Les lieux naturistes devraient être interdits aux enfants, non pour la tranquillité et le bien-être des adultes, mais pour le bien-être et la sécurité des enfants.
Il y a quelques jours, nous avons appris dans les médias que lors d’un concert dans un camping naturiste, le chanteur Patrick Sébastien et une femme du public ont « mimé » une fellation. Tout le monde s’est insurgé, mais l’information a soulevé un conflit : certaines personnes estiment que les enfants n’auraient pas dû se trouver tout court dans un camping naturiste, et d’autres ne voient pas le problème.
L’argument qui revient : il faudrait arrêter de sexualiser la nudité. En effet, le naturisme implique le nudisme.
1. L’argument qui consiste à dire que la nudité ne devrait pas être sexualisée ne tient pas : elle l’est, qu’on le veuille ou non. S'il fallait le prouver, une thèse de sociologie soutenue en 2024*, à partir d'une enquête de terrain dans de nombreux camps naturistes de France, montre que le discours naturiste sur la désexualisation des corps ne tient pas face à la réalité. Nous vivons dans une société qui sexualise les corps, et cette sexualisation ne s’arrête pas aux portes d’un lieu naturiste, c’est une illusion.
2. Les enfants n’ont pas le même corps que celui des adultes (ils n’ont pas atteint la puberté) : la vue d’un corps adulte, notamment des parties génitales (féminines ou masculines), peut être très angoissante et effractante, sachant qu’ils peuvent, en plus, être confrontés à tout moment à un sexe en érection. L’enfant n’a pas à être exposé à la nudité des adultes, et il ne peut consentir à cela. Tout le monde s’accorde à dire qu’un enfant confronté à la nudité d’un adulte en pleine rue serait perturbé voire traumatisé. Mais ça deviendrait tout à fait normal et sain sitôt qu’on franchit les portes d’un lieu naturiste ?
3. De même, le corps d’un enfant n’a pas à être exposé à la vue des adultes. Il s’agit de son intimité et de son intégrité. Aujourd’hui nous connaissons les chiffres : selon le conseil de l'Europe, 1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles. Peut-on vraiment croire que les pédocriminels et l'inceste s’arrêtent aux portes d’un lieu naturiste ? Les familles qui emmènent leurs enfants en camp naturiste leur donnent un accès direct au corps de leur enfant. On ne peut pas empêcher ces prédateurs de poser un regard sexualisé sur lui ou elle.
4. La nudité favorise la promiscuité et facilite les agressions sexuelles. L’enfant peut se retrouver à quelques centimètres d’un sexe qui traîne, il peut y avoir des « effleurements », son corps est immédiatement accessible à tous. Et surtout, l’exhibition, le voyeurisme et le contact constituent en soi des violences sexuelles.
5. Non seulement l’enfant voit des étranger.e.s nu.e.s, mais il voit aussi ses propres parents nus : l’exhibition est un critère du climat incestuel recensé par le rapport de la Ciivise, pour proposer de pénaliser l’incestuel. Emmener son enfant dans ce type de lieu démontre un manque de frontières et de respect de l’intimité, une intrusion dans le psychisme de l’enfant. Le viol incestueux sera ensuite plus facile à commettre aussi.En conclusion, faire entrer un.e enfant dans un lieu naturiste n’a rien d’anodin : c’est lui apprendre qu’il n’y a pas de mal à ce qu’un.e adulte soit nu.e devant lui, ni à ce que lui ou elle soit nu.e devant un.e adulte. Ça réduit ses barrières de protection, sa conscience des limites et de l’intimité. Son développement psycho-sexuel n’est pas respecté, il ou elle est exposé.e à la nudité des adultes et sa propre nudité est exposée, ce à quoi il ou elle ne peut consentir. La loi française reconnaît désormais une présomption irréfragable de non-consentement au rapport sexuel avec un adulte pour les mineur.e.s de moins de 15 ans, il est temps de corriger les incohérences et de dire haut et fort qu’un.e enfant ne peut consentir à l’exhibtion d’adultes devant son regard, ni à son dénudement devant adultes.
Pour toutes ces raisons, nous demandons au législateur de se saisir de ce sujet pour interdire l’accès des camps naturistes aux mineur.e.s. Le principe de l’inceste est de négocier la loi commune : il appartient au législateur de la faire respecter pour rappeler aux familles que la protection du corps et de la psyché des enfants est non négociable.
*Le naturisme en France : usages sociaux différenciés et enjeux de définitions par Thelma Bacon, https://theses.hal.science/tel-04842429/document