Monsieur le Maire,
En 2016, vous répondiez dans ces termes à une militante de la cause animale vous interpellant sur la cruauté des cirques animaliers :
"J'ai toujours été très attentif à ces questions. A l'heure actuelle, nous procédons d'une manière simple : sitôt qu'une problématique de maltraitance des animaux nous est signalée, le service "hygiène et santé publique" de la ville contacte la SPA qui procède aux vérifications d'usage. C'est ainsi, par exemple, qu'un contrôle a été diligenté d'un forain de la Saint-Martin à l'automne dernier (il s'agissait d'un manège utilisant un poney). Je vais me pencher, avec mes collègues élus, sur la question de l'interdiction des cirques utilisant des animaux.
Très cordialement,
Jean-François Debat"
La DDPP n'était alors apparemment pas impliquée dans les contrôles pour soupçon de maltraitance.
Aujourd'hui, il semblerait que, malgré les signalements faits par des militants de la cause animale, les contrôles ne soient pas systématiques. Ils le devraient : nul n'ignore les conditions de vie pitoyables des animaux détenus dans les cirques :
transport, captivité dans des conditions climatiques devenues extrêmes, séjours dans des camions métalliques non aérés, dans des cages étroites, sur des places bitumées, bruyantes, polluées.
Les animaux exploités dans les cirques, au mépris de TOUTE prise en compte de leurs besoins, de leurs affects, de leur sensibilité, souvent drogués aux tranquillisants, font office de faire-valoir et présentent l'avantage d'être une main-d'œuvre captive à vie, non rémunérée, rendue docile par la force, voire la violence, main-d'œuvre non syndiquée qui n'ira jamais dénoncer les innombrables abus subis. Exemple de Jumbo l'hippopotame, des éléphantes Samba et Baby, etc.
Des associations comme One Voice, Free Life international, la Fondation Brigitte Bardot, Code Animal, dénoncent sans répit, mais en vain depuis des décennies, les conditions de vie (terme très inapproprié) des animaux incarcérés à vie dans les cirques, mais aussi la mort de nombre d'entre eux et des disparitions comme celle du lion blanc Elliot du cirque Amar.
Ces associations mettent tout en oeuvre pour sauver des animaux dans un état critique de leurs conditions de détention douloureuses. Voici des liens qui vous permettront de comprendre l'importance de leur travail :
Le lion Jon, "sauvé par One Voice en juin 2020, décédé en janvier 2022, accueilli au refuge Tonga, était maltraité. Il est arrivé dégriffé, avec des dents cariées, plus qu'un seul croc, un pelage abîmé et une queue lacérée. À son arrivée, il pesait 116 kilos, soit presque moitié moins que ce que doit peser un lion de son âge.”
https://one-voice.fr/fr/blog/sauvetage-de-jon-lion-martyr-dun-cirque-en-france.html
Fondation Brigitte Bardot
https://www.fondationbrigittebardot.fr/quatre-anciens-lions-de-cirque-transferes-dans-un-sanctuaire/
Free life
https://www.free-life.fr/tania-et-les-tigres-du-cirque-europe/
Ces aspects à eux seuls devraient révulser des élu.e.s PS et EELV censé.e.s prôner le respect, l'égalité, défendre l'intégrité, le consentement, la protection de la vie sauvage, et des animaux en général pour ce qui est (ou devrait être) des Verts.
Sans parler des trafics d'animaux relayés par les circassiens dont les caravanes franchissent aisément les frontières.
Exemple des tigreaux du cirque Muller :
https://www.youtube.com/watch?v=wu7kr2GmPno
Que l'exploitation inique autant que cruelle des animaux dans les cirques soit autorisée jusqu'en 2028, n'oblige aucunement les maires à accueillir ces derniers.
Le 1er avril 2023, alors qu'une membre du MAD Collectif vous interpellait à ce sujet, vous avez pourtant assumé votre intention de les recevoir dans notre ville jusqu'à la date butoir. Sans vouloir ouvrir les yeux sur la douleur des animaux captifs, contrairement à ce que laissait entendre votre courriel de 2016.
Qu'est-ce que le progrès ? Des personnes de couleur ou atteintes de handicaps étaient jadis exposées dans les foires, comme des animaux de cirque, avec grand succès. Etait-ce une raison pour ne pas s'offusquer et s'opposer à ces pratiques abjectes ?
