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Sauvons la Maison de l'écrivain Louis Guilloux du naufrage

Pétition : Sauvons la Maison de l'écrivain Louis Guilloux du naufrage Mise à jour de la pétition
Cette pétition a été fermée
1.014 signatures
La pétition a été clôturée à la demande de son auteur.

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Auteur :
Auteur(s) :
Le Groupe d'Education Nouvelle des Côtes d'Armor
20/10/2020

Qu'a-t-il été fait de la Maison Louis Guilloux ?

Madame, Monsieur, chères et chers ami-e-s, pratiquant-e-s de nos ateliers, publics de nos manifestations, habitant-e-s de Saint-Brieuc, ami-e-s de la maison de l'écrivain et plus généralement de l'oeuvre de Louis Guilloux, amateurs et professionnel-le-s de la littérature vivante, acteurs/actrices de la vie culturelle en Bretagne et ailleurs,

Vous avez bien voulu apporter votre soutien à la préservation des actions du Groupe d'Education Nouvelle qui valorisaient assidûment depuis des années la maison de l’écrivain Louis Guilloux. Vous avez été sensible à notre révolte face aux conditions que les élus briochins, de droite comme de gauche, nous faisaient, délaissant les acquis culturels que nous avions réalisés en ce lieu, pour privilégier, dans des relations interpersonnelles, une association patrimoniale conforme à l'idée qu'ils se font d'une maison d'écrivain. Vous avez compris ce qui se jouait là, qui n'avait rien à voir avec une dispute entre associations. En cette période où tant de gens renoncent à avoir un avis qui fasse dissensus, où l'on renonce aux débats de fond, où il faut qu'au final on ait ménagé les pouvoirs en place, vous avez su démêler le vrai du faux et "prendre position". De cela nous vous remercions.

Nous voulons aujourd'hui vous informer de l'issue de la lutte que nous avons menée depuis décembre 2019, et effectuer un certain bilan.

Nous avons rassemblé 1 017 signatures et de nombreux témoignages qui disent l'intérêt pour ce que nous avons patiemment construit en ce lieu, notamment depuis 2016, époque où la mairie oralement nous a confié la gestion et l’animation de la maison de l’écrivain.

A partir de 1993, deux associations avaient été appelées par la Ville de Saint-Brieuc pour faire vivre cette maison. En 2016, année pivot, le maire-adjoint à la Culture de Saint-Brieuc, privé de l'association à laquelle il versait sans se poser de question toute l'aide financière de la Maison Louis Guilloux (même quand cette association n'a plus eu d'activité), s'est retrouvé soudain sans son interlocuteur habituel. Il s'est alors aperçu que la seconde association de la maison, qui agissait sans moyens et avait tenue ouverte et active le lieu sans discontinuer, elle, était toujours là : c'était nous, le Groupe d'Education Nouvelle. Et en effet le GEN était là, modestement depuis la convention de 1993 et depuis lors agissait sans moyens municipaux, que la mairie ait été de gauche au début, ou de droite par la suite. Tout à coup notre association devenait intéressante pour que la Ville ne se retrouve pas avec une maison à vocation publique, sa propriété, sur les bras, sans activité et inoccupée.

Hélas, malgré que notre association ait eu un rôle enfin reconnu et un financement enfin alloué, la Ville a poursuivi sa médiocre politique en tentant de donner le moins d'argent possible. Alors que l'association qui gérait la maison antérieurement recevait 8 000 à 10 000 euros, notre association s'est vue attribuer 6 000 euros en 2016, 7 000 en 2017. Après que nous ayons menacé de suspendre l’activité, notre travail a réussi à s'imposer : nous avons obtenu 11 000 euros en 2018. En décembre 2019, trois mois avant les élections municipales, nous avons vu soudainement apparaître une proposition de convention qui nous faisait retomber à 5 000 euros. On le voit, même sans entrer dans le détail des années, la politique de la Ville pour la Maison Louis Guilloux a été, mis à part à l’ouverture, de bout en bout incohérente et irresponsable, pendant que, dans tous les discours, les élus se servaient largement du nom et de la renommée de l'écrivain. On peut constater un principe largement partagé au niveau des collectivités, par les élus comme par les directions administratives : les associations peuvent toujours faire avec moins d’argent. Ainsi attribuer au fonctionnement d'un lieu culturel permanent une subvention annuelle oscillant à perpétuité entre 5 000 et 10 000 euros, ne leur paraît absolument pas irréaliste, alors que par ailleurs, les mêmes n'hésitent pas à allouer à des bureaux d'études, à des fournisseurs de matériel informatique, à un évènement spectaculaire, à des écoles d'art municipales, des dizaines ou des centaines de milliers d'euros. Il y a, en dépit des déclarations d'intention sur la citoyenneté, une sous-estimation criante, voire un mépris de fait de la vie associative, celle-ci ne pouvant être pour ces décideurs, à la hauteur des professionnels et ne nécessitant donc pas de financements substantiels.

