Il y a encore quelques décennies, la cigogne blanche semblait vouée à disparaître de nos paysages. Dans les années 1970, il ne restait qu'une poignée de couples nicheurs en France, principalement en Alsace et très rarement ailleurs. L'espèce, frappée de plein fouet par la disparition des zones humides et par les tirs de chasse, paraissait condamnée.
Et pourtant, la nature a parfois des sursauts d'espoir. Grâce aux protections mises en place comme l'interdiction de la chasse, la restauration des marais, et les actions de sensibilisation, la cigogne a lentement regagné du terrain. Aujourd'hui, elle signe un retour dans un lieu emblématique : la baie du Mont-Saint-Michel.
Trois couples y ont été recensés cette année dans le Sud-Manche, avec plusieurs jeunes à l'envol. Des nids ont été repérés dans des villages voisins, à Vains, Aucey-la-Plaine et au Val-Saint-Père. Voir ces grands échassiers planer au-dessus des prés salés et des marais arrière-littoraux, c'est assister à une véritable renaissance.
Ce retour n'est pas le fruit du hasard : la baie, classée zone Natura 2000 et reconnue par la convention Ramsar, offre une mosaïque d'habitats riches et préservés. Entre vasières, prairies humides et marais, la cigogne trouve ici de la nourriture en abondance : insectes, vers, escargots, petits rongeurs et des espaces propices à la nidification.
Autre signe encourageant : certaines cigognes choisissent désormais de rester en Normandie l'hiver, au lieu de migrer vers l'Afrique. Un comportement qui traduit l'adaptation progressive de l'espèce, même si le réchauffement climatique n'y est sans doute pas étranger.
Le retour de la cigogne blanche dans le ciel du Mont-Saint-Michel nous rappelle que la vie sauvage peut renaître quand on lui en donne la chance. C'est une victoire fragile mais précieuse : protéger les zones humides reste indispensable pour que cette recolonisation ne soit pas qu'une parenthèse.
En attendant, voir une cigogne blanche s'élever au-dessus du plus célèbre monument normand est un spectacle porteur d'espoir : preuve qu'avec un peu de volonté et de protection, les espèces menacées peuvent retrouver leur place parmi nous !
