Pétition contre la révision culturelle

Madame la Directrice générale,


C’est toujours avec les mêmes stupeur, indignation et inquiétude que nous découvrons, à la page 171 du Rapport sur la science de l’UNESCO, au chapitre sur « l’état de la science dans les états arabes », et sous la plume de Adran Badran, que le grand philosophe juif Moïse Ben Maïmon est encore présenté comme un savant musulman.

Stupeur, car le sérieux de l’institution internationale que vous dirigez ne peut s’accommoder
de versions fantaisistes de l’histoire, d’autant que la notoriété de ce grand penseur du Moyen Age, de ce fameux rabbin « médecin de Cordoue » qui, jusqu’à ce jour fait autorité dans tous les courants du judaïsme, auteur du fameux traité « Le Guide des perplexes », ne peut laisser croire à une erreur involontaire.

Indignation car, le rôle de l’UNESCO étant justement de préserver le patrimoine de l’humanité dans la diversité des expressions culturelles des peuples, ce qui s’apparente à une captation d’héritage est tout à fait contraire à ses principes et à ses objectifs et ne peut que jeter le discrédit sur ses actions.

Inquiétude enfin, parce que la malhonnêteté morale ou intellectuelle est rarement gratuite mais sert le plus souvent un objectif. Il est donc légitime de se demander, de vous demander, Madame la Directrice générale, à quoi tend cette conversion post mortem, cet effacement de l’appartenance juive d’un des plus grands savants juifs de l’Histoire.

Cet effacement s’est poursuivi par la contestation le 21 octobre dernier, par le Comité Exécutif de l’organisme que vous dirigez, de l’appartenance au patrimoine spirituel et historique juif du Tombeau des Patriarches et du Tombeau de Rachel, hauts lieux de pèlerinage juif depuis la nuit des temps.

Quels que soient les futurs accords et tracés de frontières qui seront décidés demain par les belligérants d’aujourd’hui au Proche-Orient, le passé ne peut être changé.

Madame la Directrice générale, l’organisme que vous dirigez n’a pas pour fonction de corriger l’histoire, mais au contraire de la préserver. Vous pouvez rendre à cette institution la dignité et la respectabilité qui commencent à lui faire défaut auprès des démocrates de tous les pays : ce serait marquer votre mandat d’une grande avancée pour la confiance et l’harmonie entre les peuples.
Dans l’attente de précisions concernant les mesures de rectification que vous comptez mettre en œuvre, nous sommes, Madame la Directrice générale, impatients de prendre connaissance de votre réponse.