Cheminer vers une société plus juste, plus égalitaire, ne peut s'entendre si celle-ci ne tient compte que de la seule humanité, dont nul n'ignore aujourd'hui les dérives destructrices envers le reste du Vivant.
Il s'avère primordial d'évoluer, afin d'impliquer les jeunes générations dans un lien indéfectible et empathique envers les animaux non humains, lesquels sont tout sauf des produits de consommation ou de loisir.
Un.e élu.e éclairé.e se doit de rejeter les archaïsmes ainsi que tout esclavage, toute exploitation induisant de la souffrance physique ou morale.
M. le Maire, nous vous espérons suffisamment clairvoyant pour saisir le lien indéniable entre violences faites aux animaux et violences perpétrées envers les humains en position de faiblesse. Là encore, nous retrouvons des valeurs qui devraient être celles de la gauche autant que celles des membres d'EELV vos alliés.
Votre expérience récente à la suite de l'installation illégale du cirque Willie Zavatta près du monastère de Brou illustre parfaitement la toute-puissance que s'autorisent les circassiens, peu contrôlés par les agents des DDPP, trop souvent impunis pour leurs infractions.
Dans vos griefs contre ce cirque, nous déplorons qu'à aucun moment vous n'ayez mentionné les conditions cruelles de détention des animaux, d'autant que la canicule faisait rage.
Hélas, parvenir à faire lever le camp au cirque Willie Zavatta déplace le problème sans le résoudre. Ces circassiens, qui ont posé un temps leurs pénates dans la zone Cadran, continuent depuis leur itinérance, imposant cette vie d'errance douloureuse aux animaux.
Combien de temps encore les circassiens vont-ils jouer au chat et à la souris avec les élu.e.s locaux, bafouant la loi en toute impunité ?
Sommes-nous dans un pays de droit ?...
Au Grau-du-Roi, le maire Robert Crauste a été contraint de céder :
"Le maire avait refusé cette installation au Grau-du-Roi dans un premier temps. Mais les circassiens, sûrs de leur bon droit, ont menacé de bloquer la route départementale 62 ainsi que le centre-ville. Ainsi, après trois jours de bras de fer, l’intervention de la préfecture du Gard a fait plier Robert Crauste qui a finalement autorisé l’implantation du cirque au forum de Port-Camargue. « J’ai refusé l’implantation du cirque à un moment très fréquenté, mais la préfecture est intervenue car elle ne pouvait engager qu’une trentaine de gendarmes afin de gérer un blocage éventuel par les circassiens de toute la départementale 62 et du centre-ville. Le cirque doit rester jusqu’au 31 juillet, j’espère qu'ils tiendront leur promesse », lance le maire du Grau-du-Roi. "
Les membres du MAD Collectif, comme de très nombreux militants de la cause animale, rappellent qu'ils ont fait les frais, dans la plus grande indifférence de votre part, de violences graves de la part des membres du cirque Bouglione en 2018, alors qu'ils s'installaient pour distribuer des tracts lors d'une action déclarée à la préfecture visant à sensibiliser la population à la souffrance des animaux exploités dans les cirques.
Voici une récente vidéo de menaces de mort, injures et coups essuyés par des militants lors d'une action de sensibilisation dûment déclarée :
https://www.facebook.com/onevoiceanimal/videos/1274792256347036
Lorsque la haine, les injures, les menaces de mort et l'atteinte aux personnes sont les seules réponses des circassiens au militantisme pacifique, il est aisé d'imaginer ce que subissent les animaux lors des dressages comme dans leur quotidien.
NB : les animaux non humains non seulement n'ont aucune envie de nous imiter en réalisant de pseudo-exploits pour mériter notre admiration ou nous faire frissonner d'effroi, mais ils ne sont pas des artistes et n'éprouvent aucun plaisir à se donner en spectacle. Toute cette mise en scène est le résultat au mieux de brimades, au pire de sévices, au prix d'une vie de séquestration et de misère.
Face à tous ces arguments et à la lumière de votre récente expérience, nous osons croire, Monsieur le Maire, que les cirques qui exploitent les animaux seront enfin bannis de notre ville.
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