Dans un village de Seine-Maritime, niché entre bocage et marais, un ancien presbytère abrite une activité peu commune : celle d'un hôpital pour animaux sauvages. Ici, à Allouville-Bellefosse, le CHENE (Centre d'Hébergement et d'Étude sur la Nature et l'Environnement) soigne, accueille, observe et défend la faune normande depuis plus de quarante ans.
Fondée en 1980, CHENE est aujourd'hui un acteur majeur de la conservation animale dans le nord-ouest de la France, alliant soins vétérinaires spécialisés, missions pédagogiques ambitieuses, et veille écologique de terrain.
De la détresse à la liberté retrouvée
Depuis sa fondation, il a accueilli des dizaines de milliers d'animaux en détresse, rapaces blessés, phoques échoués, petits mammifères orphelins, oiseaux mazoutés ou percutés.
Chaque année, plus de 2 500 animaux sauvages sont pris en charge dans ses installations, avec des soins adaptés à leur espèce, leur âge et leur état de santé. Le centre dispose d'équipements spécialisés (volières, piscines de réhabilitation, nurseries, salle de soins vétérinaires) permettant une prise en charge individualisée et orientée vers le relâcher en milieu naturel.
Certaines espèces, comme le phoque veau-marin, font l'objet d'un suivi particulier : CHENE est l'un des rares centres français à maîtriser les protocoles de soins pour les mammifères marins. Ce savoir-faire a forgé sa réputation à l'échelle nationale.
Un lieu de transmission et de sensibilisation ouvert à tous
Ce qui distingue CHENE d'autres centres de soins plus confidentiels, c'est sa volonté forte de s'ouvrir au public. Sur place, les quelque 2 700 visiteurs annuels ont accès à un espace dédié à la découverte de la nature, avec des expositions variées, des animations interactives et des ateliers pédagogiques pour mieux comprendre la faune et son environnement.
Des milliers de scolaires sont accueillis chaque année pour découvrir les liens entre les activités humaines et les déséquilibres écologiques. Le but n'est pas seulement d'informer mais de former les citoyens de demain à mieux comprendre et protéger la faune qui les entoure. L'association intervient aussi dans les établissements, propose des ressources pédagogiques aux enseignants, et multiplie les actions de terrain. Son approche repose sur une idée simple : la protection animale commence par la connaissance.
Dans chaque décision, CHENE défend une éthique claire : ne pas anthropomorphiser les animaux sauvages (attribuer des sentiments ou comportements humains à un animal), ne pas faire de leur détresse un objet de spectacle et toujours privilégier leur autonomie.
À l'heure où les crises environnementales s'intensifient, les associations comme CHENE jouent un rôle crucial : elles réparent, éduquent et rappellent que chaque vie sauvage compte.
