Monsieur le Premier Ministre,
Qu’est-ce que je viens d'apprendre, Monsieur le Premier Ministre ? Après avoir soigneusement recompté, recalculé et revérifié toutes vos additions, vous nous annoncez que le montant des économies à réaliser coûte que coûte en 2026 sera de 44 milliards d’Euros… Tout y passera : santé, enseignement, culture, solidarité, protection et accompagnement des plus fragiles, escapades printanières et bonheurs trop faciles, pique-nique et fleurs des champs ?
Trop cher, tout ça. On coupera, on taillera dans le vif, dans le superflu ET dans le nécessaire, dans les petits bonheurs ET dans la survie. Joyeux programme. J’ai presque envie de dire : Et les animaux, dans tout cela, Marguerite Yourcenar ? Mais c’est une blague d’Anciens, que les moins de… allez, 65-70 ans, ne peuvent pas comprendre…
QUARANTE-QUATRE MILLIARDS D’EUROS !
J’ai failli verser, comme disent nos amis suisses lorsqu’ils parlent de s’évanouir. Quarante-quatre MILLIARDS d’euros !!! « Tu te rends compte ?! » ai-je dit à Petite Rousse, minette gourmande entre toutes, et qui crut un instant que je lui promettais un milliard de crevettes fraîches bio élevées sous la mère. 44 MILLIARDS DE CREVETTES, non, je n’aurais pas été crédible.
«Quarante-quatre milliards d’euros! » « Mrrrr ?… » dit Petite Rousse, qui attend patiemment ce qui doit être un SACRÉ ÉNORME paquet de crevettes bio, au sérieux de mon ton (« du thon aussi ?! » interroge Petite Rousse, ravie…)
Mais qu’avez-vous donc fait, Monsieur le Premier Ministre, de tout l’argent que je vous ai déjà donné depuis presque 15 ans, grâce à ma petite association de Protection Animale ? D’ accord, pas à vous personnellement ni à aucun de vos prédécesseurs. À l’Etat, bien sûr. Mais tout de même !
Nous, bénévoles de la Protection Animale, nous prenons en charge ce que l’Etat préfère ignorer. Et nous payons 20% de TVA sur tous les soins et chirurgies vétérinaires, la nourriture et les médicaments nécessités par nos sauvetages d’animaux abandonnés, errants et /ou en détresse. Ça en fait, des euros ! En somme, c’est 20% de TVA sur le prix de notre compassion, de notre engagement, 20% de TVA sur notre civisme, notre morale et la lutte contre la prolifération des bêtes SDF.
Si ce beau pays n’est pas submergé de bêtes errantes et miséreuses, c’est parce que nous assumons toutes ces responsabilités, nous réparons le mal fait par les « abandonneurs » ET l’indifférence de l’Etat. Et nous gardons sous notre protection, sans les remettre à la rue, ceux de nos protégés qui sont inadoptables (sauvageons, malades, âgés, handicapés…). Partout en France et tout le temps. C’est énorme.
Nous veillons, nous surveillons, nous agissons, nous recueillons et pour cela nous utilisons nos réserves et nos économies, nos salaires et nos retraites, jusqu’au dernier centime (« Jusqu’à la dernière crevette? » demande Petite Rousse, inquiète), et sur tout, vraiment TOUT, nous versons à l’Etat 20% de TVA.
C’est beaucoup d’argent. C’est une SACRÉE ÉNORME quantité d’argent, pour parler comme Petite Rousse. J’ai les factures, les documents, je peux tout prouver. Tout ça est forcément arrivé chez vous. Je veux dire : dans les Caisses de l’Etat. Je vous détaille ça à l’instant, vous verrez, c’est instructif. On parlera du reste après.
Mes chiffres ne sont pas aussi impressionnants que les vôtres, Monsieur le Premier Ministre, mais tout est affaire de proportion : à mon échelle, ils sont quand même vertigineux.
Allons-y :
- Contacté et interrogé, le service comptable de Royal Canin (grand fournisseur de croquettes, pâtées et lait maternisé de qualité) m’apprend sans plus de précautions que cliente depuis juin 2017 jusqu’à ce jour (8 ans), pour nourrir nos protégés, j’ai dépensé auprès de cette entreprise particulièrement efficace : HT 28.743.57 euros, soit TTC : 34.492,29 euros ( donc 5748 euros de TVA). Soit TTC 4.311 euros par an. J’ai failli verser… Je compte tout le temps, mais je n’avais jamais compté de cette manière, le nez sur les années passées...
