Ouest-France 27/04/2022
Le cirque franco-italien, connu pour Serge le Lama, a posé ses bagages du 19 au 24 avril 2022 à Quimper (Finistère). Face aux fervents défenseurs de la tradition circassienne, plusieurs voix se sont élevées contre la présence d’animaux dans les spectacles.
Actuellement, le débat fait rage sur la présence des animaux dans les cirques. La loi impose des changements, alors même que des cirques entièrement humains émergent, à l’instar de l’éco-cirque de André-Joseph Bouglione.
La mascotte du cirque franco-italien, Serge le lama, a fait un buzz énorme sur les réseaux sociaux en 2013 après s’être introduit dans le tramway de Bordeaux. Une « évasion qui en dit long sur le traitement des animaux dans les cirques, bien plus qu’un fait divers », insiste Thomas, référent breton du Collectif de libération des animaux dans les cirques (Clac).
« Les mœurs évoluent »Le référent de la branche bretonne du Clac, appuie sur les problématiques soulevées par la présence d’animaux dans les cirques. « Contrairement à ce que stipule la loi, un chameau ne peut pas être considéré comme domestique. Dans la nature, il fait environ 100 km par jour. Sous le chapiteau, ça se compte en quelques mètres, quand ils ne sont pas parqués dans des camions. ». Il constate pourtant à quel point les cirques les cirques sans animaux attirent du public.
« Les clients font demi-tour »Des propos auxquels s’oppose John Beautour, gérant actuel du cirque franco-italien. « Ce sont une minorité de personnes, des extrémistes. La majorité des gens qui viennent nous voir le font pour les animaux. Si vous leur dites qu’il n’y en a plus, ils font demi-tour. » Pour ce cirque familial organisé autour de sept générations, l’affluence générée par la présence d’animaux n’est pas négligeable. « Nos fauves sont à la retraite, précise le gérant. Ils ne sont plus mobilisés pour les spectacles. On ne fait aucune publicité autour d’eux(Ah bon?! C'est quoi alors vos Affichage qui de plus d'être illégal vous faites la promotion de vos spectacles avec animaux dit "sauvages"), on se concentre sur les animaux exotiques et la cavalerie. »
Si le cirque gravite également autour de spectacles humains comme le jonglage, les clowns ou les numéros acrobatiques, se séparer de ses animaux n’est pas une partie de plaisir. « On le fera avec l’interdiction progressive en 2027. Pour l’instant, l’État ne nous propose aucune solution, pas de parc, pas de refuge. » Face aux accusations de maltraitance animale, John Beautour s’insurge : « Nous sommes des professionnels. Des contrôles inopinés sont effectués par les autorités pour s’assurer du bon traitement des animaux. »(C'est le discours de chaque cirque mais bon, vu que nous travaillons avec les autorités, nous pouvons vous dire que c'est des contrôles "pot-de-vin" avec des vétérinaires particulier) Des accusations qui seraient donc, selon lui, infondées.
« Rien à faire dans un cirque »À Quimper, la petite Margo, 10 ans, a fait un pacte avec son papa, Steven Martin, 34 ans. En assistant à un spectacle avec animaux il y a trois ans, le papa s’est senti « gêné par ces animaux qui tournaient en rond sans rien faire pendant de longues minutes ». À l’école, sa petite Margo est surnommée « la vétérinaire » par ses copains, « car elle défend toujours les animaux ». Lorsque ses frères de 4 et 8 ans demandent à aller au cirque, Margo s’impose, avec l’appui de son papa. « Les animaux n’ont rien à faire dans les cirques », explique-t-elle à ses petits frères, qui acquiescent.
Steven ne jette pas la pierre aux circassiens : « Ils en prennent soin, je l’espère, mais ça n’a rien à voir avec leur milieu naturel. Les hommes ont assez de talent à eux seuls pour réaliser un spectacle. » Mais ce week-end, ce sera piscine, et « tout le monde a déjà hâte ».
« Défendre la tradition »« Les animaux illuminent le regard des enfants. » Daniel Rolland, 75 ans, est président de l’association Événement Cirque, à Quimper. Fasciné par ce monde depuis l’âge de 7 ans, il a créé l’association en 1998, qui compte aujourd’hui douze membres. Elle facilite la venue des cirques dans la ville. « On les aide à trouver la place, en lien avec la mairie ». Interrogé sur la loi de novembre 2021, le président soupire : « La législation, on fera avec, mais c’est dommage. Le but est de défendre la tradition des cirques, pas de leur enlever leurs animaux. »
Daniel Rolland avoue être nostalgique de cette tradition circassienne d’antan. « Avant, quand les éléphants arrivaient, on voyait les yeux des enfants briller, on entendait des exclamations de joie… Ce ne sera plus pareil. »
Une loi vise à lutter contre la maltraitance animaleLe 30 novembre 2021 était promulguée la loi « visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes ». D’ici 2028, les cirques doivent progressivement se séparer de leurs animaux sauvages et ne plus produire de spectacles les incluant. Elle stipule également que “des solutions d’accueil devront être proposées pour recueillir les animaux. S’il n’en existe pas, un décret devra permettre aux cirques de les conserver”. Un aspect qui alimente les tensions entre les parties.
La législation française fait une différence entre les deux catégories. Un animal considéré domestique est un animal “qui, élevé de génération en génération sous la surveillance de l’homme, a évolué de façon à constituer une espèce différente de la forme sauvage primitive dont il est issu”.
Dans cette catégorie entrent chameaux, dromadaires, rapaces et autres chevaux, chiens et chats. Un animal sauvage, quant à lui, appartient à une espèce qui n’a “pas subi de modification par sélection de la part de l’homme”. Ainsi, tout animal ne figurant pas explicitement sur la liste des animaux domestiques fixée par arrêté ministériel est considéré comme un animal sauvage. C’est le cas des félins, des hyènes, des girafes ou encore des éléphants.
Une planification dite “arbitraire” par les partisans de cirques sans animaux. “Il n’y a pas de distinction dans la réalité, car la brutalité du dressage reste la même”, affirme Thomas, référent breton du CLAC.
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