La suite de l'histoire est la suivante. Une association entre dans le jeu : la Société des Amis de Louis Guilloux, développant un programme d’activités dans la maison seulement depuis septembre 2018, soit un an avant la proposition d'une nouvelle convention (Auparavant elle faisait dans la maison son AG, une remise de prix un après-midi de juin et des visites ponctuelles du bureau de LGuilloux). Elle se voit d'emblée attribuer les 5 000 euros récupérés sur le dos de notre association. La Société des "amis" de Louis Guilloux, sans aucun scrupule, s'empresse de signer la proposition de convention. Ainsi plutôt que d'augmenter l'enveloppe dévolue à la MLG permettant à la fois de préserver notre activité existante et d'en accueillir une nouvelle (prévoir 16 000 au lieu de 11 000), l'adjoint à la Culture fait ce calcul minable de maintenir un montant de subvention qui n'a pas augmenté depuis presque 30 ans et de la diviser par deux (5 000 et 5 000) déshabillant Pierre pour habiller Paul ! Nous cherchons à rencontrer l'élu, bilan et chiffres à l'appui, peine perdue, il refuse de nous écouter. Nous refusons alors de signer cette convention. Sa position autoritaire ne s'appuyant sur rien d'argumenté, l’adjoint commence à mentir et devient diffamatoire : nous serions des gens avec lesquels il serait impossible de cohabiter et nous voudrions la maison pour nous seuls. Il fait adopter la convention à marche forcée, sans notre association qui assure 90 % de l'activité, lors du dernier conseil municipal de la mandature.

Outre l'incohérence des chiffres et de cette politique à géométrie continuellement variable, minimaliste et désorganisée, on voit que l'action culturelle lorsqu'elle n'est pas protégée par sa dimension institutionnelle (MJC, université, scène nationale) ou gérée en direct par la collectivité (école des beaux-arts, conservatoire, bibliothèque, musée, ...) n'est pas prise au sérieux par les élus et peut voler en éclats du jour au lendemain. A moins ... de s'inscrire dans un lobbying agressif et un jeu d'influence politique comme l’a fait la Société des Amis de LGuilloux

Le second constat que l'on peut faire est le suivant. En 1993, nous avions innové en proposant que la maison de l'écrivain soit autre chose qu'un lieu muséographique ou patrimonial. L'idée qui a été largement mise à exécution, était de prolonger le geste de Louis Guilloux, qu’il avait conquis sur sa condition prolétaire d'origine : le geste d'écrire, s'approprier la pratique littéraire, produire des textes. Le parti-pris d'action culturelle, que nous avons organisé en compagnie des auteurs vivants, n'est pas un espace de discours, ni du spectaculaire, mais au contraire la mise en œuvre d’une démarche d’expérimentation de la création littéraire ouverte à tous, silencieuse, discrète, intérieure,  basée sur le temps long. Il met les élus mal à l'aise car le geste créateur reste étrange à leurs yeux et difficile à appréhender (les savoirs construits font appel, pensent-ils, à une formation intellectuelle voire élitiste). C'est ainsi que la pensée culturelle conservatrice finit toujours par retomber sur ses pieds : à maison d'écrivain, projet devant rester bloqué à sa dimension patrimoniale. C'est une conception élémentaire qui arrange bien, car il ne s'agit plus de parler de littérature mais de préservation de la mémoire, d'archives, d'anecdotes biographiques,  de célébrations, d'accueil d'universitaires, de conférences ex-cathedra, toutes opérations relevant plus d’une conception classique de la culture notamment fréquentée par des notables, que de la pratique créatrice. Il en faut sans doute, mais pas quand elle est utilisée comme un éteignoir sur une action culturelle plus aventureuse et inventive.