- Contactée et interrogée, l’une de nos vétérinaires préférées (nous en avons toute une brochette, tous et toutes formidables, mais je n’en garde ici qu’une pour faire simple) m’apprend que j’ai dépensé chez elle, depuis 2022 jusqu’à ce jour (3 ans) : HT 31.415 euros, soit TTC 37.698 euros (donc 6.283 euros de TVA). Je précise que ce montant de 37.698 euros inclut ce qui sera remboursé par les adoptants : les vaccins, l’identification (puce électronique essentiellement) et la stérilisation des animaux. Ce qui est resté à ma charge dans cette seule clinique (pour soins de diverses pathologies et blessures, chirurgie + manucure, pédicure et indéfrisable) s’élève à environ TTC 12.400 euros, dont environ 2070 euros de TVA. Là encore, j’ai failli verser…
Oui, bien sûr, nous sommes officiellement association d’intérêt général, avec des dons déductibles à hauteur de 66% de nos impôts sur le revenu. Mais c’est plafonné… et on se cogne très vite la tête !
Nous y laissons nos économies, nos réserves, nos vacances, notre tranquillité, nos weekends, nos nuits (avec les tout-petits et les malades). Nous organisons des vide-greniers, des collectes, nous montons des cagnottes avec espoir ou par désespoir, nous vendons des bijoux de jeunesse qui n’ont plus leur place sur des mains fatiguées par l’âge. Je connais des présidentes qui se privent de tout confort tant que leurs protégés ne sont pas correctement installés. Je connais une présidente qui a fait stériliser à ses frais (TVA incluse…), sur plusieurs dizaines d’années, des milliers de minettes.
J’en connais aussi qui font des économies sur leur propre nourriture. Je connais des jeunes femmes qui ne savent plus comment payer les soins vétérinaires des NAC qu’elles ont recueillis et qui, sans elles, se multiplieraient abondamment, partout. Surtout les lapins. « Mais moi aussi j’aime beaucoup le lapin », pensez-vous aussitôt, Monsieur le Premier Ministre. Surtout qu’il est bientôt l’heure de déjeuner, vous avez une petite faim et vos collègues ministres vous ont épuisé. Vous devriez les remplacer par des Chats. Ça vous changerait la vie. La nôtre aussi, sans doute.
« Ah ! Le lapin, en cocotte, sauté chasseur, à la moutarde, en navarin… Parole de Ministre, j’adore le lapin ! »
Ce n’est pas LE lapin qu’il faut aimer, Monsieur le Premier Ministre. Ce sont LES lapins. « Ces p'tites boules de poils », comme les appellent ceux et surtout celles qui n’ont pas compris que les lapins AUSSI, ça fait pipi et caca et que mal soignés, ils peuvent sentir très mauvais.
La petite association voisine qui se dévoue à recueillir les abandonnés dans la nature, lapins, gerbilles, écureuils, rongeurs en tous genres, comme si, sortant d’élevages, ils savaient survivre tout seuls, pleurait de misère sur FB, la semaine dernière, car en juin elle n’avait reçu aucun don pour entretenir ses protégés. Et pourtant, elle aussi a payé 20% de TVA sur ses sauvetages pendant des années.
Toutes ces associations RENDENT UN VRAI SERVICE à la société. Et sur ce service rendu et offert, Monsieur le Premier Ministre, sur ce qui est sans conteste de l’ordre du DON, l’Etat nous demande de lui payer 20% de TVA. Sans exception.
L’Etat est gagnant deux fois : nous faisons son travail (tout ce que ne peuvent accomplir les fourrières) et nous lui donnons 20% sur tout ce que nous devons payer pour tenir cette responsabilité.
Je crois savoir que la Fondation 30 Millions d’Amis avait déjà signalé cette grande injustice et demandé un ajustement de la TVA, compte tenu de ce que nous, bénévoles, apportons à la Nation (la NATION, car à 44 MILLIARDS d’euros, on a le droit d’utiliser les grands mots et les grands principes).
