Monsieur le Président,
Certain·es d'entre nous ont la chance de pouvoir s'adresser directement à vous.
Vous avez choisi de faire passer en force une réforme des retraites, injuste, inefficace, touchant plus durement les plus précaires et les femmes, rejetées par l’immense majorité de la population, et même minoritaire à l’Assemblée nationale.
En plus des appels intersyndicaux, il est temps de dire que nous sommes oppose·és à cette réforme et encore plus à la méthode du passage en force par le 49.3.
Des professions sont en grève depuis plusieurs semaines, éboueurs·euses, cheminot·es, énergéticien·nes, enseignant·es, dans les ports et docks, le commerce, etc. Elles et ils se mobilisent pour nous toutes et tous, avec un sens de l’intérêt général qui force notre respect et qui semble au contraire avoir disparu de la tête de nos gouvernants.
En ce qui concerne nos professions, notre ministère de tutelle n’a produit aucune réponse aux demandes d’étude d’impact, en particulier pour nombre d’artistes et technicien·nes intermittent·es du spectacle, d’autrices d’auteurs.
Des enquêtes ont largement démontré que cette précarité est encore plus grande pour les femmes que pour les hommes, que les rôles se font plus rares après 50 ans pour nous, comédiennes par exemple.
Si les plus connu·es d’entre nous ne sommes pas les plus touché·es par le report de l’âge de départ et l’augmentation du nombre d’annuités, nous savons qu’il n’est pas possible de travailler plus tard quand un nombre croissant de personnes sont sans emploi, dans la précarité, en souffrance au travail, voire en danger de mourir avant même l’âge de la retraite.
Alors que le climat se réchauffe dangereusement, que les inégalités explosent tout autant que le coût de la vie, plutôt que fragmenter la société, il existe des chantiers bien plus ambitieux à mener pour la consolider.
Bref, il est plus que temps de faire entendre nos voix, parce que le cinéma, le théâtre, la culture, s’ils portent parfois le rêve et l’évasion, ce sont surtout des œuvres qui parlent de notre monde.
M. le Président, nous sommes solidaires de celles et ceux qui font grève et manifestent avec raison contre cette loi injuste et impopulaire.
M. le Président, nous ne voulons pas déplorer de victimes de blessures graves, ou pire de décès, dans ces manifestations : la raison et la démocratie imposent le retrait immédiat de cette réforme des retraites.
Convaincu·es que vous entendrez nos voix se rajoutant à la majorité de moins en moins silencieuse, nous vous adressons nos salutations républicaines.
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