Annoncé comme un tournant pour la protection des océans, le Sommet des Nations unies sur l'océan, qui s'est tenu à Nice jusqu'au 13 juin, a peiné à masquer un véritable décalage entre les déclarations officielles et les mesures concrètes. Si Emmanuel Macron s'est félicité d'avoir proposé le Traité sur la haute mer adopté par l'ONU en 2023 (et encore en attente de ratification par 30 États), les ONG dénoncent un sommet de façade, aux effets limités.
Alors que les océans suffoquent sous les effets conjugués du dérèglement climatique, de la pollution plastique et de la pêche industrielle, les engagements pris restent largement non contraignants. Pire : la « protection forte » vantée par le gouvernement français pour certaines zones marines n'interdit même pas les techniques de pêche destructrices comme le chalutage de fond la méthode la plus dévastatrice pour les fonds marins. Selon Claire Nouvian, fondatrice de l'association BLOOM, certaines de ces zones annoncées comme nouvelles aires marines protégées sont en réalité déjà protégées depuis des années… Un simple rebranding sans avancée réelle, une "escroquerie environnementale" dénonce t-elle publiquement.
C'est incroyable, mais vrai... Depuis ces révélations, les journalistes se sont empressés de demander au gouvernement la carte des véritables "nouvelles" zones protégées. Or cette carte n'a jamais été produite. Tout simplement parce qu'il s'agit de la carte de la honte selon la fondatrice de BLOOM.
Le chercheur Raphaël Seguin a donc produit lui-même cette carte :
©AssociationBLOOM
Voici donc la preuve d'un gouvernement qui a choisi son camp et fait le choix de protéger les interêts de la pêche industrielle au détriment de la préservation des milieux marins et de la faune.
Les chiffres sont pourtant alarmants : au cours du dernier siècle, la masse totale des poissons prédateurs, ces espèces emblématiques et essentielles à l'équilibre marin, a chuté de deux tiers. Ces prédateurs, souvent chassés sans limite, jouent pourtant un rôle indispensable dans la santé des écosystèmes marins. Leur déclin annonce une catastrophe écologique et animale.
À cela s'ajoute la pollution plastique : environ 24 400 milliards de particules de microplastiques flottent aujourd'hui à la surface des mers, résultat des millions de tonnes de déchets rejetés chaque année. Ces particules toxiques sont ingérées par des centaines d'espèces marines, causant blessures, maladies et morts prématurées. Pourtant, malgré l'ampleur de ces menaces, les engagements du sommet restent en grande partie non contraignants.
L'absence de mesures strictes contre la pêche industrielle ou l'exploitation minière des grands fonds a illustré, une fois de plus, la priorité donnée aux intérêts économiques. Pour nombre d'acteurs engagés, le sommet de Nice, censé faire des vagues, a surtout laissé un goût amer d'océan de promesses creuses.