Vous nous avez expliqué comment vous comptiez les trouver, ces 44 MILLIARDS D’EUROS. Pardon si j’insiste à coups de majuscules mais ma petite personne ne s’en remet pas. Personne, d’ailleurs, en-dehors de l’Hémicycle, ne semble s’en remettre.
D’abord les jours fériés en moins : ça, c’ est mesquin. TRÈS. Les jours fériés du joli mois de mai, c’est l'école buissonnière de l’enfance, délectable. Un petit coup de liberté, les mains dans les poches, le nez au vent et au soleil de printemps, les premiers BBQ, les vélos qu’on ressort, la famille, les amis, la vie comme elle devrait être.
Ensuite, les longues maladies… À l’Assemblée Nationale, le 8 juillet dernier, la France des indignations solidaires et des colères justes s’est dressée pour tancer furieusement les 316 députés qui venaient de voter la loi Duplomb la bien nommée, laquelle autorise le retour des pesticides dangereux, tueurs d’abeilles et donc d’humains. Comment diable atteindrez-vous vos 44 milliards d’économie, Monsieur le Premier Ministre, maintenant que les députés ont libéré le poison qui fabrique le cancer à grande échelle ? Le Crabe galope en crabe et bien plus vite que nous. Il rattrapera forcément certains de ceux qui ont moqué la colère et l’indignation. Ils découvriront à leur tour la vertigineuse terreur de qui s’entend rappeler soudain son caractère éminemment mortel.
Malade, la France travaille moins. Gagne moins. Il faudrait, en plus, lui faire payer une partie de son traitement ? Laquelle ? La chirurgie qui, pour la sauver, mutile le corps ? La chimio qui épuise et modifie l’apparence en signifiant à tous LA maladie ? La radiothérapie, qui peut aussi brûler, faire fondre et coller ensemble des chairs normalement indépendantes ? Comment comptez-vous présenter la chose ?
Oui. Moi aussi. Deux. Et trois récidives. Sur quoi allez-vous me rattraper ? Sur les magazines des salles d’attente ? Les scanners de contrôle ? Eux qui, justement, m’avertissent du danger et aident à me sauver la vie…
A ce propos, puisque vous avez décidé de sacrifier 3.000 fonctionnaires, pourquoi ne pas en pêcher quelques-uns parmi ces députés dont certains nous représentent si mal ? Leur mépris flagrant et persistant face aux enjeux environnementaux et humains ne devrait leur valoir aucune indulgence. Il présage un avenir encore plus sombre et plus impitoyable pour la Protection Animale.
Ah, même vous, vous vous en êtes rendu compte ? On vous a refilé récemment un stagiaire au coeur tendre que vous soupçonnez de soutenir L214. De la manière dont il vous regarde avec insistance en parlant des abeilles menacées, des agneaux et des veaux à peine nés et déjà arrachés à leur mère, des porcelets castrés à vif, des poules entassées loin du soleil dans des hangars crasseux, des petites cailles contraintes à pondre toute leur courte vie, des broyeuses à poussins (quel esprit tordu a-t-il pu inventer une telle horreur ?!), des bêtes de toutes sortes encagées, emprisonnées, contraintes dans de monstrueuses fermes-usines, ou abandonnées n’importe où, chats, chiens, lapins, bêtes à plumes, à poils ou à écailles, vous avez bien compris qu’il vous tenait personnellement responsable de toutes ces misères. Vous et tous vos prédécesseurs.
Je vous laisse à votre gouvernement, Monsieur le Premier Ministre. N’oubliez pas de soutenir L214, la LPO, Bloom, les associations de Protection Animale, les agriculteurs et éleveurs écologistes (ou presque…), les chats, les chiens, les lapins et les écureuils, les cailles et les poissons rouges, les insectes pollinisateurs ou pas, les bêtes de ferme contre les fermes-usines.
Soutenez tous ceux qui veillent et tentent de protéger le vivant.
Signez cette pétition pour demander la fin de l’injustice fiscale qui frappe les associations de protection animale, et pour que l’État reconnaisse enfin leur rôle essentiel dans la société.
Si vous souhaitez nous contacter/aider :
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Mon adresse :
ASSOCIATION BASTET, Mahine Bridewell
52 route de camarsac
33670 Sadirac
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