En Indonésie, la consommation de viande de chien et de chat reste encore ancrée dans certaines communautés. Mais à Jakarta, les choses commencent enfin à bouger. La capitale vient d'interdire la vente et la consommation de ces viandes, une décision qui marque un tournant important dans un pays où cette pratique est encore tolérée dans plusieurs régions.

Cette interdiction, qui entrera pleinement en vigueur après une période de transition de six mois, fait écho à une opinion publique en pleine évolution. Selon une enquête menée récemment, une immense majorité d'Indonésiens souhaitent la fin de ce commerce. Et pour cause : chaque mois, près de dix mille chiens errants étaient encore acheminés vers Jakarta pour y être abattus, souvent en provenance de zones où la rage circule toujours. Les habitudes évoluent également, dans les villes ayant déjà mis en place des interdictions locales, les restaurants proposant ce type de plats se sont raréfiés, les filières se dissimulent et la demande baisse progressivement.

Mais évidemment, le changement ne fait pas l'unanimité. Dans certains groupes minoritaires, la viande de chien reste vue comme un plat traditionnel, parfois même entouré de croyances sur de prétendus bienfaits pour la santé. Pour ces citoyens, cette interdiction bouscule des habitudes très anciennes. Certains habitants affirment que “c'est une tradition qu'on ne peut pas effacer du jour au lendemain”, et redoutent que la prohibition ne pousse simplement le commerce à se cacher davantage.

Jakarta n'est donc pas encore le symbole d'une victoire nationale mais c'est une étape solide et très prometteuse. L'Indonésie compte plusieurs provinces totalement exemptes de rage depuis vingt ans, et la capitale rejoint désormais celles qui affirment clairement que les chiens et les chats n'ont rien à faire dans les assiettes.

Pour les associations locales et internationales engagées depuis des années, cette décision ouvre la voie à un possible changement à plus grande échelle. Il faudra du temps, de la sensibilisation et un courage politique. Mais ce premier pas, dans la plus grande ville du pays, démontre même là où la “tradition” est la plus ancrée, la protection animale peut gagner du terrain.