le rendement pédagogique comme il tente de le faire croire. Ces principes ont été pliés à un principe supérieur : la reprise de l'activité économique à tout prix (à preuve la décision d'autres pays européens de ne pas faire la rentrée avant septembre), et cela quel qu'en soit le prix sanitaire.
Nous exigeons donc une liberté d'agir complète pour les gens qui affrontent concrètement les problèmes et le risque sur le terrain, et un droit reconnu et respecté de retrait en cas de « mission impossible » avec les moyens disponibles, ou plutôt non disponibles justement.
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