La France compte actuellement 17 millions de seniors de plus de 60 ans. En 2030, le pays devrait en avoir 21 millions, soit trois fois plus en 10 ans. D’ici à 2030, il faudrait 50 000 à 160 000 places supplémentaires dans les EHPADs, ainsi que 33 000 places de plus dans les résidences seniors pour les personnes âgées autonomes. La création de structures d’accueil pour nos aînés est donc une urgence.
Or, à ce jour, trop rares sont les établissements qui acceptent les animaux de compagnie de leurs résidents. Cela pose un vrai problème, tant pour l’humain que pour l’animal : le chien ou le chat est souvent le dernier membre de la famille de la personne, son confident, son ami, son lien avec le vivant. La séparation forcée entre une personne âgée et son animal est un déchirement à double titre : pour l’humain, qui se voit contraint de se séparer d’un être cher (alors qu’il est déjà bouleversé par son changement d’environnement), et pour l’animal, qui peut vivre cet événement comme un abandon et un réel traumatisme.
L’association AVA (Agir pour la Vie Animale) a ainsi recueilli de nombreux animaux dont les propriétaires avaient dû se séparer au moment de leur départ en EHPAD. C’est le cas, par exemple, d’Eddy, un chat qui a été si traumatisé par cette séparation qu’il s’est laissé mourir, refusant de se nourrir pendant des jours ! Ce qui l’a sauvé ? La bienveillance d’une soigneuse du refuge, qui a réussi à lui faire prendre goût à la vie grâce à des crevettes grises, sont péché mignon… Il s’en est fallu de peu !
Certains animaux, comme Eddy, ne se remettent pas d’un tel drame. Pire encore : certains n’ont même pas droit à une deuxième chance… Faute de solution pour les accueillir, de trop nombreux chiens et chats sont euthanasiés lors du départ de leur propriétaire en maison de retraite, et ce, même lorsqu’ils sont en bonne santé. C’est une profonde injustice. La vieillesse de l’humain ne devrait pas être un motif de mise à mort d’un animal.
L’avenir de nos aînés se prépare. Le scandale Orpéa nous a montré les failles de notre système actuel. Pour relever le défi de demain, celui de pouvoir vieillir dignement, il est donc plus que temps de repenser la prise en charge des personnes âgées. Il est impératif d’imaginer un nouveau modèle d’accueil permettant aux humains de rester avec leurs animaux, de vieillir à leurs côtés, et de profiter de leurs bienfaits sur leur santé physique et psychique.
C’est ce que l’association AVA a fait : elle a créé un nouveau refuge familial, véritable modèle de cohabitation inter-espèce et intergénérationnelle. Son objectif : permettre aux humains et aux animaux de vivre et de vieillir ensemble, en harmonie. Dans cette « colocation » inédite, des humains de tous âges et des animaux de toutes espèces résident dans un équilibre propice au bien-être de chacun.
Ce modèle d’accueil est possible, et il faut le dupliquer pour permettre au plus grand nombre, à nos seniors d’aujourd’hui et de demain, de continuer à vivre entourés d’animaux.