« ENCORE ELLE !!! » s’exclament tous ceux qui ont déjà croisé la route de ma petite association et ont été promenés d’histoires en histoires faites pour les toucher au coeur, leur arracher des larmes d’attendrissement, des sanglots d’émotions, des torrents de bons sentiments, danse des sept voiles et chatons-mignons difficilement résistibles ET totalement affamés. Surtout affamés.
« ENCORE ELLE !!! » pestent celles, plus rares, qui ont déchiffré péniblement mes plaidoiries, ont bâillé et failli s’endormir sur les petites histoires, ont protesté que tout ça ne rimait à rien, que ce n’était pas comme ça qu’il fallait s’y prendre, j’étais trop nulle, pauvre de moi, franchement, elles allaient m’expliquer comment appâter le chaland.
La politique (Etat, Jupiter, gouvernement…) n’étant pas étrangère à mes soucis, j’ai appris sans surprise que la Présidence avait menacé d’arrêter de respirer si on la laissait seule se dépatouiller avec un peuple jamais content, même avec d’excellentes raisons.
Un premier « Premier Ministre » ayant rendu son tablier sans s’occuper le moins du monde de tout ce qui a un pelage, des plumes, des écailles, le tout sur deux ou quatre pattes (ce qui élimine d’emblée les jolies dames du Moulin Rouge, surtout les écailles), le Premier Ministre suivant lui aussi démissionnaire avait vaillamment dit que bon, ok, tant pis, il voulait bien revenir tenter d’arranger les choses pour les gens, mais pour ce qui était des Chats, des Félins, des Matous, des Minettes avec ou sans Chatons, on attendrait des jours meilleurs. Quand ? Aucune idée. Il n’était QUE Premier Ministre, pas magicien. Fallait pas pousser le bouchon trop loin et lui demander la lune, sans blague.
Les chatons-mignons, orphelins ou pas, ça allait bien un moment, surtout en vidéos, mais il avait pas que ça à faire, et les chiens, c’était tout comme. Les hamsters et les lapins aussi, tant qu’il y était. On ne pouvait pas tous les transformer en terrines, tout de même !
Et la TVA? Quoi, la TVA?! Qu’est-ce qu’il y a, encore, avec la TVA ???…
Pour les autres bestioles, entassées, maltraitées, empilées, broyées, privées d’air, d’espace, d’herbe et de soleil, ok, c’était pas top, c’est vrai, il y réfléchirait quand il aurait le temps. Promis.
ll envisageait donc quelque chose ? Un plan pour supprimer des souffrances, des cruautés ?
Ben non, pareil. Il pouvait pas être partout. Déjà, la Présidence c’était carrément du plein-temps à consoler et rassurer, il fallait pouvoir suivre. On n’allait pas lui demander à lui, en plus, de bien vouloir s’occuper de la volaille et du bétail et leur tenir la main, façon de parler. Re-sans blague !
Fermez le ban.
Moi qui suis restée à mon poste, on m’a beaucoup moins entendue (lue…). Le réchauffement climatique bousculant quelque peu le temps des amours, les félins orphelins nous tombent du ciel comme les pommes des pommiers et en toutes saisons, douze mois sur douze.
Tout-petits, adolescents, jeunes gars et minettes, ça sent les naissances échelonnées sans pause café, sans repos automnal, et jetées à la rue ou en bordure de forêt dès que possible. En 15 ans de protection animale, c’est fou comme le rythme de la vie me paraît s’être accéléré. On court tout le temps après le temps, même pour les stérilisations de toute cette Nature vite en ébullition.
Il m’arrive d’aller pousser un coup de gueule à l’église locale. J’admoneste le Très Haut. Curieux comme je peux être croyante le jour : je suis capable de repérer à cent mètres dans le brouillard quelque chose qui ressemble incroyablement à un (petit) miracle, même Rome approuverait, alleluia. Et curieux comme je vire totalement athée la nuit (« Non… On est vraiment seuls… »).
Heureusement, pas tout à fait: Goupil-Renard m’attend toujours sagement pour son casse-croûte. En voilà un qui ne perd pas le nord. Il aurait dû être Premier Ministre. Il aurait fait merveille.
Le jour, je râle, je proteste, je m’indigne, je Le prends de haut. Tant de laisser-faire, quand on est capable de faire des miracles en-veux-tu-en-voilà, c’est de la négligence pure.
Si j’ai la chance d’être seule en tête à tête dans une église ensommeillée, je dis que c’est bien joli de nous envoyer les chatons en rafale, treize à la douzaine, quarantaines incontournables au cas où le très féroce typhus serait en planque au creux d’un intestin, même minuscule.