Dernière étape du forfait. La mairie change en juin 2020. Beaucoup d'habitants nous promettent : "avec les élus de gauche, tout sera renégociable". Cela tombait bien, c'était ce que nous demandions : que la nouvelle convention pour l'élaboration de laquelle nous n'avions été consulté par la mairie précédente que sur les dernières virgules, puisse être remise en discussion. N'est-ce pas le propre d'une convention, d'être mutuellement mise au point, et en particulier avec ceux qui font vivre le lieu concerné depuis des années et qui assurent l’essentiel de l'activité annuelle.  C'est là qu'un coup de théâtre se produit ! La nouvelle mairie (dont il faut rappeler que les élus autrefois de l'opposition avaient voté avec la droite en février 2020 la convention sans notre association) décide qu'elle ne connait qu'un interlocuteur associatif, celui qui a signé la convention. Il n’est plus du tout question de reprendre la négociation. Nous avions refusé de signer, nous n'avons plus, nous dit-on, aucun titre pour être à la Maison Louis Guilloux. Le nouveau maire-adjoint à la Culture nous écrit (15/09) : […] Fort des  décisions de l'association gestionnaire du lieu, vous n'avez donc plus ni droit, ni titre à occuper le lieu, hors les créneaux identifiés par elle. Dorénavant si nous voulons user des locaux, il faudra demander l'autorisation à la Société des Amis de Louis Guilloux. Ainsi, alors que la nouvelle convention ne dit rien à ce sujet, tour de passe-passe, la Société des Amis de LGuilloux est reconnue par la Mairie comme le gestionnaire exclusif du lieu. 

Nous sommes en août 2020. Notre programme redémarre en septembre, il y a urgence pour nous à disposer de salles pour relancer nos ateliers permanents, au nombre de 11, sans compter nos ateliers ponctuels, nos week-ends et nos manifestations publiques. Nous parons au plus pressé, nous jouons le jeu : nous demandons à la Société des Amis de LGuilloux de pouvoir disposer de salles en leur fournissons notre calendrier. Nous avons besoin de 160 demi-journées ou soirées sur l’année. Nous savons que c'est viable puisque l'année précédente, cela fonctionnait ainsi avec eux déjà dans la maison, et en ce mois de septembre ils ne présentent pas de programme nouveau (Ils ont reçu 5 000 euros en début d’année, qu’en ont-ils fait ?). Les salles sont donc vides. Leur réponse qui demande 20 jours, est la suivante : sur un total annuel disponible de 1 100 demi-journées et soirées (3possibilités /jour) il nous en est accordé 6 en septembre et tout début octobre. Ensuite, leur exigence impérieuse est que nous partions définitivement, que nous changions de siège social, que nous clôturions notre boîte aux lettres, que nous dégagions tout votre matériel dont ils ont déjà établi la liste, ceci énoncé avec le ton très insolent de nouveaux maîtres. 

Le 8 septembre, les serrures de la maison sont changées par la Ville. Notre photocopieur, un ordinateur, notre matériel d'activités, notre réserve de papier, notre documentation, restent enfermés dans la maison (et c’est encore la situation aujourd’hui !). Nous n'avons plus de salles de travail alors que nos ateliers commencent. Notre subvention 2020 n'a pas été versée et nous ne savons toujours pas combien nous obtiendrons, alors qu'une décision municipale a attribué toutes les subventions de fonctionnement aux associations en avril 2020 pour venir en aide à la vie associative en période de covid. Par ailleurs la Ville qui s'était engagée à nous fournir un pied à terre, ne nous a fait aucune offre. Aucun remerciement bien sûr pour le travail accompli sur des années et pour la promotion opiniâtre de la maison, alors que la Mairie s'en désintéressait et s'en remettait entièrement à nous (Saint-Brieuc a  de cette manière économisé un emploi qualifié à plein temps sur 27 ans, 50 000 euros /an, soit au total : 1 million 350 000 euros). Le Groupe d'Education Nouvelle lui, est dépouillé et mis à nu ! 

Nous vous laissons le soin de tirer les enseignements de cette histoire, illustration de la désagrégation morale de la pratique politique.

Pour notre part, nous sommes en train de nous réinventer en n’ayant pu compter que sur nous-mêmes. La nudité est le renouveau de la création. Nous avons une chance dans ce contexte totalement malveillant : les participant-e-s des ateliers nous font confiance et de nouvelles personnes intéressées se présentent. L'imaginaire et l'aventure littéraire ne peuvent pas mourir. En un mois, nous avons dépassé nos inscriptions de 2019. Des structures nous ouvrent leurs portes, tout recommence. 

Nous fermons à ce jour cette pétition publique. Celles et ceux qui veulent continuer à correspondre avec nous ou envisager des collaborations, voici notre contact par mail : 3 [email protected]. Que vive la fabrique artistique !

 

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