Le séchoir du Liveau : pour garantir la pérennité d'un projet culturel ouvert à toutes et tous

Le séchoir du Liveau : pour garantir la pérennité d'un projet culturel ouvert à toutes et tous

Papier sensible est un groupement d’artistes et artisans d’art créé en 2024. Il fédère les 14 professionnel.le.s qui louent aujourd’hui un espace de travail partagé au Séchoir du Liveau. L’association a pour mission de promouvoir le travail des indépendant.e.s, d'être un appui à la création, et de favoriser la diffusion de la culture sur le territoire du vignoble nantais.

Conscient.e.s du caractère patrimonial du lieu que nous occupons, nous œuvrons en parallèle de nos activités professionnelles, à le rendre accessible au grand public. Dans ce but, notre association organise des évènements culturels en cohérence avec le lieu et son territoire, engageant des partenaires tels que le moulin à papier, le département ou encore le musée du vignoble Nantais. Nos propositions ont séduit les visiteur.se.s qui sont venu.e.s nombreux.ses à chaque ouverture : visite d’ateliers lors des Journées du patrimoine (500 personnes / 2j), marché de Noël (600 personnes / 2j), exposition dans le cadre de la Journée internationale du droit des femmes (330 personnes / 2j), sans compter tous les curieux.ses qui n’hésitent pas à pousser la porte quotidiennement. 

Nous travaillons depuis un an dans le but de candidater à l'appel à projet que l'AgglOh devait publier début 2025 pour la pérennisation de notre présence à partir de septembre 2025. Après un long silence, la communauté d’agglomération nous a fait savoir fin novembre 2024 qu’elle ne ferait finalement pas d’appel à projet pour décider de l’avenir du lieu. Papier sensible devra libérer le bâtiment fin août 2025 afin que l’AgglOh y installe un espace dédié au tourisme d’affaires pour des séminaires d’entreprise.

Cette décision nous semble questionnable à plusieurs égards :

• le vignoble nantais compte déjà de nombreuses salles de séminaires (Voir l'article paru dans l'Hebdo Sèvre et Maine)
  
• le séchoir deviendrait un lieu fermé au public, réservé aux seules entreprises capables financièrement de louer l’espace et ne serait plus accessible aux habitant.e.s de la communauté d’agglomération et aux touristes
  
• il n’existe pas d’ateliers partagés d’artistes dans le vignoble alors qu’il y a une réelle demande
  
• le secteur culturel, déjà fortement fragilisé par le contexte politique a besoin de soutien de la part des collectivités locales (la location d'espaces tels que le séchoir démontre que l'aide institutionnelle peut prendre d'autres formes qu'un soutien financier).
  

Nous souhaitons interpeller les élu.e.s de l’AgglOh sur l’avenir de ce lieu emblématique du vignoble. Le séchoir doit-il être uniquement dédié au tourisme d’affaire à plein temps ? Ce lieu ne mérite-t-il pas d’être valorisé au bénéfice des habitant.e.s et des touristes ? Différentes activités peuvent-elles cohabiter au sein du bâtiment ? Est-il possible d’envisager une modularité de cet espace ? Ce bâtiment patrimonial peut-il être valorisé par une programmation culturelle ? Le Séchoir peut-il bénéficier d’une politique ambitieuse qui l’inscrirait aux côtés du Moulin à papier dans le parcours du Voyage dans le vignoble ?

Papier sensible ne souhaite en aucun cas s’approprier le lieu, mais nous voulons voir perdurer ce que nous avons initié. Nous sommes convaincu.e.s qu'un pôle entrepreneurial autour des métiers de la création et de l’artisanat permet de renforcer l’attractivité locale, de participer au rayonnement touristique, économique et culturel du territoire. 

Intégrer des artistes dans un espace comme le séchoir est une décision politique forte, qui peut lui permettre de devenir un des lieux de référence pour la culture et l’art dans la région. C’est aussi une façon de faire vivre un patrimoine.

La communauté d’agglomération a récemment communiqué dans son journal OH ! Mag’ qu’elle soutenait les entrepreneur.se.s locaux.les (Voir l’article paru dans le numéro 27). Nous sommes attentif.ve.s à la parole de nos élu.e.s et nous sommes demandeur.se.s d’un dialogue constructif et fructueux. C’est pourquoi nous avons envie de relancer la discussion avec l’AgglOh quant à l’avenir du séchoir. Ce n’est pas uniquement le futur d’un lieu qui est en jeu mais aussi celui de 14 professionnel.le.s qui veulent faire vivre leurs activités et leur territoire.

Mai 2025

Papier sensible

Amandine Peyresoubes, Antoine Cebrant, Camille Priol, Damien Mousseau, Enora Loaec, Fanny Massebiau, Fanny Trichet, Gabriel Romann, Karine van Ameringen, Lucie Castel, Margot Bürki, Sidonie Langagne, Thibaut Lenzinger, Véronique Damart