« Mais je fais comment, moi, pour accueillir tout ce petit monde, le nourrir, le soigner, le protéger de contaminations mortelles? Avec quel budget ? Le coup de la multiplication des pains et des poissons, pour autant que je sache, Vous n’avez pas raconté comment Vous Vous y êtes pris! Môssieur garde ses petits secrets pour Lui ! Et puis les Chats, on ne les nourrit pas avec du pain !
Quant aux poissons, Vous pensez aux arêtes? Vous voulez me les tuer, ou quoi ?!
Alors, une idée ? Un miracle? Le temps que nous trouvions une bonne famille à chacun?! »
« Tu es sûre qu’Il écoute? », me demandera plus tard Petite Rousse, dubitative. « Et tu as pensé à Lui demander, pour les crevettes? On n’avait pas dit 4 milliards de crevettes, toutes ses économies, en gros? »
On entend beaucoup, de la part de candidats à l’adoption, que la couleur du pelage et la longueur des moustaches importent peu ou pas du tout : « La couleur, ça m’est complètement égal pourvu que le félin soit affectueux. »
Puis on apprend, au cours des présentations qui suivent, que chaton ou chat blanc (« c’est salissant, non? ») /, tigré brun ou gris (« Ah non, j’en ai déjà eu un !» / noir ou roux (« non, non, PAS noir ! Ni roux ! Quelle horreur !…) /rouge à pois verts ou vert à pois rouges, « ben on est désolé, mais ça ne parle pas » à la candidate / au candidat à l’adoption.
La douceur, la tendresse d’un animal, tout compte fait, ça passe en second, loin derrière la longueur des moustaches ou la couleur d’un pelage… Soupir de désolation… Mais les gens ont le droit d’avoir des rêves.
Alors on continue à cajoler, à nourrir et à entretenir avec grand soin; on vaccine, on vermifuge, on stérilise, on installe un enclos extérieur avec vue sur la campagne pour que le temps paraisse moins long à ceux qui attendent, on consulte les spécialistes pour Minouche dont le coryza a soudain réapparu (un scanner permet de s’assurer que le passage ouvert pour une respiration normale ne s’est pas refermé), pour Black Jack, recueilli tout petit et en diarrhée depuis deux ans (équivalent félin d’une maladie de Crohn), pour Maya, hospitalisée en urgence à cause d’une cystite sévère, pour Tigrine, qui souffre souvent de gingivite, pour Katana, que ses reins lâchent peu à peu, pour Bouboulou, qui traîne encore une affreuse blessure, à croire qu’il passe son temps à se battre avec des barbelés, pour Chipoton, victime d’une polyarthrite à un mois et qui a si miraculeusement échappé à une amputation, puis à l’euthanasie, ayant à force de soins intenses récupéré sa mobilité…
Et pour finir, on bataille depuis début juillet contre une grande entreprise de média dont des employés ont usurpé le RIB de l’association et imposé un abonnement et les prélèvements qui vont avec. Quatre mois de courriers en recommandé avec AR pour essayer d'obtenir le remboursement des sommes indûment prélevées. Je ne laisserai pas filer les filous. A part la multiplication des pains et des poissons, est-ce que par hasard ce n’est pas l’Occupant occasionnel de notre petite église qui, sur un grand coup d’énervement, a AUSSI inventé les nuages de sauterelles?… Ne serai-je pas capable, si je n’obtiens pas gain de cause, de me transformer en nuage de sauterelles à moi toute seule ?
La protection animale est une absolue nécessité, un devoir de compassion et de civisme. L’Etat nous en laisse la totale responsabilité et nous ponctionne sans scrupules au passage par l’intermédiaire d’une TVA injustement élevée. Dans une période de crise comme celle que nous traversons, la justice et le respect des plus faibles que les associations réclament à l’Etat et à ses lois semblent un but toujours plus éloigné, abstrait, inaccessible. Nous, bénévoles, ce n’est qu’avec votre soutien, votre écoute et votre vigilance que nous pouvons résister à ce courant d’indifférence, égoïste, cruel et mortifère. Parmi ceux qui nous écrivent, beaucoup agissent dans leur coin, seuls, payant de leur personne et de leur poche pour aider à sauver des animaux d’une vie de misère.
Nous les en remercions. Nous nous sentons moins seuls /seules…
Pour nous accompagner, et nous aider si vous le pouvez, vous pouvez nous retrouver sur notre page FaceBook : Association Bastet 3.
Ou directement à l’adresse de l’association :
(« C’est la mienne! » précise Petite Rousse, toute fière): 52 Route de Camarsac 33670 Sadirac-
Portable 06 87 16 64 11. Oui, Petite Rousse, je vais leur dire que c’est aussi TON numéro de portable !
Et TON petit personnel, secrétaire-nounou-cuisinière, ça va de soi !
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.
